En Pro A comme en Pro B, PPP soutient eul' PB86!
Les plus riches de plus en plus riches
La concentration de richesses s'accélère au détriment de la croissance.
Si Bill Gates décidait chaque matin de dépenser un million de dollars, il mettrait plus de deux siècles pour liquider ses 79 milliards de dollars...Les plus riches creusent le fossé qui les sépare du reste du monde. Sur la planète, 1% des habitants possèdent 48% de la richesse mondiale, relève un rapport d'Oxfam intitulé Insatiable richesse.
Le phénomène s'accélère: les 80 premiers milliardaires possédaient l'an dernier un patrimoine équivalent à celui de la moitié de la population humaine, soit les 3,5 milliards de personnes en bas de l'échelle. Il y a deux ans, il fallait 159 milliardaires pour arriver à ce résultat, et 388 milliardaires il y a cinq ans.
Pour rééquilibrer la balance, l'ONG propose une réforme fiscale, avec la création d'un impôt sur les grosses fortunes. Selon ses calculs, une taxation à 1,5% de tous les milliardaires de la planète permettrait de dégager 58 milliards d'euros.
UN ACCROISSEMENT MONDIAL DES INEGALITES
Taxer les très riches n'a rien de révolutionnaire. Les Américains l'ont fait après la crise de 1929.
Quand Roosevelt est élu, l'impôt sur le revenu des plus riches est de 25%. Il le porte à 91% entre 1941 et 1964. Jusqu'à l'élection de Reagan, la taux marginal d'imposition n'est jamais repassé sous les 70%.
Dans son dernier discours sur l'état de l'Union - où 5% des plus riches Américains détiennent 85 de la richesse nationale - Barack Obama a critiqué un système fiscal qui permet aux 400 contribuables les plus aisés d'être imposés à un taux plus faible (17%) que la moyenne des ménages américains. Le salaire minimum, lui, est bloqué à son niveau de 1964:7,25 dollars de l'heure.
Les chiffres d'Oxfam ont été contestés, mais le constat de l'ONG n'est pas remis en question. L'Insee a révélé qu'entre 2008 et 2011 les 10% des ménages français les plus pauvres avaient perdu 151 millions d'euros quand les 10% des Français les plus riches ont gagné 18,4 milliards d'euros.
Dans une étude, l'OCDE a démontré que l'accroissement des inégalités pesait sur la croissance. Entre 1990 et 2010, le Mexique et la Nouvelle-Zélande ont ainsi perdu dix points de croissance quand le Royaume-Uni, la Finlande et la Norvège perdaient neuf points.
Pour se situer sur l'échelle de la richesse mondiale, il suffit d'entrer son salaire annuel et son lieu de travail sur le site GlobalRichList.com, développé par l'association Care. Un Français qui gagne 2000 euros par mois figure parmi les 1,61% les plus riches de la planète.
MP
La Revue XXI, Printemps 2015.
Symbole de la lutte contre la délocalisation, une partie des ouvriers des thés Eléphant s'est rassemblée pour lancer en 2014 la Société de Coopération Ouvrière Provençale de Thé et Infusion (SCOP-TI) après 1336 jours de lutte sociale contre Unilever qui voulait délocaliser leur usine en Pologne, car jugée pas assez rentable.
Refusant d'être sacrifiés sur l'autel de la rentabilité, 58 de ces employés (sur 182 travaillant dans cette unité de production) ont fait le choix, courageux, de poursuivre la production du thé, préservant ainsi leur savoir-faire ainsi que leur emploi dans la région d'Aubagne.
Ce thé est pour tout dire délicieux. Il a un goût. Un vrai goût d'arômes naturels que l'on ne retrouve pas chez Elephant par exemple (j'ai un gros faible pour la menthe douce).
Mais il a un coût. Le coût véritable du travail. Toutefois, 3€ la boîte de 25 sachets, là où les mastodontes (Lipton, Elephant) ou marque intermédiaire de supermarché, vendent la même boîte 1€ voire 1€50 moins cher. OK c'est vrai. Mais avec des ouvriers d'Europe de l'Est payés au mieux 500€ par mois avec un dumping fiscal ignoble, l'entreprise ne peut que voir ses profits s'envoler.Et au fond, paye-t-on le véritable de prix de ce travail? 3€00 les 25 sachets revient à acheter un sachet à...12 centimes TTC. 12 centimes quoi! Ce même thé que l'on accepterait de payer sans broncher 3€00 à la terrasse d'un café. Un demi paquet de clopes pour soutenir des ouvriers qui travaillent et tentent de proposer un commerce alternatif reposant sur des valeurs humaines! Acheter le thé 1336, c'est accepter de payer un bien à son juste prix, chose que la guerre des prix des chaînes de supermarché et la mondialisation ne nous ont plus habitué. 20 Francs une boîte de thé, c'est pas le bout du monde quand même!
