La ligne à grande vitesse prolongée vers l'Espagne, une gare multimodale, un pôle d'activités tourné vers le transport: Poitiers doit jouer davantage encore ses atouts géographiques.
Une information est tombée eudi qui n'a tien d'anodin: le grand public est invité à donner son point de vue sur le prolongement de la ligne TGV au sud de Bordeaux en direction du Pays basque puis de Madrid. Cela ne concerne pas seulement les Aquitains. Le Poitou-Charentes, et tout particulièrement Poitiers vont se trouver sur un intinéraire de la même importance que les TGV Est ou Méditerranée.
Une fois achevée (sans doute pas avant 2020), la future ligne placera notre région à deux heures de l'Espagne.
Une position géographique que beaucoup nous envient
Un autre prolongement vers Toulouse (et éventuellement Narbonne) ouvrira des perspectives vers Midi-Pyrénées et la Méditerranée. Là, le débat public a eu lieu et les études devraient être lancées avant la fin de la décennie.
Reste un obstacle: financier. Et une difficulté: l'indemnisation correcte et immédiate des riverains. Sur le premier point, l'appel à des capitaux privés devraient apporter un élément de réponse.
Concernant le second, l'Etat, les collectivités locales et Réseau Ferré de France ont l'obligation morale d'acheter les propriétés. Sans attendre sept ou huit ans que les expropriations soient lancées. L'obligation aussi de ne pas rester sourds à une prise en compte des nuisance au-delà des 25 mètres aujourd'hui retenus et qui semblent bien ridicules.
L'enjeu est de taille: placer Poitiers sur un itinéraire que beaucoup d'autres villes nous envient. Limoges, pour ne citer qu'elle, se trouve aujourd'hui à l'écart des axes de déplacement. Le "Capitole", ce train à grande vitesse des années 1970, fait aujourd'hui figure d'antiquité. Toulouse-Paris passe désormais par Bordeaux et...Poitiers. Un espoir; une ligne TGV Poitiers-Limoges qui placerait le Limousin à 2h30 de la capitale et Poitiers sur un noeud ferroviaire. Poitiers qui se trouve également, depuis plusieurs années déjà, sur l'itinéraire vers Lille, l'Angleterre et l'Europe du Nord en contournant Paris par l'aéroport Charles-de-Gaulle!
En revanche, côté routes, la capitale du Poitou-Charentes se trouve plutôt à la traîne. Ce n'est pas à Poitiers, mais à Niort que l'A10 se raccorde à Nantes (par l'A83). Avec un système de cinq échangeurs autour de la ville chef-lieu des Deux-Sèvres (60.000 habitants)!
Autoroutes à la traîne
Il ne reste plus qu'à espérer un barreau A10-A20 au plus près de la Vienne de manière à ouvrir les échanges vers Clermont-Ferrand et le réseau autoroutier de l'Europe centrale et de l'Italie du nord.
Sans attendre, la communauté d'agglomération de Poitiers vient (enfin!) de se donner les moyens d'attirer sur son territoire les entreprises de transport qui utilisent aujourd'hui l'A10, mais sans s'arrêter sur son territoire. Un pôle logistique est lancé à Migné-Auxances. Première implantation: le futur centre de tri de La Poste.
Une trentaine d'hectares vont être proposés à la vente sur la zone Saint-Nicolas, en bordure de la RN147 dont on attend qu'elle soit totalement portée à quatre voies.
Une autre attente devrait se concrétiser ce mois-ci: l'ouverture du chantier de la gare multimodale. De manière à faciliter les échanges et l'accueil des entreprises dans le coeur même de la ville de Poitiers.
Jean-Jacques BOISSONNEAU
La Nouvelle République, Première quinzaine de Janvier 2006.