1947: dans une France qui panse ses plaies, d'anciens collaborateurs mêlés à d'authentiques résistants vont se lancer dans une improbable tentative pour renverser la République, au nom de la lutte anti-communiste.
Mais ce qui a retenu l'attention de Jean-Marie Augustin, c'est surtout la façon dont le ministre de l'Interieur Edouard Depreux (SFIO) va monter cette affaire en épingle afin de souder sa majorité parlementaire (et aussi les Français), très fragile après le départ des communistes du gouvernement, dans un pays en pleines contestations (la France n'a pas retrouvé encore son niveau de vie de 1939 et le rationnement est encore en vigueur). Tant et si bien qu'au début du mois de juillet 1947, l'affaire fait la Une des journaux, avant de disparaître peu à peu. Le procès se déroulera dans un relatif anonymat en Janvier 1949, et les peines de prison prononcées seront très légères par rapport à la première accusation de "complot, atteinte à la sûreté de l'Etat".
Jean-Marie Augustin, que les étudiants de Poitiers connaissent forcément pour son livre "Les grandes affaires criminelles de Poitiers", enseigne (ou enseignait) à l'Université de Poitiers. Il est agrégé des facultés de droit.
Voilà la façon dont il résume l'affaire: " Ce plan bleu doit être ramené a ce qu'il est réellement, c'est a dire une escroquerie fabriquée de toutes pièces par un aventurier, nanti d'un faux nom, d'un faux titre et de fausses décorations. Ce n'est donc pas a proprement parler une affaire politique, mais une vulgaire affaire de droit commun. Aurouet dit de Mervelce qui vit d'expédients monte tout simplement une arnaque en exploitant la peur du communisme (c'est moi qui souligne)pour tenter de soutirer de l'argent auprès des maitres de forges lorrains, de la direction des usines Michelin et des négociants en champagne. Seulement, s'il veut paraitre crédible, il lui faut échafauder un plan d'action et obtenir des cautions morales du cote des généraux ayant appartenu a la France libre. L'escroquerie prend alors les apparences d'un complot et le"major"fait mine de s'en convaincre. Lorsqu'il rencontre le comte de Vulpian, il trouve en lui le"pigeon"idéal. Le châtelain des Bois l'héberge et le nourrit. Pour flatter et impressionner son hôte, Mervelce ébauche sur les pages de son cahier bleu un plan de renversement du régime républicain qui est effectivement, comme il l'a dit lui-même au procès, une pure spéculation de l'esprit..." ".
Jean-Marie Augustin: "Le Plan Bleu, 1947, un complot contre la République", 2007, 317p.
Pour aller plus loin: une émission de Rendez-Vous avec X de 1999 sur le Plan Bleu.