L'essayer, c'est l'adopter. Je reprendrais pour conclure très modestement l'excellente devise de la SCOP-TI: "Eveille les consciences, Réveille les papilles".
Vidéo produite par gouvernement.fr (2015)
HISTOIRE D'URGENCES PAR PATRICE PELLOUX
Le blasphème sauve des vies
C'est l'odeur de la fumée de dizaines de bougies allumées dans la chambre qui a alerté en pleine nuit les infirmières et les aides-soignants. A quelques centimètres près des arrivées d'oxygène, le big bang n'était pas loin. Ils préparaient le dernier souffle de leur proche. Qui, si l'on n'était pas intervenus, aurait conïncidé avec celui de l'explosion...
Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais, quel que soit le mort, on n'a jamais rien remarqué de spécial après. Désolé. Lorsque le corps se refroidit, qu'on enlève les électrodes, que le son et les couleurs des instruments de contrôle se sont éteints, il ne reste toujours que le silence. Et sur le brancard ou le lit, un cadavre. Avec ou sans croix, croissant, main de Fatima ou autre grigris, c'est le même froid qui les envahit, c'est la même couleur du sang rouge qui devient noir, de la peau qui devient livide. Tout s'arrête de la même façon, pour n'importe quel organisme qui passe de la vie à la mort. Et les larmes des familles, des proches, les douleurs, les peines, la tristesse, le chagrin sont les mêmes, quelles que soient les convictions intimes, qu'on soit croyant ou athée. Pas besoin de croire en Dieu pour aimer un proche et le pleurer.
Nous voyons parfois arriver des croyants ou des intégristes religieux. Il y a ceux qui sont tolérants, respectueux et qui font tout pour ne pas aggraver nos difficultés. Et il y a ceux qui réclament le respect pour leur dogme, mais ne respectent ni le personnel, ni les autres malades. Pourtant, aux urgences, ils semblent parfois moins extrémistes, car il s'agit de les sauver. En fait, les plus difficiles à gérer sont les accompagnants, qui veulent absolument que leurs rites soient appliqués au pied de la lettre, sans tenir compte de notre devoir de soins. Ni du choix du malade lui-même.
Priez, mais laissez-nous travailler.
Depuis la loi Kouchner sur le droit des malades, on arrive à mieux faire respecter le souhait du malade, tout en le protégeant des dérives religieuses. Le « deal » est simple : on ne les empêche pas de croire, m iq ils ne nous empechent pas de travailler, en nous servant des techniques de la médecone contemporaine en l'état actuel des connaissances scientifiques.
Les problèmes rencontrés en service d'urgences portent le plus souvent sur le consentement aux soins. Le cas d'école étant bien entendu la transfusion sanguine et les Témoins de Jéhovah. Une collègue urgentiste s'est retrouvée un jour seule, dans un hameau de montagne, avec une femme qui devait accoucher à domicile, selon le souhait de son mari. Mais l'hémorragie était telle que seule une transfusion pouvait garantir de sauver la dame. Le mari tournait autour du camion du SAMU en menaçant d'un procès si la transfusion avait lieu. Le procureur de la République a mis tout le monde d'accord. Et la dame n'a jamais porté polainte contre l'équipe qui l'avait sauvée. La discussion entre elle et son mari a dû être intéressante...
La République française a permis le développement du système de santé en le basant sur trois valeurs – liberté, égalité et fraternité – et en écartant l'ancien système, fondé sur la charité et son corollaire, l'hypocrisie religieuse. Depuis, la République poursuit sa quête pour le droit à la santé à travers la reconnaissance de l'avortement, la lutte contre la douleur, le droit des enfants...Voltaire, Hugo, Zola, Jaurès auraient sans aucun doute voté toutes ces lois.
