PPP, le blog intégral: tout sur tout et un peu plus que tout, d'avant-hier, d'hier, d'aujourd'hui et peut-être de demain!
A la Porte de Paris, la tour du Cordier est vue par des milliers de personnes tous les jours. Mais peu la connaissent.
Pour monter dans la tour, après avoir affonté le flot indifférent de la circulation automobile, faute de passage pour piéton, il faut descendre. Le niveau du sol était en effet plus bas d'environ un mètre cinquante autrefois.
Le rez-de-chaussée est occupé par une installation téléphonique insoupçonnée. Les marches de l'escalier à vis sont incurvées par les pas des siècles. Trente pour atteindre la sombre salle vide du premier étage. Des meurtrières laissent passer le tracassin et la fièvre de la cité. Quelques traces d'anciennes ouvertures. Là, un cordier qui l'avait louée entreposait du matériel. D'où son nom. On l'avait appelée aussi la tour de la Poudrière, du temps d'évidents dépôts.
Une vingtaine de marches plus haut, et c'est la terrasse. Modeste parapet: le haut des mâchicoulis. Du vertige à quinze mètres d'altitude. La circulation va et vient en direction de Paris, Nantes, Limoges, Bordeaux. Belle convergence. Surprenant panorama de 360°. Etonnant comme la vue de la place Jean-de-Berry (c'est son nom) du plus haut immeuble voisin ou de la hauteur des Rocs de l'autre côté de la voie ferrée.
Des mâchicoulis pendent joliment des chrysanthèmes de saison. D'autres colorent le bas de la tour. Un jardinier de la Ville vérifie l'arrosage automatique. "Ce n'est pas le monument le plus connu de Poitiers", dit Moïse Jousselin. "On ne peut pas dire qu'il y a beaucoup de gens qui tournent autour à pied. Mais c'est sûrement le plus vu. Il aurait besoin qu'on lui refasse une santé. La muraille est épaisse sauf côté escalier où l'on voit le jour au travers..."
La tour n'a pas de squatter. "Des mésanges s'installent l'hiver dans les arbustes en bas".
A l'extérieur, on distingue les traces des courtines qui reliaient la tour aux autres des remparts. C'était la dernière tour avant le château construit à la fin du XIVe siècle.
Napoléon a été accueilli à son pied, elle a été sauvée de justesse au milieu du XIXe siècle, les passagers du T.G.V. la remarqueront.
Point noir de la circulation, c'est un beau rond point, médiéval, le monument le plus contourné de la région.
JEAN-FRANCOIS LIGNOUS
La Nouvelle République, Mi-Novembre 1989.
Une carte postale de la Porte de Paris (époque où la Nationale 10 traversait Poitiers, jusqu'à la mise en place du contournement ouest) des années 1950, signée Gaby.
La Porte de Paris et la Tour du Cordier, vue depuis les Rocs, Poitiers, 27 Juin 2008