Assis devant la carte des grands axes routiers français, M. Vochel, préfet de région, écoute les doléances de M. Réthoret, député d'Angoulême. (Photo Guy Meingault)
Suite de l'article: "Si l'autoroute A-10 ne passe pas à Angoulême LA CHARENTE MENACE DE FAIRE SECESSION!"
"Nous quitterons la région"
Il devait dire notamment: "Je vous demande, au nom de la Charente, de transmettre cette motion au ministre Chalandon. Au cas où des mesures ne seraient pas prises, il faut vous dire que le mécontentement sera grand chez nous et que cela se traduira par des manifestations d'un autre ordre. Nous irons jusqu'à demander de quitter la région Poitou-Charentes pour être rattachés à l'Aquitaine". Ces mots furent vivement salués par les Charentais, qui se pressaient dans les salons de la préfecture.
M. Rethoret, député d'Angoulême, à son tour, prenait la parole pour exprimer, en termes sans ambages, la déception et les protestations des Charentais, pour cette décision "qui révolte le bon sens. Si Versailles et ses quatre cent mille visiteurs étaient en cause, oui, je comprendrais l'intérêt d'un tel tracé. Mais ce n'est pas le cas".
Me Chiron, maire d'Angoulême déclarait: "Nous ne voulons pas être traités avec désinvolture et ostrascisme. Je suis touché par cette décision, qui lèse Angoulême, ville la plus industrialisée de la région. Je fais appel aux villes de Poitiers, la Rochelle, Niort, et aux quatre départements, pour que le jeu régional soit réel. Je le fais avec beaucoup d'espoir et de fermeté."
MM. Peyrault conseiller général de Confolens, devait également définir le but de cette manifestation devant le préfet de région.
M. VOCHEL: "Ce problème se posera dans 5 ans"
Rappelant quelles considérations régionales et le processus qui ont abouti à la décision de la CODER succédant à la venue à Poitiers de M. Chalandon, M. Vochel déclara en substance:
"On ne peut pas dire que la CODER a pris sa décision à la sauvette. Elle s'est donné pour le première fois un délai de réflexion de 8 jours. Quand le ministre est venu, nous lui avons dit qu'il fallait compléter le schéma routier régional. Nous ne pouvions pas évoquer le projet de l'A. 10 puisqu'il s'agit d'un contrat réalisé par une société privée pour la période d'échénace de 1975 à 1976 et que le reste du projet se posera donc au delà dans le temps. Il faut que les esprits s'échauffent dès à présent sur cette question. En fait, poursuit le Préfet, cette réalisation se posera dans 5 ans. La CODER a traité l'autoroute dans une seconde approche par rapport à la RN 10 qui sera modernisée, puisqu'il s'agit d'une revendication régionale..."
Douze milliards d'A.F. de travaux sur la R.N. 10
M. Vochel poursuivit: "La RN10 sera élargie et toutes déviations réalisées, la CODER a nettement précisé que les travaux seraient exécutés, dès 1971.
Les travaux commenceront par Angoulême (2 milliards AF). Le projet proposé au gouvernement n'a pas engagé la totalité des fonds nécessaires mais il l'a été de sorte que les Pouvoirs Publics soient engagés.
Sur l'ensemble de la RN10 entre Châtellerault et la sortie de la région, les travaux s'élèvent à 12 milliards AF.
En outre, en dernière analyse en ce qui concerne le contrat de A. 10, le ministre se réserve le droit d'infléchir le tracé pour tenir compte des réalités économiques à condition que celles-ci soient démontrées.Dans 10 ans le problème sera différent. Votre avis d'aujourd'hui est aussi ferme, que celui des trois autres départements qui croient aux effets de l'A.10 sur son tracé. Vous avez devant vous le délai nécessaire pour modifier une forme de pensée..."
Un échange de vues
MM. Marcilhacy, sénateur de la Charente, conseiller municipal de Jarnac, et Marchive, président de la Chambre d'Agriculture de Charente, ont ensuite pris la parole intervenant dans le même sens que les précédents élus charentais.
CHALANDON: aucune décision n'est prise
Paris - "Le choix du tracé de l'autoroute A-10 entre Poitiers et Bordeaux, section qui ne sera réalisée qu'au VIIe Plan, n'a faut l'objet, jusqu'ici, d'aucune décision", indique un communiqué du ministère de l'Equipement et du Logement.
Des études économiques, visant à comparer des tracés suivant sensiblement l'actuelle route nationale numéro 10 et passant près d'Angoulême et un tracé par Niort et Saintes se rapprochant de la zone côtière, sont menées depuis plusieurs mois. Ces études n'ont pas encore abouti, précise le communiqué.
Parmi les avis que le gouvernement attend pour prendre sa décision, il y a celui de la C.O.D.E.R. Poitou-Charentes. Celle-ci a, en effet, été invitée par M. Albin Chalandon, ministre de l'Equipement et du Logement, à donner son opinion sur le choix d'un racé qui l'intéresse au premier chef, puisque toutes les variantes étuidées entre Poitiers et Bordeaux sont, en quasi totalité internes à la région Poitou-Charentes.
Centre Presse, Mercredi 13 Janvier 1971.