Mais alors, comment se fait-il que la responsable de la Fondation des hopitaux de France et hopitaux de Paris, par ailleurs épouse du président de la République, fasse dire des prières avant les repas pris, aux frais du contribuable, dans le palais de l'Elysée ? La charité revient en courant et, par voie de conséquence, les religions réinvestissent le terrain de la santé. C'est une vieille histoire. Tout au long des siècles, plus la science se développait, plus la religion tentait de la freiner ou de se rattraper aux branches des dieux, afin de ne pas perdre une once de son pouvoir. Blasphème ? Pas du tout. Défense de la laïcité et des valeurs de la République, tout simplement.
Patrick Pelloux, Charlie Hebdo, N°712, Mercredi 8 Février 2006.
Un Donald Trump, ça trompe énormément
PLUS il dit d'énormités incendiaires, sur les "Mexicains violeurs" ou sur "cette connerie de réchauffement climatique", plus il grimpe dans les sondages...Il est à la démocratie américaine ce que Marine Le Pen est à la République française. Prenant le mors aux dents dans l'escalade verbale qui lui permet de faire la course en tête pour la primaire républicaine de juillet, le milliardaire américain Donald Trump a exigé, le 7 décembre, "l'arrêt total et complet de l'entrée des musulmans aux Etats-Unis". Cinq jours après la tuerie commise par un couple américano-pakistanais djihadiste à San Bernardino.
Il s'agit d'un appel à la discrimination religieuse qui contredit directement la Constitution, dans un pays épris de libertés individuelles, notamment celle du culte. Et comment trier les musulmans à la frontière? En leur demandant de manger un sandwich au bacon, rigolent des internautes sur "Twitter". Mais dans ce cas, il pourrait s'agir aussi d'un Juif, d'un hindou végétarien, voire d'un athée "vegan"!
Le secrétaire d'Etat, John Kerry, parle de "mise en danger de la sécurité nationale", ce genre de déclaration accréditant l'idée d'"une guerre contre l'islam", qui pousse à la radicalisation, dans le monde...Même le Premier ministre israélien Netanyahou a condamné ces propos, Trump annulant aussitôt la visite controversée qu'il devait lui faire à Jérusalem.
Le neveu du roi d'Arabie saoudite, le prince Al-Walid, a traité Trump de "honte pour l'Amérique"...Or ce prince outré est le patron du puissant conglomérat Kingdom Holding, actionnaire, aux Etats-Unis, de la banque Citigroup, de News Corporation, des hôtels Four Seasons et des parcs Disney.
Pour justifier sa volonté d'interdire l'Amérique aux musulmans, Trump invoque "un sondage" qui montre que 25% des musulmans vivant aux Etats-Unis soutiennent le djihad et que 51% souhaiteraient l'instauration de la charia...Or ces chiffres ont été publiés par le think tank conspirationniste de Frank Gaffney, qui propage aussi la rumeur qu'Obama est secrètement musulman (et non protestant) ou qu'un juge de la Cour suprême voudrait imposer la charia ("Libération",13/12).
Heureusement, le toubib personnel de Trump affirme qu'il "sera l'individu en meilleure santé jamais élu à la présidence"! Il parle aussi de son équilibre psychique?
DF
Le Canard Enchaîné, Mercredi 16 Décembre 2015, N°4964.
La déchéance de nationalité, c'est une manière fourbe et impolie de refourguer d'une certaine façon nos déchets à l'étranger, un peu comme les Libanais, mais eux, ce sont vraiment leurs vraies poubelles qu'ils ont besoin d'évacuer.
La déchéance, une fois inscrite dans la Constitution de 1958, notamment et surtout grâce aux voix des parlementaires de droite (rappelons que l'inscription du droit de vote des étrangers aux élections locales n'était pas possible parce que la gauche ne comptait pas assez de sièges au Parlement...), permettra de retirer la nationalité française à des binationaux, quand bien même ils seraient nés Français.
Cette mesure, on peut se le dire, ne vise pas vraiment...les Franco-Suisses. Dison qu'elle semble légèrement orientée pour les binationaux surtout issus de l'autre coté de la Méditerranée.
Donc nous avons quelques gugusses à savoir les Kouachi, Coulibaly, Abaoud et autres fous de Dieu qui ont donc réussi à modifier en l'espace d'un an notre loi fondamentale, celle qui est au sommet de la hiérarchie des normes dans notre République. Non non et non, les terroristes n'ont pas gagné il paraît. Sans parler qu'ils auraient été terriblement déçu de savoir qu'ils pouvaient perdre leur nationalité là...où ils souhaitaient perdre la vie pour devenir martyr.
