François Mitterrand à Hinault: "Suivre son instinct"
MONTAUD (Isère). - Le Tour de France a reçu, hier, la visite d'un spectateur de marque en la personne du président François Mitterrand, venu en milieu d'après-midi assister, dans une ambiance bon enfant, au passage des coureurs au sommet du col de Montaud, dans le massif du Vercors.
M. Mitterrand a débarqué d'un hélicoptère posé dans un grand pré, quelques minutes seulement avant le passage de la caravane. Il a immédiatement été applaudi par la foule nombreuse massée sur le parcours, qui a lancé, mi-surprise, mi-amusée: "Allez François!" et "François, un vélo"!
Sous la chaleur accablante, le président de la République, vêtu d'un complet beige clair, a pris place en haut de la côte, l'une des principales difficultés de cette douzième étape, un appareil photo à la main. L'Espagnol Chozas, qui a franchi le col avec une confortable avance, a été le premier à avoir droit au cliché présidentiel...
Le reste des coureurs ont ensuite défilé, certains n'ayant de regard que pour le macadam surchauffé, tandis que d'autres, dans le peloton, ont eu le temps d'esquisser un petit geste de la main en reconnaissant ce spectateur inhabituel.
Le président de la République a également eu droit à un vibrant "salut de la Colombie" lancé avec un fort accent latino-américain depuis la voiture suiveuse de la radio-télévision colombienne.
Une fois le cortège des voitures-balai passé, M. Mitterrand, visiblement très détendu, a serré de nombreuses mains d'habitants des hameaux voisins et de vacanciers pressés autour de lui. Brigitte, une adolescente qui avait fait le pari de faire la bise au président a pu réaliser son souhait sous l'oeil amusé de ses copines.
"J'ai déjà assisté à de nombreuses arrivées et passages du Tour de France" a confié M. Mitterrand, qui a fait part de son estime pour Bernard Hinault, le maillot jaune, "toujours capable de se surpasser". "Si j'avais un conseil à lui donner, a-t-il poursuivi, ce serait de toujours agir selon son instinct".
Mitterrand, qui était accompagné de M. Michel Vauzelle, porte-parole de l'Elysée, et de M. Richard Mariller, directeur adjoint du Tour et ancien résistant du maquis du Vercors, a repris son hélicoptère vers 16h15.
Il s'est rendu à Val-Chevrière, toujours dans le massif du Vercors, pour participer à une cérémonie commémorative devant un monument rappelant l'un des hauts faits de la Résistance dans ce secteur.
La Nouvelle République, Jeudi 11 Juillet 1985.
Antenne 2, Le Journal du Tour, Mercredi 10 Juillet 1985.