PROFESSION: MENTEUR
Un informaticien lyonnais de 21 ans s'est mis à son compte. Pour 60F, il propose le mensonge d'excuses téléphoné!
LYON - "Louez un menteur professionnel". Un informaticien-conseil de 21 ans s'est mis, depuis 15 jours, à son compte en proposant, par petites annonces, le mensonge téléphoné au prix de 60F l'unité.
"Allo, je suis un copain de régiment de votre mari de passage à Lyon. Pouvez-vous lui demander de me le rappeler". "Allo, passez-moi le chef de service, mon épouse est alitée. Elle sera absente toute la journée". Erich Cappelli, spécialiste du mensonge téléphonique, loue ses services uniquement pour l'excuse d'absence.
Ce jeune cadre dynamique en rupture d'emploi, a fondé le "cabinet Cappelli", en cours d'inscription au registre du commerce. Sa clientèle, recrutée par petites annonces, se partage également entre hommes et femmes. "Une majorité font appel à mes services pour des affaires d'adultère" explique Erich Cappelli, "viennent ensuite les absences professionnelles ou les invitations amicales".
"Je connais des gens qui assistent à toutes les projections de diapositives de vacances ou qui se sentent obligés de venir écouter le petit prodige interpréter des sonates au piano. Maintenant, grâce à mon service, on peut échapper facilement à des invitations ennuyeuses", souligne-t-il...
Pour un mensonge par procuration, le client doit remplir une fiche de renseignements et une décharge qui met à l'abri le "Cabinet Cappelli" de poursuites éventuelles. "Si le client est pressé, je peux prendre les renseignements par téléphone avec le risque de ne pas être payé", ajoute M. Cappelli.
Pour son installation, outre la ligne téléphonique, ce "menteur libéral" s'est doté d'un magnétophone et de quelques cassettes de bruitage, notamment de machines à écrire. Le client peut éventuellement recevoir une facture pour cette prestation de service.
"J'ai l'intention d'en rester au stade artisanal, car je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'avenir dans le mensonge, ajoute-t-il, mais il est certain qu'on pourrait imaginer de lancer une entreprise de leurre à grande échelle avec vrais-faux bureaux, personnel bidon, etc...".
Centre Presse, début novembre 1984.