Bordeaux, Poitiers,...: même combat?
06h00 | Mise à jour : 07h51 Par ISABELLE CASTÉRA | 106 | commentaire(s) |
Bordeaux
Alain Juppé l'a annoncé. Le stationnement payant s'étend en toile d'araignée. Objectif : 2020. Après des pétitions, des mouvements d'humeur, des réunions de quartier houleuses, ils ont cédé.
A les écouter, on pourrait croire que les Bordelais réclament des parcmètres à corps et à cris. Tous. Ceux qui n'en ont pas encore devant chez eux se sentiraient lésés. Pourtant, Alain Juppé, maire de Bordeaux, et Jean-Louis David, son adjoint à la sécurité, n'en démordent pas. Incroyable : des citoyens français réputés pour être de mauvais payeurs poussent des cris d'orfraie pour payer ? 15 euros la carte résident mensuelle, achetée via Internet pour une misérable place hypothétique devant la porte ou trois rues plus loin… Pourtant vrai. Et tout le monde va y avoir droit, pas de jaloux. Objectif : tout payant intra-muros à Bordeaux en 2020.
Jean-Louis David parle avec une étonnante sérénité de ce qui, il y a quelques mois à peine, fut considéré par des riverains en colère, comme « un impôt supplémentaire ».
« Il s'agit d'organiser le stationnement dans les quartiers, et cela, en concertation avec les riverains. » Le maître mot est lâché. Concertation. Donc, un travail de concertation réalisé par la mairie devrait permettre de venir à bout du stationnement gratuit, de toute la ville y compris, les quartiers qui se croyaient bien à l'abri. « Notre volonté, précise l'élu, est d'ainsi encourager les gens qui viennent à Bordeaux, à emprunter les transports en commun. »
Aujourd'hui, Bordeaux intra-muros comprend 7 000 places payantes en surface, hors parkings. « Par rapport à Nantes ou Montpellier, nous sommes moitié moins pourvus. Beaucoup de retard », note Nicolas Andréotti, directeur de la police municipale et de la tranquillité publique.
Extension dans les quartiers
Le maire a convoqué tous les maires adjoints de quartier à réfléchir à une extension du domaine du payant. « Caudéran est le dernier des quartiers à ne pas être payant, les autres sont plus au moins bien dotés, précise l'adjoint. Notre objectif est simple. Nous finissons de combler le vide (places gratuites s'entend) de l'intra-cours en 2014. Pour l'instant, le payant est maillé à 75 % dans l'intra-cours. Puis on travaille à légiférer entre les cours et les boulevards avant 2020. En concertation avec les habitants. » Re.
« Il ne devrait plus y avoir sur toute la ligne de tram de stationnement gratuit. Trop de voitures pendulaires stationnent à la journée. Même politique qu'autour de la gare de Bordeaux. »
Actuellement, en centre-ville, le secteur Alphonse-Dupeux autour de la patinoire pose quelques difficultés. « Les rues adjacentes sont hyper engorgées, depuis que le cours du Maréchal-Juin est payant », précise Nicolas Andréotti. Depuis un an, comme les gens ne se garent plus sur le cours, ils envahissent les petites rues autour. Au grand dam des riverains, qui ne peuvent plus stationner. C'est un cas typique. Du coup, les résidents réclament des parcmètres, pour retrouver une certaine tranquillité. »
Une carte spéciale « pro »
« Après une première réaction hostile, souligne Jean-Louis David, le point de vue des gens évolue. L'observation de la situation autour de la gare de Bordeaux a été pour nous riche en enseignements. Et ce retournement de position des riverains plaide en faveur d'une organisation globale du stationnement en ville. » À cet égard, la Ville a mis de l'eau dans son vin. Si les premières négociations concernant les cartes de résident tournaient autour de 20 euros mensuels, avec une souplesse toute relative, les discussions ont mené à un modus vivendi.
La carte résident revient aujourd'hui à 15 euros mensuels pour une voiture, renouvelable chaque mois. On peut acheter une carte pour quinze jours, huit jours, une journée. La Ville réfléchit désormais à une carte spéciale pour les professionnels, qu'ils soient artisans ou commerçants par exemple. N'empêche, décourager l'usage de la voiture en ville, si elle recèle toutes les vertus antipollution que l'on sait, ne pourra se faire sans une régulation des transports en communs, via la CUB. Des trams plus fréquents, des bus à l'heure... et des aménagements cyclistes encore plus performants. Avec toute la récolte d'amendes à venir, ça devrait le faire.