L’avenir de l’Ecosse tient en 670 pages, celles du livre blanc sur l’indépendance que dévoile ce 26 novembre 2013 le Premier ministre, Alex Salmond. Les Ecossais ont dix mois pour se faire leur opinion avant le référendum du18 septembre 2014 qui déterminera si l’Ecosse se séparera de l’Angleterre, une union qui remonte à 1707, ou restera dans le Royaume-Uni.
Fervent défenseur de l’indépendance, le vice-Premier ministre Nicola Sturgeon, a présenté le livre blanc comme étant « le document le plus détaillé jamais publié en faveur de l’indépendance d’un pays ». Sous forme de questions-réponses, le pavé de 670 pages est intitulé Le futur de l’Ecosse : votre guide pour une Ecosse indépendante. L’ouvrage dessine les grandes lignes de ce que devrait être une Ecosse indépendante telle que la défend le Parti national écossais (SNP).
Qui paiera quoi ?
Une des questions déterminantes pour l’avenir de l’Ecosse concerne la production d’hydrocarbures au Royaume-Uni dont 90% sont extraits des eaux territoriales écossaises. Une ressource qui pèse pour 1,6% des recettes fiscales de Londres mais qui représenterait 15% de celles d’une Ecosse indépendante. De quoi étayer le slogan d’Alex Salmond qui promet une Ecosse « plus juste et plus prospère ». A la condition cependant que Londres cède sans contrepartie ses puits, ce qui est loin d’être acquis.
Le livre blanc affirme aussi que l’Ecosse indépendante gardera la reine comme chef d'Etat et la livre sterling comme monnaie. Elle restera membre des organisations internationales comme l’ONU, l'Otan et l’Union européenne mais sans rejoindre la zone euro. Les opposants au projet que sont les conservateurs, les travaillistes et les libéraux démocrates soutiennent au contraire que cette option indépendantiste affecterait l’économie écossaise et l’affaiblirait sur la scène internationale.
La conviction des unionistes a d’ailleurs été renforcée par deux rapports publiés par deux institutions financières. La première souligne qu’une Ecosse indépendante devrait augmenter les impôts et diminuer les dépenses alors que l’autre s’inquiète du système des retraites qui deviendrait alors transfrontalier. Autre point crucial à régler, la dette ou plutôt son partage avec le Royaume-Uni qui promet des discussions serrées dont rien ne dit qu’elles seront à l’avantage des Ecossais s’ils optent pour l’indépendance.
Dix mois pour convaincre
Rien n’est moins sûr pourtant si on se fie à une enquête publiée par le Sunday Times de cette semaine qui relève que les adversaires de l’indépendance sont 47% alors que ceux qui y sont favorables ont 9 points de retard avec 38% : un écart qui peut se creuser ou se combler avec les 15% d’indécis restant. Le gouvernement écossais a beau jouir d’une popularité enviable, son chef a beau faire de l’indépendance la cause de sa vie, les cinq millions d’Ecossais ne sont pas pour autant prêts à se jeter dans l’aventure sans garanties solides de ne pas y laisser des plumes.
Alex Salmond a dix mois pour convaincre les hésitants et les unionistes. Il répète à qui veut l’entendre que l’Ecosse dispose d’« un grand potentiel en tant que pays » avec ses « universités de renommée mondiale », son « formidable héritage culturel » et ses « immenses richesses naturelles ». Le Premier ministre assure aussi que l’argent des contribuables ne sera pas investi dans le nucléaire, et qu’en tant que pays indépendant disposant de sa propre défense, les missiles britanniques stationnés sur le sol écossais devront être déplacés.
Si les arguments développés par Alex Salmond et le SNP font mouche le 18 septembre 2014, et que les électeurs écossais votent majoritairement pour le « oui », l’indépendance sera effective le 24 mars 2016. Actuellement, l’Ecosse dispose d’une autonomie accrue au sein du Royaume-Uni. Un statut acquis lors du référendum de 1997 qui attribue à son Parlement des compétences en matière d’éducation, de santé, d’environnement et de justice.