Mais allons plus loin dans la connerie (enfin malgré tous mes efforts je resterai toujours à l'arrière de Valls et sa clique). Donc si nous avons un terroriste 100% français (pas franco-quelque chose, quand bien même il aurait des origines étrangères), nous ne pourrons donc le déchoir de sa nationalité dans la mesure où de nombreuses conventions internationales interdisent de créer...des apatrides.
Par ailleurs, si des pays étrangers veulent applique le même principe vis-à-vis de la France, appliquant ainsi une sorte de protectionnisme sécuritaire, ce sera une sorte de course à la déchéance qui va s'ouvrir: ainsi l'Algérie, le Bostwana ou la Suisse, à partir du moment où ils auraient des indésirables sur leur territoire ayant en même temps la binationalité française, nous offriraient gentiment sur un plateau ces personnes dont...on ne saurait quoi faire.
Alors que faire du cas Gérard Depardieu? On sait que le comédien se prétend "ami personnel" du président Poutine et qu'il est un ardent défenseur de sa politique, contre laquelle nous avons pris des sanctions économiques (embargo de 2014) à la suite de l'annexion de la Crimée et de sa politique soutien aux terroristes en Ukraine orientale. Et bim' terrorisme!
Bon sang, mais c'est bien sûr. C'est l'évidence: Gérard Depardieu fait l'apologie du terrorisme. Il est l'heure de le déchoir et de confisquer son pinard. Prenez gardes les terroristes, tremblez enemis de la France: on vous aura, comme en 40!
Un peu par hasard, je suis tombé sur une enquête de l'excellente emission "Secrets d'Info" de France Inter (vendredi 19h20) consacrée à l'épuisement dont souffrent les agents de police à la suite de la mise en place de Vigipirate. Là où c'est d'autant plus inquiétant, c'est que l'émission date du 25/09/2015.
Ce qui veut dire que là, depuis le 13-Novembre, c'est à des agents cramés, non payés pour les heures supplementaires effectuées, qui doivent "redoubler de vigiliance". Au moins jusqu'au 13 février 2016 (fin de l'état d'urgence), et sans doute même au-delà avec l'Euro 2016 l'été prochain.
Un état de fatigue, d'insuffisance tel que le recours à des agents privés, voire étrangrers (francophones), n'est plus un tabou. Par ailleurs le temps de formation des agents nouvellement et prochainement recrutés est de 1 à 2 ans. Ce qui veut dire que la surveillance du territoire (ainsi que l'exercice des missions de service public) va être compliquée, et que des agents à bout de nerfs auront d'autant plus de risques de commettre des erreurs, des bavures.
Quelques extraits de l'enquête d'Elodie Gueguen, à lire et à écouter ici.
Une enquête d'Elodie Guéguen
C’est l’un des dossiers les plus sensibles actuellement sur le bureau du ministre de l’Intérieur. Comment assurer pleinement la sécurité lors des grands événements prévus dans les prochains mois, comme la conférence climat ou l’Euro 2016 ? Huit mois après le renforcement du plan Vigipirate, en pleine crise des réfugiés qui tentent de passer illégalement les frontières européennes, selon de nombreux spécialistes, il n’y a plus la réserve policière suffisante pour sécuriser de manière satisfaisante des événements de grande ampleur. Et, surtout, les policiers se disent épuisés par leur rythme de travail depuis janvier.
Les services de renseignement sont en alerte. Des milliers de manifestants pourraient se réunir à Paris pour tenter de perturber la conférence sur le climat – la Cop 21. Un policier, inquiet, confie :
On évoque la présence de Black blocs, c’est certain qu’il y aura de la casse
La Cop 21, qui se tiendra au Bourget du 30 novembre au 11 décembre prochain, va réunir 195 délégations venues du monde entier, 3 000 journalistes et près 35 000 visiteurs quotidiens.
Pour le Premier Ministre, la question de la sécurisation de cet événement est une priorité :
Aucun enjeu de sécurité ne doit être négligé pour l'organisation de cette conférence de portée planétaire en termes politiques et diplomatiques
Pourtant, au ministère de l’Intérieur, on s’arrache les cheveux pour savoir où puiser les effectifs nécessaires parmi des forces de l’ordre ultra-mobilisées par le plan Vigipirate.
