La "doctrine Brejnev"
Le nom de Leonid Brejnev est lié à la "doctrine de la souveraineté limitée des pays socialistes" qui avait été évoquée pour la première fois à l'occasion de l'intervention militaire en Tchécoslovaquie, en août 1968.
Cette doctrine a été interprétée comme l'affirmation par l'URSS de son "devoir internationaliste" d'intervenir dans les pays "frères" dans le cas où les régimes socialistes y seraient menacés.
Le 3 juillet 1968, au cours d'un meeting en l'honneur de Janos Kadar*, qui venait de remercier l'URSS pour son intervention à Budapest en 1956, Leonid Brejnev avait souligné: "l'URSS ne peut être et ne sera jamais indifférente au destin de l'édification du socialisme dans les autres pays, ainsi qu'à la cause du communisme mondial". Quelques semaines plus tard, les armées de cinq pays du Pacte de Varsovie intervenaient en Tchécoslovaquie et mettaient fin au "printemps de Prague". A la suite de ces évènements, le maréchal Tito fut le premier à évoquer - pour la condamner - la doctrine de la souveraineté limitée des pays socialistes".
Devant le congrès du PC polonais, le 12 novembre 1968, Leonid Brejnev avait justifié l'intervention militaire en Tchécoslovaquie en soulignant: "Lorsque des forces intérieures et extérieurs au socialisme tentent d'orienter l'évolution d'un pays socialiste et de pousser au rétablissement de l'état des choses capitalistes (...) cela devient non seulement un problème pour le peuple de ce pays, mais aussi un objet de préoccupation pour tous les pays socialistes".
La "doctrine Brejnev" n'a jamais été reconnue en tant que telle par les dirigeants soviétiques et a toujours été mise au compte de l'imagination des "ennemis du communisme". Néanmoins, la thèse du "devoir internationaliste" défendue par Leonid Brejnev a soulevé une vive opposition au sein même de la communauté socialiste, de la part de la Yougoslavie et la Roumanie, qui entendent régler seuls leurs problèmes intérieurs.
Cette doctrine a été appliquée en 1979, lors de l'entrée des troupes soviétiques en Afghanistan, en décembre de cette même année, "appelées" par les dirigeants afghans en place.
Centre Presse, Vendredi 12 Novembre 1982.
Janos KADAR (1912-1989): Premier secrétaire du Parti Socialiste Ouvrier Hongrois de 1956 à 1988.
Le complément de PPP
La doctrine Brejnev (1968)
Nous ne pouvons accepter que des forces hostiles fassent dévier votre pays de la voie du socialisme et menacent d’arracher la Tchécoslovaquie à la communauté socialiste. Sur ce point, vous n’êtes déjà plus seuls en cause. Il s’agit de la cause commune de tous les partis et de tous les États communistes et ouvriers qui sont unis par leur alliance, leur coopération et leur amitié. C’est la cause commune de nos pays, qui se sont unis dans le pacte de Varsovie afin d’assurer leur indépendance, ainsi que la paix et la sécurité en Europe, et de dresser une barrière insurmontable devant les menées des forces impérialistes de l’agression et de la revanche. […] c’est pourquoi nous considérons que ce n’est pas seulement votre tâche, mais aussi la nôtre, de repousser énergiquement les forces anticommunistes et de lutter vigoureusement pour maintenir le régime socialiste en Tchécoslovaquie.
Lettre adressée au Comité central du Parti communiste de Tchécoslovaquie par les chefs de parti et de gouvernement d’URSS, Pologne, Bulgarie, Allemagne de l’Est et Hongrie le 15 juillet 1968, cité par Aziz Hasbi, Traité des relations internationales, L’Harmattan, 2004, p. 127.
Pris sur cndp.fr