SOCIAL
Manifestation maintenue à Poitiers
La coordination étudiante et les syndicats maintiennent leurs mots d'ordres à manifester, aujourd'hui à Poitiers. Les uns appellent à un débat de fond, les autres à une poursuite du mouvement.
Pas question de baisser la garde. Du côté des syndicats comme de la coodination étudiante, le ton restait ferme et revendicatif, hier, après l'annonce du retrait du CPE. La coordination étudiante a annoncé dès le matin qu'elle maintenait son appel à la manifestation, aujourd'hui, à 14h30, au départ du stade Rebeilleau. Les syndicats ont eux aussi confirmé la manifestation départementale programmée à 17h sur la place d'Armes.
"Nous leur devons au moins ce mardi ce soutien-là. Un soutien qui est pour nous inconditionnel. L'appel à la manifestation est maintenu non pas pour sabler la victoire mais parce qu'il reste des revendications non satisfaites: le nombre de postes ouverts au CAPES, labrogation de la loi Fillon...Le CNE reste aussi sur la table", résume Alain Barreau (FO). Analyse partagée par Christophe Massé (CGT) : "Le CPE n'existe plus mais le CNE, c'est la même chose."
"Un exercice de citoyenneté"
Composé des coordinations étudiante et lycéenne, de la FSU, des Solidaires, l'Attac, d'AC! 86, de la FCPE, de Raison d'Agir, de Rénover Maintenant 86, des Alternatifs, de la LCR, du PCF et des Verts, le collectif 86 pour le retrait du CPE reste sur la logne dure: "3 millions de personnes dans la rue, est-ce que c'était juste pour le CPE ou pour un malaise plus profond?" Soutenue par le collectif, la coordination lycéenne devrait, pour sa part demande la tenue d'assemblées générales dans les lycées, en présence d'étudiants, de parents et d'enseignants. Un nécessaire "exercice de citoyenneté", commente Bertrand Geay.
Du côté des facultés poitevines et de la présidence de l'université, on attendait hier la décision de l'assemblée général des étudiants prévue aujourd'hui, à 13 h, au Stade Rebeilleau, pour décider d'une éventuelle reprise des cours. Le conseil d'administration de l'université s'est réuni hier après-midi mais n'a pas fait de déclaration publique.
Alain DEFAYE
Epilogue
Après plus de deux mois de crise
le CPE est enterré
Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont effacé le CPE au profit de mesures pour les jeunes en difficulté. Les syndicats saluent une victoire. L'opposition savoure les dégâts politiques à droite.
Face à l'aggravation de la crise du CPE, Jacques Chirac est à nouveau monté en première ligne pour, tout en ménageant Dominique de Villepin, prononcer la mort du Contrat première embauche qu'il aura tenté de sauver jusqu'au bout.
Les respnsables du dossier, réunis autour du chef de l'Etat, n'avaient pas franchi le perron de l'Elysée que la présidence annonçait, dans un bref communiqué, l'abandon du contrat contesté et son remplacement par un dispositif pour jeunes en difficulté.
"Sur proposition du Premier ministre et après avoir entendu les présidents des groupes parlementaires et les responsables de la majorité, le président de la République a décidé de remplacer l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté", a indiqué l'Elysée.
Alors que les opposants au CPE ne désarmaient pas, Jacques Chirac a tranché en optant pour la disparition de la mesure, choix qu'il a pris soin de présenter comme émanant de Dominique de Villepin.
Il était vital que Jacques Chirac "arrête le chaos, car la crise sociale menaçait de devenir une vraie crise politique", juge Dominique Reynié, professeur à Sicences-Po. Pour lui, "l'affaire était devenue un objet de querelle démesurée et hors de contrôle entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy."
La chèvre et le chou n'allaient plus ensemble
Alors qu'il avait à plusieurs reprises plaidé pour le CPE, Jacques Chirac avait déjà dû faire machine arrière: le 31 mars, il annonçait la promulgation de la loi litigieuse, tout en demandant que son article créant le nouveau contrat ne soit pas appliqué. "Le Président pensait alors qu'il fallait donner au maximum sa chance à cet instrument utile pour l'emploi", assure son entourage.
Mais l'ampleur des manifestations du 4 avril, puis les déclarations des partenaires sociaux aux parlementaires ont convaincu l'exécutif que le malaise dépassait largement le CPE et qu'il n'échapperait pas au retrait.
Pour Stéphane Rozès, de l'institut CSA, il était devenu "impossible pour le président de ménager la chèvre et le chou".
La Nouvelle République, Mardi 11 Avril 2006.
FR3 Poitou-Charentes, 19/20, Sophie Goux, Lundi 10 Avril 2006.
Centre Presse, Mardi 11 Avril 2006.
Récapitulatif de la crise à partir de 13 minutes.
France 2, 20h, David Pujadas, Lundi 10 Avril 2006.