Depuis les attentats de janvier à Paris, la prévention du terrorisme est la priorité des priorités pour les forces de sécurité et pour l’exécutif. François Hollande l'assurait le 14 juillet dernier lorsde la traditionnelle interview présidentielle :
Je ne veux pas que les Français puissent avoir le moindre doute sur le dispositif que nous avons mis en place. Actuellement il y a 30 000 policiers, gendarmes, militaires qui surveillent les sites. Je sais ce que ça représente pour les personnels, beaucoup de fatigue, beaucoup de renoncement à des droits et notamment pour leurs congés […]
Ces policiers, gendarmes et militaires assurent la surveillance de lieux sensibles, des lieux publics comme des écoles confessionnelles ou des résidences de personnalités. Mais pour faire face à cette nouvelle menace qui est perpétuelle et multiformes, il a fallu faire avec les moyens du bord. En l’occurrence avec des effectifs déjà exsangues : la RGPP (révision générale des politiques publiques) ayant entraîné la suppression d’environ 13 000 postes dans la police et la gendarmerie ces dix dernières années. Faute de pouvoir recruter dans l’urgence pour le renforcement du plan Vigipirate, il a été demandé à beaucoup de policiers et de gendarmes de faire une croix sur leurs congés. Une situation intenable. En signe de protestation, des compagnies entières de CRS se font régulièrement « porter pâles » depuis plusieurs mois. Pour le président du CNAPS, le criminologue Alain Bauer, grand connaisseur de la maison police, ce n’est pas du cinéma :
Les arrêts maladie vont se multiplier dans les mois à venir car les forces de l’ordre sont épuisées par cette mobilisation censée être exceptionnelle, mais qui dure dans le temps.
Le problème est que dans ce service d’élite, les policiers seraient en sous effectifs depuis plusieurs années. Les heures supplémentaires se sont accumulées, à tel point qu’on en est arrivé à un chiffre édifiant : 1,3 million d’heures supplémentaires enregistrées, c’est-à-dire pas encore payées ou récupérées. Certains policiers ont jusqu’à 7000 heures à récupérer.
Les policiers mobilisés par Vigipirate seraient aussi lassés comme l'explique Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie Officiers :
Ils ont un sentiment de perte de sens de leur métier. Lorsqu’on a un gilet pare-balles et qu’on passe sa journée devant une synagogue, devant une école et qu’on a l’impression de servir à rien, c’est un peu compliqué.
Et tous les syndicats sont unanimes sur cette question.
La mobilisation pour assurer le dispositif Vigipirate, mais aussi le déploiement exceptionnel de sécurité pour faire face à l’afflux de réfugiés – 1 300 policiers sont mobilisés rien qu’à Calais - a forcément des répercussions sur les autres missions de sécurité publique. « La police du quotidien est défaillante », regrette un responsable syndical.
Un gardien de la paix de de Seine-Saint-Denis fait ce constat depuis les attentats de janvier :
Le week-end, dans le plus grand district du département, il n’y a plus qu’un seul véhicule de police secours ! Les autres véhicules sont utilisés pour les missions liées à Vigipirate.
Erwan Guermeur, policier à Bobigny, délégué du syndicat SGP Unité Police évoque même des « interventions ratées » à cause de Vigipirate.
Un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur nous le confirme : la lutte antiterroriste, considérée comme la priorité des priorités, a éclipsé certaines missions de la police sur la voie publique. Pour ce haut fonctionnaire, qui a souhaité garder l’anonymat, la police du quotidien en a pâtit ces derniers mois :
Après les attentats de janvier, avoue-t-il, nous avons levé le pied sur les contrôles routiers. On ne se déplace plus non plus pour des tapages nocturnes en région parisienne. Les gendarmes le font peut-être encore, mais nous, nous n’en n’avons plus les moyens. Le manque d’effectifs est une réalité que l’on ne peut pas nier.
