Lecteurs, lectrices, amis, amies, la dernière fois que nous nous sommes adressés à vous pour vous demander de l'aide, c'était en novembre 2011 au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo. On était à poil sur le trottoir, les pieds dans la cendre en train de trier nos affaires dans une odeur de brûlé qui nous suit encore. Ce qui n'a pas fondu ou ce qui n'est pas parti en cendres ce jour-là, nous continuons de travailler avec. Nous sommes des gens économes. Vos dons nous ont permis dans l'urgence de nous reloger. On y pense encore avec émotion.
On a beau être économes, bricoleurs et débrouillards, il est devenu difficile pour nous de résister à ce qu'on appelle depuis trop longtemps la "crise de la presse", qui engloutit peu à peu les titres imprimés sur du bon vieux papier. Une crise qui a été provoquée ou en tout cas aggravée par la presse elle-même.
Les éditeurs et les distributeurs ont été incapables de s'entendre pour sauver un système de diffusion qui coûte de plus en plus cher sans être plus efficace. Oui, je sais que toi, Yvon de Lanildut (Finistère), tu ne peux plus trouver ton journal préféré au café du bourg, il te faut prendre la bagnole pour aller à Porspoder ou à Ploudalmézeau. Les marchands de journaux font un boulot de chien payé avec un lance-pierre.
Des éditeurs de presse qui se financent avec la pub ont trouvé malin de mettre gratuitement le contenu de leur publication sur le Net. La pub devait payer le journal. La pub sur le Net paie que dalle ou pas assez, du coup les éditions numériques deviennent toutes peu à peu payantes. Les lecteurs, à qui on a fait croire que l'information pouvait être gratuite, rechignent à débourser quelques centimes pour lire ce qu'ils ont pris l'habitude de lire gratuitement. Entre-temps, les marchands de journaux, concurrencés déloyalement par les éditions numériques gratuites, ont mis la clé sous la porte...
Moins on vend de journaux, plus ils coûtent cher à fabriquer et à distribuer, alors on augmente leur prix...
L'autre crise, la bonne vieille crise économique, qui rince tous les foyers, s'ajoute à la crise de la presse. Je sais qu'Annie, de Montélimar (Drôme), a dû renoncer à acheter la presse régulièrement depuis qu'elle est à la retraite. C'est soit Charlie, soit un repas. On en est là.
Aidez-nous. Les ventes ne couvrent plus le coût de fabrication du journal, sa viabilité est menacée.
Il n'est pas question pour nous d'augmenter le prix de vente de Charlie, et pourtant il faut qu'on trouve rapidement les moyens de continuer à exister sans dépendre d'actionnaires extérieurs ou de l'attaque de banques.
Charlie Hebdo doit rester cette splendide verrue sur le nez mou du consensus médiatique ! Que deviendrait la meute des curés de la bien-pensance, qui nous traitent alternativement de pédés, d'homophobes, de Juifs, d'Arabes, d'islamophobes, de christianophobes, de laïcards, de féministes, de misogynes, de bougnoules, de racistes, de gauchistes, de socialistes, de végétariens, de mangeurs de cadavres, d'anarchistes, de staliniens, de punks à chien, de centristes à chat (consultez les réseaux sociaux pour avoir la liste complète) ?
Aujourd'hui, vous pouvez soutenir la résistance aux deux premières religions du monde : l'Intolérance et la Bêtise. Rejoignez le djihad pacifique contre la connerie !
C'est possible en faisant un don à Charlie Hebdo. Un don défiscalisé à hauteur de 66% pour les particuliers et de 60% pour les entreprises.
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Vous pouvez donc nous faire un don en ligne (sur le site sécurisé de la Caisse des Dépôts et Consignations), ou nous envoyer un chèque, à l'aide du formulaire ci-desous.
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Association "Presse et pluralisme"
TSA 32649
91764 Palaiseau
Pris sur le site de Charlie Hebdo.
Je fus un lecteur inconditionnel de Charlie Hebdo il y a dix ans de cela. Chaque mercredi, c'était mon plaisir matinal que d'aller chez mon buraliste dépenser mes 2€00 pour avoir mon Charlie. Et puis la couleur est arrivée, Charlie ne résistant pas à la force de la modernisation. J'ai diversifié mes lectures, et le temps m'a manqué. Mais chaque semaine, je sais que la Une de Charlie me fait rire, bien que ne l'achetant qu'à de rares occasions (cela dit, je consomme très peu de presse papier, je ne suis pas vraiment le citoyen-consommateur idéal pour les marchands de journaux, bien que j'achète uniquement chez eux, et non pas en supermarché, la presse papier).
Aujourd'hui, Charlie a 22 ans, et il ne va pas bien.
Parce qu'il est insolent et qu'il s'en prend à tout le monde sans discrimination, parce qu'il sait être méchant, parce qu'il est drôle, parce que parfois il est chiant, parce que ça peut lui arriver de choquer, mais surtout parce que sans actionnaires externes c'est l'un des rares espaces de liberté intégrale dans la presse papier, Charlie doit vivre sans perdre son identité, sans devoir ouvrir ses colonnes à la publicité. Et surtout parce que sans Charlie, il y aura quelqu'un d'irremplaçable qui sera absent, tant de nos kiosques, que de nous autres, amoureux de la liberté d'expression.
Aidons Charlie Hebdo!
Deux petits liens: un article de Les Inrocks, l'un des trop rares journaux à partager la détresse de Charlie Hedbo; un billet d'un élu lyonnais, véritable plaidoyer pour Charlie Hebdo.