Tout va bien: l'Etat-major de l'armée est réorganisé après moins de 10 jours de combats!
Avec Weygand et Pétain, la France ressort la vieille et poussièreuse artillerie de 1914!
La demie Une supérieure de Centre et Ouest, Lundi 20 Mai 1940.
Tout d'abord, quelques explications à ce petit bond dans le temps: méditant tranquillement à l'abri d'un nuage dimanche soir, j'ai eu une fulgurance spirituelle: Mai 1940- Mai 2010, 70 ans après la débâcle, cela valait le coup de se pencher sur le regard de la presse locale sur les combats et l'effondrement de la République.
Aux Archives Départementales, deux journaux locaux d'avant-guerre: l'Avenir de la Vienne, qui pour cette période est hélas inconsultable car en trop mauvais état, et en face, Centre et Ouest, un quotidien régional paraissant tous les jours, fériés comme dimanche, s'appelant jusqu'en avril 1939 Le Journal de l'Ouest et du Centre.
Ce journal était dans les mains de Marc Texier, un gros bonnet de la vie poitevine me semble-t-il, qui comptait aussi une imprimerie. Le journal, au fil de mes lectures, me semble être orienté vers le centre-droit, voire la droite, mais républicaine.
Voilà pour ce qui est du support. Sur le front, rien ne va plus, mais tout va bien officiellement: les armées alliées reculent parfaitement et stratégiquement. Le général Gamelin qui avait la direction des armées fut rapidement jugé trop mou, bien qu'il ait tenté de galvanisé les foules et ses troupes, avec une formule choc, qui sur un malentendu aurait pu abimer le casque vert-de-gris d'un nazi rôdant dans les terres de Flandres: "Courage, Energie, Confiance!". Ce fut un tel succès qu'après 9 jours de guerre, la République le remercia sans lui dire vraiment merci. On alla donc chercher Maxime Weygand, qui comme fait de guerre en 14-18, participa avec les Allemands aux négociations en vue de l'armistice: il est monté aux plus hauts grades sans diriger le front. Jusqu'en mai 1940, il dirige le théâtre des opérations en Méditerranée orientale, depuis le protectorat de Syrie. Mais face aux non-succès qui s'enchainent (officiellement, on ne perd pas de terrain en temps de guerre, on recule ou on se replie stra-té-gi-que-ment), on décide dans les milieux autorisés comme on dit alors, d'aller chercher en Syrie ce vieux Weygand (né en janvier 1867, qui n'a que 73 ans...) pour prendre en main les manoeuvres et redonner un peu d'espoir à tout le monde, ce que les journaux ne manqueront pas de faire, affirmant à qui veut et peut le lire, qu'après la terrible erreur militaire et morale d'Hitler d'avoir envahi la Belgique (je n'invente rien), l'arrivée de Weygand sur le terrain d'affrontements signifie le chant du crépuscule pour le Reich. Evidemment, ces propos étaient permis quand la censure ne "squizzait" pas des bouts d'articles, une autre chose sur laquelle je reviendrai.
Quant à Pétain, il a intégré dans le même temps (le 18 mai), le gouvernement de Paul Reynaud: en provenance d'Espagne franquiste (il était ambassadeur à Madrid), il devient ministre d'Etat et vice-président du Conseil.
Du coup, en guise de conclusion, je me permets de vous faire part d'un extrait de l'édito de A. Lamy du Centre et Ouest du 21 Mai 1940:
"Soyons sûr que sous l'impulsion de ce chef de génie (Weygand), nous ne tarderons pas à voir les opérations changer en face.
Pétain, Weygand, ces noms prestigieux satisfont la raison et font bondir les coeurs. On regrette seulement qu'il ait fallu tant de temps et d'épreuves pour que l'on se soit enfin souvenu de ces deux grand victorieux.
[...]
Décidément, il y a quelque chose qui change en France. Il était temps...grand temps! C'est le moment d'avoir plus confiance que jamais dans les destinées de la Patrie ."
Concernant le théâtre des opérations de la bataille, je vous recommande ce blog, d'une qualité particulière: "La 2nde Guerre Mondiale au jour le jour".