POITIERS - Etudiants, lycéens et syndicats unis pour un deuxième blocus de la ville
Blocus, et de deux
Les étudiants et les lycéens ont de nouveau procédé à un blocus du centre-ville de Poitiers, hier. Pour cette deuxième édition chox, les syndicats se sont joints au mouvement durant lequel la Porte de Paris a servi de QG improvisé.
DEUX semaines après le premier blocus de Poitiers le 22 mars, bis repetita hier matin. Cette fois, même les syndicats ont décidé de se joindre à l'action initialement menée par les étudiants et les lycéens.
6h30. Heure du rassemblement. Le parking de l'amphi J sur le campus et la place Leclerc du centre-ville sont envahis par plusieurs centaines d'étudiants, lycéens et syndicalistes motivés bravant la pluie et le froid.
Le succès de la manif de la veille a renforcé leurs positions.
Les chats et les souris
7h. En moins d'une demi-heure, les principales voies d'accès au coeur de la ville sont obstruées. Pénétrante, Porte de Ville, Pointe à Miteau, Pont-Neuf, avenue Kennedy, Porte de Paris et même les Portes du Futur à Chasseneuil-du-Poitou. Mais à la différenc du mouvement précédent, les forces de l'ordre avaient, semble-t-il, reçu le mot d'ordre de débloquer rapidement la situation...
A peine une heure plus tard, dans les différentes zones de blocage, un inévitable jeu du chat et de la souris s'installe entre les CRS (de Poitiers) et les manifestants. Tu me débloques, je te bloque..." Un petit jeu - le plus souvent bon enfant- qui a duré toute la matinée.
Porte de Paris, le QG
Dans le même temps, un petit village d'irreductibles du CPE goûte aux joies d'un blocus frileux et pluvieux. Où? A la Porte de Paris...Dès l'aube, une centaine d'étudiants et de lycéens, des dizaines de syndicalistes ont investi cette place stratégique. Les palettes de bois apportées par le camion FO, les barrières et les grosses pièces du chantier voisin servent à l'installation de barricades filtrantes. 8h, le carrefour est totalement fermé.
Sur place, Alain Barreau, de FO 86, ne cache pas sa satisfaction. "Opération réussie, clame-t-il. Les syndicats ne sont là qu'en soutien des étudiants et lycéens. Il faut les féliciter pour l'organistation et pour leur pacifisme. FO a été plus loin en apportant un soutien technique et logistique".
Au micro, les leaders étudiants donnent les premières informations: "Blossac repris. Pénétrante évacuée." La Porte de Paris se transforme en quartier général de l'état-major.
Le dernier bastion
11h. Après plusieurs informations contradictoires sur une possible intervention des CRS, les manifestants décident de faire une cagnotte pour un barbecue improvisé. 12h, les premières merguez et saucisses grillent sur les grill. 12h, on mange!
13h, la coordination étudiante reprend le mico pour mettre en place l'évacuation et de possibles blocus d'autres rues. Les téléphones portables fonctionnent à plein régime. Selon les dernières informations, à 14h15, la Porte de Paris est le dernier bastion. 14h30 les CRS arrivent...et repartent.Une poche de résistance est annoncée avenue Kennedy. 15h30 les CRS reviennent et...avancent sur la Porte de Paris.
A 15h45, la Porte de Paris est libérée. Le blocus est officiellement terminé à 17h.
Samy Magnant
EDUCATION
CPE
Blocus des lycées, plus de 20 plaintes déposées
Le recteur demande "le respect de la liberté d'étudier"
LE recteur de l'académie de Poitiers a demandé hier que "la liberté d'accès des établissements soit respectée", face aux perturbations engendrée dans les lycées de son académie par le mouvement anti-CPE. Dans un communiqué, Frédéric Cadet indique que sur l'ensemble des quatre départements de la région, depuis le début des manifestations, plus de 20 plaintes ont été déposées pour dégradations ou pour violences aux personnes. "Des altercations entre des personnes bloquant les accès aux établissements d'enseignement et d'autres souhaitant une libre cireculation ont eu lieu ces derniers jours. Grâce au sens du dialogue des chefs d'établissement comme de leurs équipes, aucun accident portant atteinte de manière grave aux personnes n'est à déplorer à ce jour" précise-t-il.
Dans l'intérêt des élèves
Il souhaite que "la raison prévale et que tous les établissements scolaires de l'académie puissent retrouver rapidement la sérénité nécessaire à l'exercice de leur mission d'éducation. Les établissements doivent être accessibles à tous ceux ui souhaitent assister aux cours". Il rappelle en effet qu'alors que se profilent, avec la fin de l'année scolaire, les périodes de l'orientation et des examens, l'intérêt des élèves est avant tout d'assister aux cours. Le recteur demande que "la liberté d'étudier soit respectée par chacun, adultes et lycéens".
Centre Presse, Jeudi 6 Avril 2006.
Centre Presse, Samedi 7 Avril 2006.
Toute la journée,
étudiants et CRS ont joué au chat et à la souris
Entamé hier au petit matin en huit points stratégiques, le second blocus de Poitiers tenu par quelque cinq cents anti-CPE s'est poursuivi jusque vers 17h.
