Nous y voilà, SAMEDI 6 SEPTEMBRE 2008! Le grand jour est arrivé. Le TAP, après de longs mois d'études, de destructions, de fouilles archéologiques, de constructions, de polémiques en tout genre va enfin ouvrir officiellement ses portes au public, de France de Navarre et d'ailleurs.
En attendant, la presse dans sa globalité va rivaliser d'audace pour trouver le meilleur jeu de mots imaginable à partir de "TAP".
Voici un article du Monde revenant sur nos cubes jaunes, son financement, ses capacités ainsi que quelques louanges... Joao Luis Carrilho da Graça signe un lieu culturel magnifique à Poitiers
LE MONDE | 05.09.08 | 16h44 • Mis à jour le 05.09.08 | 16h44
La salle de concerts du Théâtre et auditorium de Poitiers (TAP). Cette salle de 1 020 places aux parois pivotantes en bois a été conçue avec l'acousticien Daniel Comins.
POITIERS (VIENNE) ENVOYÉ SPÉCIAL
Tap, tap, tap, tagadap ! TAP pour Théâtre et auditorium de Poitiers. Un acronyme dont le graphisme rythme, avec une belle persévérance, les parcours de la nouvelle scène nationale, phare magnifique de la région Poitou-Charente. Tagadap, pour marquer le plaisir de découvrir une oeuvre rare, et un exceptionnel architecte : Joao Luis Carrilho Da Graça, 56 ans, célèbre au Portugal mais surgi sur la scène française à l'occasion du concours poitevin organisé en 2000.
Situé en plein coeur de la ville, le TAP est désormais le plus grand établissement culturel de "la plus petite des grandes villes de France" comme se surnomment eux-mêmes les 89 000 habitants du chef-lieu de la Vienne. Sur une surface totale de 33 000 m2, le TAP offre un théâtre de 722 places, un auditorium de 1 020 places, et une impressionnante batterie d'outils techniques, depuis les zones de parking aux bureaux, loges, salles de répétitions, cafétérias, tous traités avec un soin égal, alors qu'ils sont souvent les laissés-pour-compte ordinaires de ce type d'édifice sous prétexte que le public n'y a pas accès.
Les espaces de circulation, au dehors comme au dedans, sont pensés avec la même intelligence et le même plaisir du dessin, tous dissemblables et tous cohérents dans l'écriture générale de l'édifice, tous susceptibles enfin de devenir de petits ou grands théâtres, des salles de concert, des boîtes pour rappeurs enfiévrés, au besoin des salons.
"Les huit années de gestation n'ont finalement pas été inutiles, constate Denis Garnier, directeur du TAP. Nous avons pu discuter de chaque élément dans le détail avec Carrilho Da Graça. Ses qualités de conviction et d'écoute nous ont permis d'imposer l'idée d'un théâtre de 700 places plutôt que 400, sans balcon, et doté d'un plateau techniquement exceptionnel." Qui peut le plus peut le moins semble penser cet homme à l'abord convivial, dont les collaborateurs affichent une rare sérénité à l'approche de l'ouverture.
COMME UN NAVIRE ENCHANTÉ
Les deux maires (PS) qui se sont succédé, Jacques Santrot, puis Alain Claeys, n'ont peut-être pas mis l'accélérateur, mais, explique Denis Garnier, "ils ont laissé le projet évoluer sans mettre la pression. Nous avons notamment évité le pilonnage fréquent des services de communication". L'ensemble a été finalement bouclé avant la crise qui frappe la culture et son ministère. Montant des travaux : 56,3 millions d'euros dont 62 % sont assumés par la mairie, 18 % par l'Etat, 11 % par la région et 9 % par le département. Le budget de fonctionnement (il inclut l'ancienne salle désormais vouée au cinéma) pour 2008 est de 6,79 millions d'euros. Personnel permanent : 62 personnes.
Les deux grandes salles, travaillées avec l'acousticien Daniel Comins, ont chacune leur singularité. Si le théâtre est d'un modernisme singulièrement classique, exempt d'esprit baroque jusqu'à l'austérité, l'auditorium apparaît à l'inverse proche des navires enchantés des vieilles scènes royales. C'est une salle aux parois de bois pivotantes (cinquante-deux portes aux sculptures linéaires d'esprit aztèque ou déjanté, selon l'état d'esprit de chacun) plongée dans les ténèbres d'un vaste espace noir dont le volume compense la hauteur relativement faible, 14 m, quand d'autres acousticiens préconisaient un plafond perché à au moins à 18 m.
La dissymétrie formelle des deux salles contraste avec l'esprit géométrique qui paraît inspirer tous les plans du TAP. Cette géométrie se retrouve aussi dans les deux grands blocs vitrés qui désignent le bâtiment dans la ville. Ils ont vocation à s'illuminer la nuit, livrant à la fois l'image du travail des artistes et les clefs de compréhension d'un édifice qui, à deux pas du bâtiment d'esprit préfectoral de la Banque de France, aurait pu vite fait se prendre le sobriquet de "coffre-fort".
Si ce genre de jeu de lumière rappelle l'une des techniques préférées de Jean Nouvel, l'architecture à la fois affirmée et discrète du Portugais Carrilho Da Graça a bien peu de parentés avec les maîtres d'oeuvre français. La façon même dont le TAP s'accroche aux falaises qui dominent l'étrange vallée des voies ferrées et de la gare relookée TGV révèle d'ailleurs une singulière parenté avec les paysages de Lisbonne ou de Porto. Les viaducs et les ascenseurs sont de la partie s'ils n'ont rien du génie d'Eiffel.