Au bal des pleureuses et des râleurs, la droite départementale figure en tête d'affiche. Je vous explique: l'automne est la saison des impôts. Et parmi ceux-là, se trouve la taxe foncière sur laquelle je vous l'apprends peut-être, la majorité départementale, donc la droite, a décidé, pour cette année 2016 d'augmenter sa part du gâteau de 18,5%. Avec comme justification: "il faut faire face aux diminutions des dotations de l'Etat", soit 7 millions d'euros en 2016.
Dans le même temps, le budget 2015 s'est soldé sur un excédent net global de 13,5 millions d'euros.
Mais, dans une logique kafkaïenne, ces mêmes personnes qui ont effectué ce choix budgétaire ont pour la plupart soutenu le programme budgétaire du programme de Nicolas Sarkozy en 2012
Toujours dans la logique du plus grand auteur tchèque du XXème siècle, ces mêmes personnes qui ont effectuer ce choix budgétaire ont pour la plupart soutenu le programme politique (et donc budgétaire) du programme de Nicolas Sarkozy en 2012. Une diminution des dotations par la droite aurait donc était forcément plus agréable que sous la gauche? Les mêmes élu(e)s sont favorables à l'équilibre des finances publiques, mais au moment de faire l'effort nécessaire, tout de suite c'est le tube habituel: "Non mais vous comprenez, c'est compliqué...".
Le syndrome "not in my garden" a frappé la Vienne à son tour...
D'ailleurs, il est amusant de constater que beaucoup de ces élu(e)s départementaux vont soutenir Alain Juppé, qui pour se dégager des marges de manoeuvres, ne voit pas d'un mauvais oeil le fait de puiser dans les caisses des collectivités locales pour repasser sous le seuil des 3% pour le déficit public. Voici ce qu'il déclarait il y a un an.
Je ne suis pas contre toute baisse car la gestion locale n’est pas irréprochable. Le mouvement de l’intercommunalité a abouti à une inflation des effectifs. Les régions, pour l’essentiel à majorité socialiste, s’en sont donné à cœur joie dans les recrutements… Il faut donc faire des économies, tout le monde est d’accord. Ce que je conteste, c’est la brutalité de ces baisses. Citez-moi un autre exemple d’économie budgétaire de 11 milliards en trois ans ? On nous a refusé un étalement sur cinq ans. Et en même temps, on nous colle sans cesse des dépenses supplémentaires. Il n’y a pas que les rythmes scolaires… Maintenant, l’Etat m’envoie la note quand il y a eu une manifestation sur la voie publique. Jusqu’à présent, j’ai refusé de payer. C’est à l’Etat, que je sache, d’assurer l’ordre public !"
(La Gazette des Communes, 2 Novembre 2015).
Donc si je résume, nous avons des gens de droite qui en 2012 soutenait un candidat favorable à 2 milliards de baisse par an pendant cinq ans des dotations de l'Etat, qui au début du quinquennat Hollande se sont emportés contre le "ras-le-bol fiscal", ont notamment pu gagner des élections grâce à cet argument, qui montent sur leurs grands chevaux pour rappeler qu'en France les prélèvements obligatoires sont trop élevés, et qui s'offusquent quand l'Etat met en application ce que eux-mêmes soutenaient quelques années auparavant.
D'ailleurs, j'ajoute qu'en faisant un peu de fiction, cette hausse massive est un joli coup politique: dans l'hypothèse, très probable que la droite revienne aux affaires d'ici six mois, la majo départementale s'est engagée à ne pas relever son taux d'imposition sur la taxe foncière pour le budget 2017, permettant ensuite de claironner que tout était de la faute des socialistes, et que désormais, cela ne se répètera plus.
J'ajoute enfin que les impôts, c'est toujours plus facile de les augmenter en début de mandat, plus qu'à proximité des élections. Mais cela, rassurez-vous, ils ne sont pas les seuls à le faire (bien qu'à Poitiers, le taux communal, certes plus élevé, des taxes foncières et d'habitation, n'a pas augmenté depuis 2010).