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PPP, le blog intégral: tout sur tout et un peu plus que tout, d'avant-hier, d'hier, d'aujourd'hui et peut-être de demain!

Bien avant la chute du Mur de Berlin , François Mitterrand avait anticipé la chute de l'URSS

Lors d'un dîner à Latché entre le Président Mitterrand et le Chancelier de RFA Schmidt, sont évoquées des questions stratégiques et géopolitiques  en Europe, période au cours de laquelle se ravivent les tensions américano-soviétiques. Tandis que le Chancelier lui fait part de voir de son vivant la réunification de l'Allemagne, celui-ci reste cependant sceptique sur le fait qu'elle intervienne avant l'an 2000.

Quinze ans après sa mort, les images de François Mitterrand dans le Sud-Ouest

Le Chancelier Helmut Schmidt et François Mitterrand à Latché, photo prise sur Sudouest.fr 

Mercredi 7 Octobre 1981

[...]

Le Président: Il vous faudra du temps pour atteindre la réunification. Elle est inscrite dans l'Histoire. Elle correspond à des réalités objectives et subjectives. Il faudra qu'une génération passe. Il faudra que l'empire soviétique se soit affaibli, ce qui interviendra dans les quinze ans.

(Pronostic intéressant: il voit la fin de l'URSS pour 1996...)

Le Chancelier: A mon avis, cela durera beaucoup plus longtemps!

 

 

En Janvier 1984, François Mitterrand rencontre Margaret Thatcher à Marly, entretien au cours duquel sont évoqués les divergences sur l'Europe, le conflit du Liban et la situation en Union Soviétique.

 

Lundi 23 Janvier 1984

 

[...]

Margaret Thatcher: On ne sait pas combien de temps cela va durer. Brejnev a été malade sept ans, cela peut aussi être le cas pour Andropov. Reagan n'a écrit qu'une lettre, d'ailleurs manuscrite, à Brejnev, mais ne l'a jamais vu.

 

François Mitterrand: Ils étaient de la même génération. Andropov, c'est autre chose. De toute façon, les Soviétiques ne veulent pas de la guerre. Leur armée n'est pas brillante et ils ont un souvenir atroce de la Seconde Guerre mondiale. Le problème, c'est que, s'ils redoutent la guerre, la paix ne leur profite pas non plus.

 

Margaret Thatcher: C'est vrai. Mais ils pourraient bénéficier de la paix s'ils cessaient de s'occuper du Tiers Monde et regardaient de près l'expérience hongroise. Leur population va finir par leur demander. Les vingt prochaines années sont essentielles: si nous les passons sans guerre, le pire sera derrière nous.

 

François Mitterrand risque un pronostic: l'URSS disparaîtra avant l'an 2000.

 

François Mitterrand: Je vais plus loin: à mon sens, à la fin du siècle, l'Empire soviéitque s'effondrera.Les jeunes espèrent davantage de consommation. Et la police ne peut l'empêcher. Il faut tenir et s'ouvrir. Il y aura alors des choses neuves. L'URSS ne tiendra pas la distance. Je ne verrais pas cela, mais, en l'an 2000, tout sera différent.

Margaret Thatcher: Je suis sceptique. Le passé d'Andropov va contre cette hypothèse. Mais il est possible qu'il existe quelqu'un au Politburo qui pense comme cela. Nous ne le connaissons pas.

C'est l'obsession de la Dame de fer: trouver des dirigeants soviétiques plus ouverts.

François Mitterrand: Seule l'armée pourra ralentir le déclin quand l'Empire commencera à se rompre. D'ici là, la modernité va envahir leur société. Les dirigenats ont cessé de tuer leurs opposants. C'est leur faiblesse! (Rires).

 

Source: Jacques Attali, Verbatim (T. I), p. 107 et p. 577, 1993, Fayard.

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