Le ministre des Finances grec rencontre ce vendredi les créanciers du pays, à Bruxelles, pour trouver un accord sur un énième plan de financement. Les grands titres nationaux s’inquiètent de la perspective de voir la Grèce sortir de la zone euro.
“Rendez-vous crucial à Bruxelles”. Le titre en une du quotidien Kathimerini en dit long sur la tension qui remonte entre le gouvernement grec et ses créanciers publics (Union europénne, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité, Fonds monétaire international). Des créanciers dont les hauts représentants doivent boucler la deuxième revue des comptes grecs afin de verser la tranche d’aide prévue dans le troisième plan de financement, accordé en juillet 2015.
Ce vendredi, Euclide Tsakalotos, le ministre des Finances, se rend dans la capitale belge pour s’accorder sur une marche à suivre avec les créanciers”, croit savoir Kathimerini, qui s’inquiète vivement de l’avenir du pays. Le journal relate les publications de la presse étrangère ravivant le spectre du Grexit (contraction de Grèce et ‘exit’, soit la sortie du pays de la zone euro). Il reprend un extrait d’une interview de l’économiste Paul Krugman, dans le journal allemand Handelsblatt :
Jusqu’à présent, l’économie ne s’en sort pas à cause de la récession, la crise de l’euro pourrait donc repartir. Il faut comprendre que le nœud qui étouffe la Grèce doit être desserré. Il est insensé de demander un excédent budgétaire de 3,5 %.”
Au même moment, le site de l’hebdomadaire Protothema reprend un article de The Economist, exposant les trois raisons qui rendent crédible la sortie de la Grèce de la zone euro :
Le risque d’un défaut de paiement désordonné est moindre, les ménages sont moins exposés, et un nombre toujours plus élevé de Grecs pensent que le retour à une monnaie nationale ne sera pas pire que ce qu’ils traversent.”
Ainsi, le site Voria.gr reprend l’enquête d’opinion de l’Institut Alco, publiée dans le mensuel ZERO en janvier. Selon le sondage, 53 % des Grecs considèrent l’entrée dans la zone euro comme une erreur. Et ils sont entre 31 et 42 % à vouloir un retour à la drachme, l’ancienne monnaie, selon cette enquête d’opinion.
Pour Efimerida Ton Syntakton, le projet pour la Grèce influence directement les élections en Hollande et en Allemagne, respectivement en mars et en septembre. Dans son éditorial titré “L’austérité est la clé”, le journal proche du gouvernement d’Alexis Tsipras estime que le degré d’austérité demandé définira la suite des négociations.
Les pays partenaires qui continuent d’exiger plus d’austérité doivent regarder la situation avec calme et faire en sorte de boucler la deuxième évaluation. La raison : l’incertitude prolongée dans la zone euro facilite les projets de Donald Trump, qui souhaite participer à la dislocation de l’Union européenne.”
“L’assouplissement de l’austérité pourrait donc apparaître comme un recul des gouvernements allemand et hollandais sur la question, mais cette stratégie devrait leur permettre de se sauver aux élections. Ce n’est pas un hasard si les formations politiques anti-austérité, objectivement ou démagogiquement, se renforcent à chaque nouveau scrutin”, prévient Efimerida Ton Syntakton.
Courrier International, 10 Février 2017.