UN HUMOUR AUVERGNAT DOUTEUX DE LA PART DE BRICE HORTEFEUX...
Samedi 12 Septembre 2009
Le ministre de l'Intérieur affirme ne pas avoir tenu des propos sur l'origine ethnique d'un militant. Tout indique qu'il répondait pourtant à une remarque sur ce thème
Ce ne sont que quelques secondes. Mais elles vont peut-être peser sur l'avenir d'un ministre. Quelques secondes d'une vidéo qui fait l'un des plus gros buzz de l'année sur Internet depuis jeudi soir. Des images prises le week-end dernier lors du campus UMP à Seignosse. Cette vidéo diffusée jeudi par lemonde.fr a été filmée par un journaliste de Public Sénat. La chaîne couvrait l'événement avec LCP. Les patrons de LCP et Public Sénat, Gilles Leclerc et Gérard Leclerc, ont seulement admis hier après-midi dans un communiqué commun posséder des images qui « ressemblent » à celles diffusées sur le Web.
Images d'un journaliste
La diffusion tardive, hier, par Public Sénat de l'intégralité de la séquence ne laisse pourtant aucun doute. Il s'agit bien du même film dont l'extrait a été diffusé sur Internet. L'image prise par un photographe de « Sud Ouest » au moment de la scène (voir ci-contre) ne montre d'ailleurs qu'une seule personne en train de filmer. Cela met tout d'abord du plomb dans l'aile à l'hypothèse d'images trafiquées. Nous avons fait examiner ce film par des professionnels, les techniciens de la chaîne TV7 du Groupe Sud Ouest. Ils confirment que rien n'indique le moindre signe de montage dans cet extrait. Cette possibilité de « coupure » avait été évoquée hier dans nos colonnes par le jeune militant UMP Amine Benalia-Brouch, au centre de la polémique (lire son interview ci-dessous).
Ce n'est pas, cependant, la ligne de défense du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux. Ce dernier a seulement assuré n'avoir voulu faire « aucune référence à une origine ethnique du jeune militant » dans la phrase incriminée : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va... (lire ci-contre l'intégralité du dialogue). Il a affirmé dans un communiqué que ses propos portaient sur les Auvergnats, puis à des journalistes qu'il parlait alors des « photos », indiquant que « quelques photos ça allait... ».
« C'est notre petit arabe »
Pourtant, la retranscription du dialogue que nous avons faite avec des techniciens de TV7 est identique à celle du monde.fr et de Public Sénat. Brice Hortefeux répond bien, en la regardant, à une remarque de Marie Apathie, secrétaire départementale de l'UMP des Landes : « C'est notre petit arabe ». On y voit clairement cette dernière dire cette phrase. Il semble donc difficile d'interpréter les propos du ministre autrement qu'en réponse à cette remarque. Interrogé par « Sud Ouest », Marie Aphatie affirme qu'elle n'a jamais employé ces mots et continue à parler de montage. La vidéo et les faits montrent pourtant le contraire. Il va probablement être difficile, pour Brice Hortefeux et la responsable de l'UMP des Landes, de conserver longtemps cette ligne de défense.
« Sud Ouest ». Comment vivez-vous cette tempête médiatique qui s'est abattue sur vous jeudi soir ?
Amine Benalia-Brouch. Je la vis bien, à part que je trouve que c'est une polémique qui n'a pas lieu d'être. Il y a des sujets bien plus importants en ce moment en France qu'une vidéo sur Brice Hortefeux et moi-même.
Dans la vidéo mise en ligne, Brice Hortefeux déclare : « Il ne correspond pas au prototype ». Est-ce une allusion à vos origines ? Ou a-t-on mal compris ?
Je pense que ça a été mal perçu et mal compris parce qu'il devait y avoir quatre ou cinq discours qui se tenaient en même temps dans la foule. Or, on entendait bien Brice Hortefeux parce qu'il était à côté de ce monsieur qui prenait cette vidéo, mais bizarrement mes propos à moi on ne les entend pas. Et pourtant je n'ai fait que parler.
Et vous, comment comprenez-vous ce terme « prototype » ?
Il répondait à une autre personne. Il ne me parlait pas à moi. Je ne connais pas les discours périphériques qu'il y avait autour. On ne peut pas se permettre de dire que c'était par rapport à mes origines, parce que sinon ce serait prendre parti et on ne peut pas non plus lui mettre toute la faute dessus.
Toujours sur la vidéo, on entend Brice Hortefeux déclarer : « S'il y en a un, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes. » Là encore, il s'agirait d'une mauvaise interprétation ?
C'est ça. Je l'avais dit directement au « Monde » après la mise en ligne de cette vidéo qui a fait le buzz : il parlait des photos parce que quand je me suis mis entre les deux (NDLR : Brice Hortefeux et Jean-François Copé) j'ai demandé : « Bon on peut faire une photo. » Et il m'a dit : « Quand il y en a un, ça va, mais quand il y en a plusieurs c'est là où ça va moins bien... » Parce qu'il venait juste de faire des photos avec des Auvergnats et il était pressé de s'en aller.
On entend très clairement la phrase : « Il mange du cochon et il boit de la bière. » Là, il est clair qu'on parle de vous et que c'est une allusion directe à vos origines ?
Mais est-ce que c'est M. Brice Hortefeux qui a tenu ce propos ? Non. Donc, partout en France, on essaie de lui faire tenir des propos qu'il n'a pas tenus. Voilà pourquoi la polémique est née. Ce n'est pas M. Brice Hortefeux qui a tenu ces propos.
Qui les a tenus alors ?
Je ne sais pas. Je ne peux pas vous dire.
On croit reconnaître la voix de la secrétaire départementale de l'UMP.
On croit, mais je ne pense pas que ça soit sa voix parce qu'elle ne m'a jamais manqué de respect.
Pour vous, est-ce que tout ça est un coup monté ?
Oui. C'est ce que je dis depuis le début. Oui, c'est un coup monté pour créer cette polémique. Et du coup, on oublie tous les sujets essentiels qu'il y a en France.
Voici le verbatim, publié par « Le Monde », à l'origine de l'information, de la vidéo dans laquelle le ministre de l'Intérieur fait une réflexion équivoque sur un jeune militant UMP. La scène met en présence des militants UMP, dont un jeune homme appelé Amine, qui se fait prendre en photo avec Jean-François Copé, chef de file des députés UMP, et le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
Jean-François Copé (JFC) : « N'oubliez jamais un truc, il est auvergnat.
Brice Hortefeux (BH) : Je suis auvergnat.
JFC : Il est auvergnat, c'est un drame, c'est un drame.
BH :... enfin bon, je vais faire une exception.
Jeune militant (Amine Benalia-Brouch) : mais je me mets entre les deux.
BH : Voilà, entre les deux.
JFC : Oui... il n'y a aucun problème.
Des participants : Amine, Amine...
Un participant : Ah ça, Amine, c'est l'intégration, ça, c'est l'intégration.
Une participante : Amine, franchement...
BH : Il est beaucoup plus grand que nous en plus (à propos du jeune homme).
Un autre participant : Lui, il parle arabe.
(Rires de l'assemblée)
JFC : Ne vous laissez pas impressionner, ce sont des socialistes infiltrés.
Une participante : Il est catholique, il mange du cochon et il boit de la bière.
Amine Benalia-Brouch : Ben oui.
BH : Ah mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype, alors. C'est pas du tout ça.
(Rires de l'assemblée, dont Jean-François Copé)
Marie Aphatie : C'est notre petit Arabe.
BH :... Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes. Allez, bon courage. »