En période de disette, l’exécutif ne peut pas faire d’effort massif pour le budget de la place Beauvau. Alors quelles sont les solutions pour pallier au manque d’effectifs ? En chœur, les syndicats de policiers répondent : « la sécurité privée ». Un discours inimaginable il y a encore quelques années, « Les policiers sont devenus pragmatiques », analyse Alain Bauer. Ils vont devoir déléguer un certain nombre de missions au secteur privé pour se recentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire la lutte antiterroriste, le contrôle de la voie publique et la police judiciaire. Pour plusieurs syndicats, la police doit se délester de certaines « tâches indues » comme le transfèrement de prisonniers, la garde de détenus hospitalisés ou la surveillance de personnes étrangères dans les centres de rétention.
Très en vogue sous le précédent quinquennat, l’idée d’un partenariat public-privé plus important n’a pas vraiment la cote place Beauvau. Cependant, faute d’alternative, et avec l’Euro 2016 en ligne de mire, le ministre Bernard Cazeneuve doit s’y résigner et des réunions sur le sujet se sont multipliées ces derniers mois.
Mais, étonnement, le secteur de la sécurité privée observe quelques réticences et pose ses conditions : il n’est pas question pour ses agents de patrouiller sur la voie publique ou d’obtenir des pouvoirs de répression. Encore moins d’avoir un rôle à jouer dans la lutte antiterroriste. Selon Pierre-Antoine Mailfait, secrétaire général de l’USP, l’union des entreprises de sécurité privée :
Nous ne sommes ni armés, ni formés pour ce type de missions. Nous serons très vigilants pour ne pas mettre [nos agents] en porte à faux et ne pas les transformer en cibles potentielles pour des terroristes.
Plus problématique encore que les réserves du secteur privé, il y a le manque d’agents disponibles. Les pouvoirs publics ont estimé à 30 000 le nombre d’agents nécessaires pour sécuriser les enceintes sportives et les hôtels des joueurs pour l’Euro 2016. L’USP répond que le privé ne pourra en fournir que 10 000 environ. Le président du CNAPS Alain Bauer, prévient :
L’exemple de ce qui s’est produit à Londres lors des Jeux Olympiques où l’opérateur anglais s’est effondré au premier jour, et où il a été remplacé au pied-levé par des forces militaires incite à une très grande prudence ! Il faut que les organisateurs [de l’Euro] soient lucides. Ils le deviennent, mais ce n’est pas très rapide
Pour pallier le manque d’agents - publics comme privés- pour assurer la sécurité lors de la coupe d’Europe de foot, trois options sont envisagées. La première : faire appel à des réservistes (anciens policiers, militaires ou gendarmes) et leur accorder un droit d’exercer provisoirement le métier d’agent privé. La seconde : recruter à l’étranger en faisant appel à des agents de sécurité francophones. La dernière : délivrer une carte d’exercice provisoire à des personnes qui auraient une formation et une activité réduites pour des missions jugées peu complexes, comme le contrôle des sacs à l’entrée des stades. Quelles que soient les options choisies in fine par le ministère de l’Intérieur, il faudra modifier la législation pour l’Euro 2016.
Une femme sur 7 victime de viol. 130 millions de femmes mutilées, excisées. Une sur trois victime de violence... Et les coups qui démarrent souvent à la première grossesse... À l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination des violences à l'égard des femmes, les chiffres sont glaçants.
Chaque année depuis quinze ans, la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes nous force à regarder le monde à travers les yeux d'une femme. Impossible de ne pas ressentir ce sentiment d'effroi, d'insécurité face à des chiffres intolérables et pourtant toujours d'actualité. En passant en revue les données de l'Unicef, de l'ONU, de la Banque Mondiale et de l'OMS, nous avons dressé un bilan alarmant des violences que subissent les femmes toujours considérées esclaves dans certaines régions du globe. Même lorsque la loi les protège, elles restent les principales victimes des coups et des viols.
L'Organisation mondiale de la Santé a rappelé la semaine dernière dans la revue médicale The Lancet que près de 35% des femmes et filles sont exposées à une forme de violence physique et/ou sexuelle au cours de leur vie. Dans certains pays comme l'Ouganda ou les Samoa, ce sont près de sept femmes sur dix qui ont été victimes d'abus, d'après l'ONU Femmes.
Près de 216 000 femmes, âgées de 18 à 75 ans, sont soumises à la violence physique et/ou sexuelle de leur ancien et actuel conjoint, qu'il soit mari, concubin, pacsé, petit-ami… La majorité reste muette, pour protéger leurs enfants, leur réputation ou leur vie, par crainte des représailles. Souvent, ces hommes violents possèdent également une emprise psychologique très forte qui plonge leur victime, isolée, dans un climat de peur permanent. Seules 16% d'entre elles déposent plainte, selon les chiffres du gouvernement.
