La braderie Emmaüs à Poitiers, c'est traditionnellement le rendez-vous des équinoxes. Celle du printemps annonce l'arrivée des beaux jours et la fin de l'hiver.
La braderie, c'est aussi le grand bazar où l'on trouve VRAIMENT de tout: des livres de polémistes ou des autobiographies oubliées du reste du monde trois mois après leur publication, les différents millésimes du Quid, des revues comme Géo, France Football ou encore des Paris Match des années 1960. Sans oublier tout le reste qui prendrait une journée entière à être inventoriée ici.
La braderie, c'est aussi un énorme stock de vêtements, où il faut avoir véritablement envie de plonger les mains dans les tas ininterrompus de fringues où l'on trouve sommes toutes des trucs utiles, mais aussi l'expression caractérisée du mauvais goûts des donneurs, qui furent, à un moment donné des acheteurs de ce qui était alors du prêt-à-porter.
La braderie, c'est encore le secteur mobilier, idéal pour trouver une table de chevet, une huche à pain, une commode vernie, ou encore un meuble de cuisine en formica, histoire de donner à son chez soi une agréable touche vintage et esthétique.
La braderie, c'est enfin la possibilité de faire de la déco d'intérieur à base d'horribles bibelots représentants des petits chats ou des dauphins, de trouver toute une collection de verres, de tasses, d'assiettes, de bols Duralex, mais aussi d'acquérir un puzzle de 5000 pièces éventuellement complet représentant un chalet en montagne, ou encore de repartir les bras chargés des meilleurs albums (vinyls, cela va de soi) de Julio Iglésias, Michel Sardou, Mireille Matthieu, ou du best of de Bach en ré majeur.
Oui la braderie, c'est tout ça. Marcher à petits pas pendant des heures et repartir les bras trop chargés avec de bonnes affaires. Et au final, en pensant tout au fond de soi que l'on fait cela pour la bonne cause.
Les Arènes de Poitiers, La Nouvelle République, 1974.