| | | Photo NR d’archives, Dominique Bordier | En février et mars, des étudiants et enseignants de l’université s’étaient mobilisés contre la venue d’un enseignant au passé trouble. | | | | La possible affectation à l'université de Poitiers comme professeur d'histoire du droit de Benoît Fleury, ancien dirigeant d'un groupuscule étudiant d'extrême droite, avait suscité des inquiétudes. Le président de la République vient d'officialiser sa nomination pour le 1er septembre. Doit-on juger un homme au regard d'une partie de son existence et le vouer éternellement aux gémonies ? Peut-on décréter, au nom de la liberté, qu'un homme ne pourrait enseigner sa discipline, le droit, au motif qu'il fut par le passé, un militant radical et nationaliste parfois violent ? Ces questions ont agité, fin février et début mars derniers, une partie de la communauté universitaire poitevine. A tel point que la présidence de l'université, dans une motion, puis une lettre ouverte adressée au président de la République, devait demander à ce dernier de ne pas nommer Benoît Fleury, 31 ans, admis brillamment major au concours de l'agrégation de l'histoire du droit, au poste de professeur d'histoire du droit à la rentrée prochaine à Poitiers. Manifestations et pétitions devaient alors se succéder pour dire non à la venue de cet ancien (et dernier) président du GUD (Groupe Union Défense) des années 1995 à 2000. Arrivée au 1er septembre
Malgré toute cette agitation, le chef de l'État, en vertu d'un pouvoir discrétionnaire qui est le sien en la matière, vient par un décret en date du 17 avril et publié le 19 au « Journal officiel » de nommer officiellement Benoît Fleury à Poitiers, « à compter du 1er septembre 2008 ». De quoi peut-être raviver colères et inquiétudes du côté de ceux qui voyaient dans cette arrivée la « menace fasciste »planer sur la vénérable université poitevine. Même si, au fil de ses déclarations, le principal intéressé devait se déjuger et renier publiquement ses engagements passés, demandant à être jugé sur pièce. Dans une interview exclusive accordée à la NR le 1er mars dernier, Benoît Fleury ajoutait :« Je demande à être jugé sur mon enseignement et non sur des faits vieux de dix ans ». (1) Organisation de l'ultra droite étudiante, le Groupe Union Défense naquit en octobre 1968 suite à la dissolution d'une organisation xénophobe et antisémite : Occident. Le GUD fut très présent sur les campus dans les années soixante-dix au début des années deux mille (date de sa dissolution) se caractérisant par un usage permanent de la violence de groupe. J.-M. G. |