Poitiers mobilise largement
contre les nouveaux contrats d'embauche
La manifestation a rassemblé des milliers de Poitevins, mardi, dans la capitale régionale. Elle s'est déroulée dans le calme jusqu'au repli des étudiants à la gare.
La manifestation pour le retrait du CPE (contrat première embauche) et CNE (contrat nouvelle embauche) a obtenu un incontestable succès, hier à Poitiers. Même si elle s'est achevée par des incidents après la dislocation du cortège rue Victor-Hugo. Alors que les salariés repliaient leurs banderoles, plus de 1000 étudiants ont convergé vers la gare pour paralyser la circulation des train (lire par ailleurs).
En dépit d'un temps exécrable, la manifestation a réuni des milliers de manifestants, la police annonçant le nombre de 4.000, les organisateurs 8.000. Toujours est-il que le cortège qui a quitté le stade Rebeilleau, à partir de 14h30, pour rejoindre la place du Maréchal-Leclerc, deux heures après, était assurément très dense et très long. A Châtellerault, la participation a également été plus importante que lors de la manifestation du 7 février. 800 personnes ont défilé dans le centre-ville.
Les étudiants et les lycéens étaient en tête du cortège pictave, marchant à pas chaloupés sur le rythme des bidons.
Les étudiants et lycéens ouvrent le cortège
Leur banderole au premier rand était sans ambiguïté: "Face au gouvernement sourd, action radicale". Les syndicats leur emboîtaient le pas: FO, la CGT, SUD, la CFDT, la CFE-CGC, la CNT, la FSU ainsi que les organisations politiques: le PS et le PC et des associations regroupées en collectif: la FCPE (parents d'élèves), les FRANCAS, CEMEA, la Ligue de l'Enseignement...Si les fonctionnaires étaient venus en nombre, les salariés du privé étaient également présents ainsi que les retraités.
Avant la dislocation, le leader de Force Ouvrière a appelé les manifestants à rester mobilisés "jusqu'à l'aboutissement de nos revendications". Les syndicats apporteront leur soutien ce matin aux étudiants qui veulent maintenir le blocus à l'université. une nouvelle journée d'action est prévue le jeudi 16 mars.
Marie-Catherine BERNARD
Université
La levée du blocus?
La présidence de l'Université de Poitiers a anoncé une reprise des cours pour ce mercredi matin 8 heures. Reprise qui prévoit que le blocus étudiant soit annulé. Face à cette décision, l'intersyndicale Sud, FSU et CGT du personnel universitaire enseignant et non enseignant, qui craint que la levée du blocus soit opéré par la police, a dénoncé une "reprise en main autoritaire de la situation par l'institution qui annonce unilatéralement la reprise des curs". Grégory Sicaud, commissaire paritaire académique SUD éducation, rajoute: "Cette intervention jette de l'huile sur le feu. C'est un peu irresponsable de la part de la présidence de l'Université".
"C'est mettre de l'huile sur le feu"
Il appelle donc ses membres à être présent ce matin à 7h30 devant l'amphi J afin d'organiser une présence "drapeau blanc" et de s'interposer aux forces de l'ordre (si celles-ci sont présentes) qui voudraient forcer le blocus.
"Nous craignons d'une part des affrontements entre une minorité d'étudiants anti-blocus qui donnera raison à la présidence de l'Université et voudra rentrer dans les facultés, et les étudiants qui voudront attendre l'assemblée générale pour voter la fin ou non du blocus. Et d'autre part des altercations entre force de l'ordre et les étudiants. Notre but en lançant cette présence "drapeau blanc" est d'éviter les débordements, afin que les étudiants puissent tenir leur AG", précise-t-il. Ledit personnel universitaire décidera de la suite à donner ou non à son mouvement demain.
Il y aura probablement du monde sur le campus ce matin. Les étudiants qui ont investi la gare hier appelaient à se retrouver dès 7h30 pour décider de l'action à mener. Le mégaphone est déjà prêt.
A.N.
La Nouvelle République, Mercredi 8 Mars 2006.
INTERLUDE
La grande mobilisation de Poitiers du 7 Mars 2006 à travers l'oeil du blog de Jules,LA référence de l'époque.
SOCIAL
POITIERS - La mobilisation anti-CPE a rassemblé plusieurs milliers de manifestants dont les plus jeunes ont fini par occuper les voies de la gare SNCF plusieurs heures
Jeunes mouillés et motivés
La mobilisation contre le CPE a mobilisé 4000 personnes selon la police, 10000 selon les manifestants. En fin d'après-midi, 1500 jeunes ont envahi la gare de Poitiers, avant d'être évacués par la police.
Dure journée pour les opposants au projet de contrat première embauche. La pluie et le froid étaient de la manifestation qui a réussi à fédérer les jeunes mais aussi les très nombreux salariés à l'appel des syndicats et partis politiques. La grève a été suivie dans l'Education nationale chez les enseignants de primaire, collèges et lycées (entre 18 et 20%). FSU, FO, CGT, CFTC, CFDT et SUD ont réussi une forte mobilisation des salariés. Du stade Rebeilleau, le long cortège a descendu la rue du faubourg du Pont-Neuf. La police comptant 4000 manifestants au départ, rejoints tout au long du parcours par des personnes qui n'avaient pas voulu partir d'aussi loin. A la sono, la CGT annonçait le chiffre de 10000 personnes dans les rues.
Les manifestants les plus âgés et les plus calmes se sont rapidement dispersés pour rentrer se réchauffer. En tête du cortège, les plus énervés, plus d'un millier de jeunes, lycéens et étudiants, sont descendus rapidement à la gare. Ils ont envahi les voies, occasionnant trois heures de retard pour les 12 TGV et 4 TER prévus. La SNCF devrait porter plainte pour entrave à la circulation, d'autant que les jeunes ont déposé des cailloux (ballast) sur les rails, occasionné des dégâts qu'une équipe de cheminots était chargée de nettoyer avant de permettre aux trains de repartir. Après avoir négocié longuement, les policiers ont dû intervenir pour déloger les derniers irréductibles, avec fermeté.
Centre Presse, Mercredi 8 Mars 2006.
France 2, David Pujadas, Mardi 7 Mars 2006. Avec notamment un certain...François Hollande.