Pour la seconde fois en quinze jours, les étudiants anti-CPE, aidés cette fois de représentants de plusieurs synidcats (CFTC, CGT, CNT et FO) se sont rendus maîtres, hier matin, des principales entrées de Poitiers. Si le 22 mars dernier, l'ultime rassemblement au Pont-Neuf avait été dispersé par les gendarmes mobiles en fin de matinée, hier, les étudiants ont tenu jusqu'à près de 17h. Essentiellement grâce à un incessant jeu du chat et de la souris qui s'est poursuivi tout au long de la journée.
Entre 7h et 7h30 la ville bloquée en huit endroits
Une journée débutée à 6h45 sur place d'Armes et au même moment sur le parvis de l'amphi J au coeur du campus. Malgré une pluie battante et un froid glacial, environ cinq cents personnes étaient réparties sur les deux sites. Beaucoup d'étudiants mais aussi des lycéens et des syndicalistes qui en quelques minutes ont formé des groupes chargés d'aller prendre position sur huit lieux stratégiques donnant accès à la ville. Entre 7 et 7h30, la ville s'est ainsi retrouvée bloquée.
Utilisant des balles de paille livrées par les paysans de la Coordination rurale (lire par ailleurs), des palettes de bois, des barrières métalliques, des palissades ou, comme à la Porte de Paris, d'énormes tuyaux d'adduction d'eau trouvés sur le chantier voisin, les étudiants ont confectionné d'infranchissables obstacles. Laissant toutefois circuler les véhicules d'urgence et dégageant au coup par coup un passage. Ici pour un véhicule de la Poste, là pour un fourgon de denrées périssables. Plusieurs automobilistes ont néanmoins fort peu apprécié ce nouveau blocage et l'ont fait savoir de manière parfois extrêment vive.
Après une heure de paralysie, des CRS ont entamé de réduire chacun des barrages. Prmier lieu d'intervention, la Pénétrante libérée avant d'être reprise plus tard. Scénario identique sur les autres poins de blocage où, comme à la porte de ville à Blossac, les anti-CPE se sont laissés chasser pacifiquement avant de s'éparpillerr et de revenir une fois les CRS partis. Une stratégie qui s'est poursuivie jusqu'à la fin de la matinée.
En début d'après-midi alors que la circulation était partout redevenue normale, le barrage de la Porte de Paris, en place sans discontinuer depuis 7h25, était le seul encore en place.
Peu avant 15h, une soixantaine de CRS ont alors démonté les barricades et ont repoussé les anti-CPE vers le boulevard Chasseigne. Sur plusieurs dizaines de mètres, les étudiants ont tranquillement reculé en réclamant "des bisous et des câlins" ou bien en lançant ironiquement: "CRS en colère, le pastis il est trop cher". Atteignant l'église Montierneuf, les manifestants ont cavalé par les derrières vers la Porte de Paris qu'ils ont repris sans difficulté avant d'en être chassés sans incident. Au bout d'une heure de face à face sur le boulevard du Grand-Cerf, les étudiants ont finalement décidé de filer tranquillement vers la voie Malraulx où ils ont repris positon quelques instants. Avant d'être, là encore, délogés aux alentours de 17h.
Le temps de savourer place Notre-Dame "une mission réussie" et les moins fourbus des manifestants se sont dirigés place d'Armes pour participer à un rassemblement contre les lois Sarkozy.
Jean-Jacques ALLEVI
IMPACT
Les manifestants atteignent leur objectif
Poitiers s'était transformé en quasi-désert, le 22 mars, lors du premier blocus organisé par les étudiants opposés au mouvement anti-CPE. Tel n'a pas été le cas hier. Sauf aux premières heures de la matinée, la ville est restée accessible pour qui suivait, sur France Bleu Poitou, l'évolution des barrages mobiles.
Les manifestants n'en ont pas moins atteint leur objectif en perturbant sérieusement la vie économique de l'agglomération. Si nombre de salariés avaient pris leurs dispositions, les usagers des lignes de Vitalis ont souvent attendu en vain leur bus. Sortis normalement en début de matinée, ils ont été rappelés au dépôt dès 8h: "On les envoyait sur les barrages et on ne faisait qu'aggraver le blocage." Trois lignes ont été remises, en service en fin de matinée: la 9C qui dessert Notre-Dame et le campus, puis la 8, entre Saint-Eloi et Poitiers Ouest, et la 4 pour Les Couronneries. Le service Allo Bus a reçu une avalanche d'appels.
Morne journée, pour nombre de grandes surfaces des Portes du Futur, à Chasseneuil. De Conforama à Boulanger, beaucoup de commerce n'ont guère vu de clients, le matin. Le chiffre d'affaires de Leroy-Merlin a baissé de 15%. Mac Donald's, en revanche, n'a guère souffert du blocus: les manifestants sont venus s'y réchauffer et manger.
A.D.
La Nouvelle République, Jeudi 6 Avril 2006.
Sujet sur Poitiers à partir de 4 minutes.
France 2, 20h, David Pujadas, Mercredi 5 Avril 2006.