OTAGE : (bl. obsidiaticum), sm. Personne qu'une puissance remet entre les mains de ses ennemis, de ses alliés, comme garantie de l'exécution d'un traité, d'une promesse: Exiger des otages. ll Personne que l'on arrête, en temps de révolution, et que l'on détient pour obtenir ce que l'on exige ou pour imposer sa volonté. ll Place que l'on abandonne momentanément à l'ennemi en garantie d'un traité de paix, d'un armistice: Donner des villes en otage.
Dictionnaire français illustré des mots et des choses, par MM. Larive et Fleury, 1889.
Les prises d'otages sont un phénomènes anciens: les premières remontent à la Grèce Antique. Au 20ème siècle, la notion de prise d'otage a évolué en devenant une monnaie pour obtenir satisfaction sur des revendications, qu'elles soient politiques ou encore pour de l'argent.
Voici quelques prises d'otages passées dans la "postérité":
- les otages israëliens des Jeux Olympiques de Munich (1972)
- les otages de l'ambassade américaine de Téhéran (1979-1981)
- les passages du vol Air France Alger-Paris (1994)
- les otages du théâtre de Moscou (2002)
- les écoliers de Beslan en Russie (2004)
- les otages de l'HyperCasher de Paris (2015)
Parfois, ces prises d'otages peuvent se terminer par la mort de ces derniers. Depuis une vingtaine d'années toutefois, une défintion politique a fini par s'imposer, de manière malsaine. Ainsi, des clients d'entreprises, des usagers de services publics affirment être "pris en otage"...parce qu'ils sont victimes des conséquences d'une grève, d'un blocus. Mais les mots ont un sens: risque-t-on de mourir parce qu'il n'y aura pas de trains, de bus, ou de carburant à la pompe? Et pourquoi ne pas parler carrément de terrorisme dans ce cas, quitte à tout mélanger?! Cependant, l'usage de ces éléments de langage dans le monde politique est encore plus dangereux, visant ainsi à vampiriser l'action syndicale, que cela vienne de la majorité parlementaire, mais aussi de son opposition. Parce que non non et non, un syndicaliste avec un drapeau et un sifflet n'a rien à voir avec un mec, armé jusqu'aux dents, prêt à faire couler le sang!
Alors un peu de pudeur!
Complément du vendredi 27 mai 13h: un article de slate.fr qui évoque les amalgames dans le champ lexical entre "preneur d'otages", "terroriste", "criminel", "radicalisation" et autres propos dangereux...