Les violences conjugales s'attisent ou débutent particulièrement au moment où le couple attend un enfant. Le conjoint violent ne supporte généralement ni la perspective d'une troisième personne dans le foyer ni le fait que la femme devienne le centre des attentions de l'entourage. Celle-ci, dans un état vulnérable, est moins apte à se défendre. Une situation précaire qui peut pousser certaines femmes à renoncer à leur grossesse. En tout, 23% des demandes d’IVG étaient directement liées à des violences (viols, violence conjugales, violences familiales). Selon Emmanuelle Piet, médecin de protection maternelle et infantile, présidente du collectif féministe contre le viol, « ces femmes avaient trois fois plus de chances d'accoucher prématurément que la moyenne, une grande proportion d'entre elles (7%) ont accouché à la maison, pas par choix mais par contrainte, un tiers d'entre elles ont reçu des coups sur le ventre et 82% ont subi des violences sexuelles ».
En dehors des conséquences psychologiques et sociales, les violences faites aux femmes coûtent 3,6 milliards d'euros en France, en termes d'aides sociales, de soins et surtout de perte de capacité de production, selon l'évaluation du ministère des Affaires sociales et des Droits des femmes. Pour Caroline de Haas, la fondatrice de l'association Osez le féminisme, la volonté politique d'éradiquer ce fléau reste tiède. A l'inverse, les campagnes de sensibilisation réalisées pour la sécurité routière ont été efficaces. « 12 millions d'euros par an rien que pour la communication, on a formé les gendarmes, on a sensibilisé dans les écoles. Résultat : on est passé de 20 000 à 4000 morts par an ».
Selon la Banque mondiale, le risque de violence conjugale et de viol est plus fort pour les femmes de 15 à 44 ans que le risque de cancer, d'accidents de la route, de guerre et du paludisme réunis. D'après ses calculs, si l'on ajoute les tentatives de viols, ce sont près de 20% des femmes qui risquent de subir un viol ou une tentative d'agression sexuelle dans le monde. En France, cela concerne 86 000 femmes âgées de 18 à 75 ans, chaque année.
Loin du cliché de l'agresseur qui saute sur une fille en jupe tard dans la nuit, l'énorme majorité des agressions sexuelles sont réalisées par une personne connue de la victime : parent, ami, connaissance, ou ancien petit-ami. Dans 38 % des cas, le violeur s'avère être le conjoint. Suite aux viols ou tentatives de viol qu’elles ont subies, seules 10 % des victimes ont porté plainte.
Dans le monde, 720 millions de femmes aujourd’hui mariées l’ont été enfant, soit avant leurs 18 ans, dont 250 millions avant l’âge de 15 ans, selon l'Unicef. Le phénomène des unions précoces touche surtout les continent asiatique et africain. Le Niger compte le plus de femmes mariées avant leurs 18 ans (77%) et le Bangladesh, de mariées de moins de 15 ans. L’Inde, elle, totalise à elle seule un tiers de ces enfants. Moins nombreux, les garçons n'échappent pas au mariage forcé, auquel 156 millions d'entre eux ont été contraints.
D’ici 2015, quelque 1,2 milliard de petites filles pourraient être mariées de force si des actions ne sont pas entreprises, affirme l’ONG Girls Not Brides. Les filles qui se marient avant l’âge de 18 ans ont plus de chances de vivre dans un climat de violence que les autres. Leurs études, si elles ne sont pas déjà arrêtées, seront raccourcies, et les risques de violences conjugales, grossessse précoce et mortalité maternelle, décuplés. Les grossesses et accouchements difficiles sont la deuxième cause de décès des jeunes filles de 15 à 19 ans dans le monde d'après l'OMS. On compte pas moins de 3 millions d'avortements non encadrés dans cette population chaque année.
Le Figaro Madame.
RADIO OLD SCHOOL
Une rubrique exclusivement consacrée à de la musique "à l'ancienne" type Disco Soul Funk Electro 1990's et autres
perles auditives.
Histoire pour les amateurs de découvrir un genre musical de qualité hélas disparu.
A l'écoute:
DEODATO
Skyscrappers
Album:
OS CATEDRATICOS/73 (1972)