Rocade-fiction
MAIS QUAND VERRA-T-ON LE BOUT DU TUNNEL?
L'an passé, presque à la même époque, le projet n°4 du franchissement de la vallée du Clain par la rocade sud-est, pourtant approuvé par les assemblées départementales et districales après moult révisions et corrections, était repoussé in-extrémis, par l'autorité de tutelle, parce que finalement jugé incompatible avec la protection du site.
La tracé retenu s'étirait, en effet, le long du Clain dans le remarquable domaine de La Chevrelière et menaçait directement le fragile piton du "Roc-qui-boit-à-midi".
A la demande du ministre de l'Environnement et du Cadre de Vie, la S.A.G.E.T.O.M. se chargeait d'une étude d'impact et le projet retournait à "ses chères études".
C'est au vu de ces nombreux rapports que, le 31 mai et le 16 juin, que les deux assemblées viennent, tour à tour, de porter leur choix sur le tracé n°6.A...mais bien audacieux serait celui qui oserait affirmer que "cette fois, ça y est, ça va marcher!".
En effet, si ce projet, concoté pr la D.D.E., comporte un certain nombre de correctifs par rapport au précédent, il n'offre pas moins le flanc à de sérieuses objections à dominantes écologiques ou financières, selon qu'il s'agit de l'option n°6 ou de sa variante 6.A.
Force et faiblesses du tracé n°6
Le progrès, par rapport au tracé n°4, rejeté l'an passé, est que le franchissement de la vallée du Clain se fait au plus court (moins de nuisances pour les riverains et le site), rejoignant en cela la suggestion de la Société pour la protection de la nature et de l'environnement.
Mais à la différence de cette dernière, ce serait un remblias et non un viaduc de 280 mètres qui couperait purement et simplement la propriété en deux.
L'autre problème d'environnement posé par le n°6, est qu'en raison de l'importante dénivellation, la rocade devra franchir la crête du coteau dans une profonde tranchée, ce qui paraît assez désastreux tant pour l'esthétique générale du site que pour la préservation de la flore et surtout de la faune, reconnues comme exceptionnelles précisément en cet endroit.
Une fois sur le plateau "est", la rocade comme encore un "sacrilège" en coupant la longue allée de tilleuls (reliant la propriété à la route de Saint-Benoît) qui serait en instance de classement.
A ces différents inconvénients écologiques, le tracé n°5 de la S.P.N.E. propose deux parades: un viaduc, nous l'avons dit pour franchir la vallée du Clain en "altitude"; d'autre part, le raccordement du nouveau tronçon, non pas à l'extrêmité de la rocade "est", mais quelques centaines de mètres plus loin, près du château d'eau, ceci pour épargner les tilleuls et s'éloigner du Clos-Gautier (mais en reportant l'intersection à la hauteur de Saint-Cyprien).
Il en coûterait à peu près 53 millions de francs selon les premières estimations.
Mais outre que les spécialistes estiment le projet préjudiciable au niveau du foncier (un argument discutable), il apparaît que la ligne de crête serait tout de même touchée par un déblai moyen et l'idéal imposerait de prévoir en prolongement un viaduc, un tunnel...dont le coût bien sûr, devrait être ajoutée à la somme déjà avancée.
Ecologie, finances et politique
Ce tunnel, les élus départementaux et districaux le réclament énergiquement pour le tracé n°6 qu'ils ont, pour leur part, estimé le moins mauvais, à condition toutefois d'épargner la crête du coteau.
Et sa réalisation pourrait peut-être faire admettre ce tracé par les défenseurs de l'environnement, mais son financement est loin d'être acquis!
Compte tenu de l'hétérogénéité du terrain, le coût de réalisation de cet ouvrage de cent cinquante mètres a été évalué à vingt-cinq millions de francs qui s'ajouteraient aux vingt-sept millions prévus pour le tracé n°6 sans le tunnel.
Les élus départementaux et districaux ont bien demandé au ministre de l'Environnement de prendre à sa charge ce surcoût mais il n'est pas évident que celui-ci soit disposé à accomplir un tel geste et, dans ce cas - dans l'état actuel de la procédure - c'est le tracé n°6 qui (avec sa tranchée) serait soumis à l'enquête publique et, à la suite de cela, serait réalisé...ou, une fois encore renvoyé sur les tables à dessin!
"On a surestimé le coût du tunnel et, en fait, ce que veut le ministre c'est empêcher le projet d'aboutir avant la fin de notre mandat", s'insurge Jean-Jacques Pensec, adjoint au maire, communiste.
Il estime aussi qu'il appartient aux Poitevins de faire connaître leur avis dans cette affaire (l'invstissement est-il en rapport avec l'intérêt su site?) et le cas échéant d'appuyer massivement leurs élus auprès des représentants de l'Etat pour obtenir le tunnel.
Décidément, la rocade sud-est ne semble pas devoir s'insérer plus aisément dans le paysage politique que dans le site de La Chevrelière.
YVES THIOLLET
La pente importante du tunnel et ses cent cinquante mètres de longueur, outre qu'ils écarteront cyclistes et cyclos, poseront assurément un certain nombre de problèmes techniques...même si acteullement l'éclairage et la ventilation ne sont pas jugés nécessaires.
La Nouvelle République, seconde moitié du mois de Juin 1980.