Syrie. Que cherche vraiment Vladimir Poutine?
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Selon le “Daily Telegraph”, la Russie s’apprêterait à construire une base militaire en Syrie. Une stratégie risquée au moment où les Européens envisagent des frappes contre Daech… en Syrie.
Alors que les Européens s’interrogent de plus en plus sur l’opportunité de frappes aériennes contre l’Etat islamique en Syrie, Vladimir Poutine a confirmé pour la première fois vendredi 4 septembre, en marge du forum économique de Vladivostok, l’engagement russe auprès du régime de Bachar El-Assad, explique le Daily Telegraph. “La Russie apporte un soutien logistique important à l’armée syrienne et entraîne ses soldats”, a-t-il confié à l’agence de presse Ria Novosti (repris par le quotidien britannique), ajoutant que Moscou voulait “créer une coalition internationale contre le terrorisme et l’extrémisme.”
Citant des sources américaines, le Daily Telegraph avance par ailleurs que la Russie a “construit une tour de contrôle et transporté des bâtiments préfabriqués pouvant accueillir jusqu’à 1000 personnes dans le port syrien de Lattaquié, le fief de Bachar El-Assad.” “La Russie, poursuit le journal, aurait également sollicité des pays voisins une autorisation de survol pour des avions militaires au cours du mois de septembre.”
Cette information, si elle se confirme, contredit la stratégie des Occidentaux et notamment des Américains, estime le quotidien britannique. Il rappelle qu’au cours de leur rencontre, vendredi 4 septembre, Barack Obama et le monarque saoudien, le roi Salmane, ont “conditionné tout réglement durable de la crise à la fin du régime d’Assad.” Samedi, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a fait part de sa préoccupation face aux mouvements russes en Syrie, rapporte le New York Times, affirmant que cela pourrait conduire à “une confrontation” avec la coalition conduite par les Américains.
Malgré tout, “la marge de maeuvre de la Russie dans ce conflit semble assez limitée”, analyse l’Orient le jour. “Mais Moscou ne lâchera pas Bachar El-Assad avant d’obtenir des garanties sur ce que sera l’avenir de la Syrie. Il cherche pour l’instant à gagner du temps et à redonner du crédit au régime en place”, écrit le quotidien libanais.
De leur côté, submergés par les réfugiés qui arrivent notamment de Syrie, les Européens réfléchissent à une stratégie pour endiguer ces mouvements de population en s’attaquant au problème “à la source”, pour reprendre l’expression du Chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances) George Osborne, cité par le Daily Telegraph. Samedi, le quotidien le Monde annonçait que Paris envisageait des frappes aériennes contre Daech en Syrie. “François Hollande doit préciser ses orientations lundi 7 septembre lors de sa conférence de presse”, annonce le journal.
Le débat a très vite rebondi outre-Manche. Très critiqué pour son intransigeance face aux réfugiés, le Premier ministre britannique devrait lui aussi annoncer des mesures lundi pour accueillir des milliers de migrants en plus. Il doit aussi faire face aux pressions qui se multiplient pour réclamer une campagne de bombardements aériens en Syrie. S’il ne l’a pas exclue, David Cameron ne se lancera pas sans un vote au Parlement. “Mais il n’a pas besoin pour cela du soutien de tous les partis”, expliquait dimanche George Osborne.
Dimanche encore, dans une tribune remarquée publiée dans le Daily Telegraph, l’ancien archevêque de Canterbury, Lord Carey, a lancé un appel très clair en ce sens en affirmant qu’il “n’était pas suffisant d’envoyer de l’aide en Syrie ou d’accueillir des milliers de réfugiés.” Pour lui, Daech doit être “écrasé une fois pour toutes, et des frappes aériennes brtianniques ou toute autre forme d’assistance militaire” peuvent y contribuer.
Courrier International, 06 Septembre 2015.