DANS LA VILLE DE DEMAIN, PREMIERS PROBLEMES:
Les liaisons Quartiers-Centre de la Cité circulation, stationnement, parkings
POITIERS aura 115000 habitants dans 13 ans et il faut préparer son avenir, tel était le thème d'une séance de travail qui se déroula dans les Salons de Blossac. Les données du problème ayant été posées il faut, maintenant, essayer de les résoudre.
On prévoit que la région Poitou-Charentes perdra dans les années qui viennent de 7 à 8000 ruraux qui s'en iront vers les villes. La capitale régionale, Poitiers, recevra pour sa part de 1200 à 1500 de ces immigrants pour lesquels elle doit prévoir des emplois, des logements et tout ce qui s'y rattache (hôpitaux, écoles, centres sociaux).
Poitiers se présente comme une ville très administrative, alors que la moyenne des villes de France est de 17% pour le personnel administratif, elle est de 22% là.
Elle poursuit sa mutation du point de vue industriel. Elle y compte actuellement 5000 emplois dont 2000 dans la mécanique. Mais déjà une question se pose. S'il ne vient pas s'implanter d'usines, si le courant d'expansion dans ce domaine venait à se ralentir. La ville ne pourrait pas donner de travail à plus de 100000 habitants.
Possédant les éléments positifs pour recevoir les usines, elle doit dans 5 ans, avoir dans le domaine industriel 2000 emplois en plus.
Le chiffre des commerçants qui est de 5400 va également augmenter. Il existe à Poitiers un commerce de gros solidement implanté, qui employe plus de 1000 personnes et l'on prévoit une croissance de l'ordre de 10 à 15% dans ce domaine. 1800 personnes sont employées dans le commerce alimentaire et agricole et là-encore, les emplois seront fonction de la population.
Aussi comme première conclusion, l'on doit retenir que la capitale régionale doit poursuivre l'aménagement des zones industrielles, faire de Poitiers une ville agréable pour les cadres venant s'y implanter, permettre à son commerce un développement qui en fasse un commerce de luxe moderne pour rester une véritable ville, au sens ancien du terme, c'est-à-dire, un lieu de rencontre desservant la région et exerçant ses fonctions de capitale.
Mais il faut prévoir la circulation de demain
Repenser les quartiers, rénover les ilots insalubres sont deux des impératifs à satisfaire. Certes, il peut apparaître tentant d'utiliser le bulldozer ou encore faut-il penser comme on l'a fait pour "Brasilia" à établir une "Pictiavia" quelconque à l'Est de Poitiers, en négligeant la vieille ville. mais une ville a une âme, et il faut la lui conserver.
En ce qui concerne Poitiers, tout le monde est d'accord sur un point: c'est que le coeur de la cité, quoiqu'il arrive est sur le plateau et y demeurera.
Alors se pose le problème des liaisons rapides à établir et des emplacements à trouver pour garer les véhicules.
Rendu à cet aspect particulier de Poitiers, une discussion allait s'engager.
Réapprendre aux Poitevins à marcher
Pour M. Chassigne, directeur de la Construction, il va falloir opérer une transformation dans les moeurs, c'est-à-dire réapprendre au Poitevin à marcher à pied dans "le coeur" de sa ville. S'il veut conserver à celui-ci son caractère. Mais en même temps, il faudra trouver dans un rayon limité à 3 ou 400 mètres de la place d'Armes des parkings importants et non des coins de rues où quelques voitures trouvent très mal à stationner.
Qu'on le veuille ou non, bientôt le coeur de la cité ne sera qu'accessible à pied, c'est là une des conséquences de la vie moderne.
Les parkings souterrains et un métro monorail
M. Coussieu, après avoir souligné la nécessité d'établir des moyens de liaison rapide avec le centre, suggère la création de parkings souterrains et la construction d'un pont reliant la Z.U.P. au boulevard du Jardin des Plantes.
M. Rolder, ingénieur des Ponts et Chaussées qui s'est plus spécialement préoccupé du problème accorde qu'il y a de nombreuses solutions par la construction de viaduc. On peut également penser au système d'un métro monorail. Mais c'est anticiper et il faut également penser aux incidences financières. Bien sûr, le moment approche, où il faudra choisir une option parmi plusieurs.
Quant aux parkings souterrains, M. Jacques Masteau devait apporter les précisions ci-après: une étube a été demandée pour Poitiers, à celui qu'on a appelé "l'architecture Mulot", M. Viudjian, le spécialiste des parkings souterrains. Pour le place Leclerc, il fallait construire un parking à deux étages, pour obtenir ce qui était nécessaire. Or, il y a 2 ans, le prix de revient d'une place pour une voiture était chiffré à 1200000 anciens francs. Aujourd'hui, il est de 1400000 anciens francs, sans garanti toutefois du volume des travaux à entreprendre, car le sous-sol de Poitiers réserve des surprises. Pour qu'un parking soit valable, il faut qu'il puisse abriter 450 voitures au moins. On voit le coût de l'opération. Le concours des deux plus grandes compagnies mondiales de vente d'essence avait été demandé, mais il ne saurait dépasser 200 millions, d'anciens francs. D'autres part, si le financement était assuré, la durée prévue des travaux serait de l'ordre de 3 ans à 3 ans et demi. Ce qui poserait un problème.
On le voit en l'état actuel des choses, les parkings souterrains n'apparaissent pas possibles.
Alors que faire?
Dans le Poitiers de demain, le premier problème à résoudre apparait devoir être celui des liaisons, de la circulation, du stationnement et des parkings. C'est ce que "Centre Presse" depuis des années n'a cessé d'écrire et de réclamer.
Centre Presse, Mercredi 8 Mai 1963.
Interview du maire de Poitiers Pierre Vertadier, ORTF, 24 Octobre 1967.