Poitiers, rue Magenta, Jeudi 21 Juin 2012.
On le sait, à Poitiers, la Fête de la Musique, rituel culturel depuis 1982, correspond à la date qui marque le début des vacances, ce jour où Poitiers débute en douceur son entrée dans le calme estival. La ville va peu à peu se vider de ses étudiant(e)s, puis se vider tout court.
Le 21 Juin donc, débarque de partout des gens que l'on a pas l'habitude de voir le reste de l'année (même mes samedi ou encore même les dimanches aux commerces ouverts en ville). D'où cette question: "mais où sont-ils les autres jours de l'année?".
Les rues étroites de Poitiers se trouvent vite bondées. Soit à cause des masses circulant vers une destination inconnue, soit à cause, mais là c'est une bonne raison, des groupes de musique installés ici et là dans notre belle cité. Et là, dans cette population, il rôde: Jean-Michel is in da place!
Comment le reconnaître? C'est très simple. Ne le cherchez pas, il saura vous trouver. Vous cotoyer.
Le Jean-Michel du 21 Juin est grand et se trouve...juste devant vous. Bien que la fête de la Musique consiste à écouter de la musique, à faire un usage intensif de l'ouïe, on veut voir, c'est plus fort que nous. Mais Jean-Michel est devant vous, et ne veut rien entendre (excusez cette malheureuse formule). Vous en avez marre de ne rien voir. Vous râlez, et les gens d'un regard assassin se retourne vers vous: bienvenue dans la peau de Jean-Michel Faitchier! Agacé, vous changez de place. Faites trois fois le tour du concert. Enfin, un place se libère. Comme un désir de vengeance, vous cherchez votre Jean-Michel de base pour le narguer. Trop tard, il quitte le lieu. Le concert vient de s'achever...Intérieurement, vous vous en prenez aux gens qui viennent trop nombreux, et qui vous empêche de profiter des spectacles.
Votre soirée se poursuit. Un groupe de lycéens, comme tout les ans, joue un morceau rock. Manque de pot, il y a un pogo et vous le cotoyez: la communauté des Jean-Michel vous donne des secousses et vous gâche votre morceau de musique. Vous filez à la française, c'est-à-dire en râlant intérieurement, en pensant que les jeunes ne sont que des sauvages de nos jours, et qu'avant ça se passait différement...
Place d'Armes, le grand concert sur la grande scène. Il y a beaucoup, mais vous n'avez vraiment pas de bol ce soir: tel un ange-gardien, votre Jean-Michel Faitchier vous suit, fidèle comme une ombre. Profitant de son concert à sa manière, il beugle un simulacre de paroles, qui ne sont même pas les bonnes. Malgré les enceintes, vous n'entendez plus que lui, derrière, sur le porte-bagage, qui continue de brailler (précisons que le Jean-Michel peut aussi être une nana, qui va monter dans les aigus et faire naître en vous, en plus d'un terrible sentiment de haine, un début de migraine).
La soirée se poursuit. Petite faim et petite soif: vous allez à un camion de kébab qui de manière opportune s'arrête à Poitiers que le 21 Juin. Vous patientez pendant trois plombes car Jean-Michel, manque de pot est devant vous, et il met une éternité à choisir...un kébab sauce blanche, tandis que les odeurs de bouffe augmentent terriblement votre faim.
Après vous être restauré, avec votre bière à la main (oui c'est la seule occasion de l'année de boire de l'alcool sur la voie publique à Poitiers...) vous allez voir la Batucada place du Marché. Il y a beaucoup de monde. Ca s'agite. Et Jean-Michel, à côté de vous, oubliant qu'il n'est pas seul au monde agite ses bras...et vous fait renverser votre bière sur vous. Ulcéré, en plus de traîner votre odeur de houblon, vous quittez les lieux.
Il est 23h30. Votre soirée est finie. "L'an prochain, je regarderai Nagui sur la 2 si c'est comme ça"!. Mais vous reviendrez. Et Jean-Michel Faitchier aussi.