« 1989 , un vent de liberté »
Cette série de photographies a été effectuée à Pékin, Berlin et Bucarest alors que je travaillais pour l'agence photographique VU .
Le premier grand mouvement populaire qui bouscula cette année 1989 dans les pays dit communistes démarra courant avril en Chine à Pékin, pour se terminer tragiquement par l'écrasement de cette révolte le 4 juin. Avant la loi martiale décrétée le 20 mai et l'intervention de l'armée, Pékin était durant cette période hors de contrôle des autorités dans une ambiance festive. Les étudiants, rapidement rejoints et soutenus par une très grande majorité de la population, dénonçaient la corruption et exigeaient des réformes. démocratiques. Occupation prolongée de la place Tian An Men, création d'un syndicat ouvrier indépendant, soutiens aux revendications même à l'intérieur du Parti dont le secrétaire général en personne, extensions des manifestations dans toute la Chine, cela en fut trop pour la vieille garde qui décida de frapper très fort pour rétablir un pouvoir chancellant.
Début novembre 1989 un magazine m'envoya faire un reportage sur un quartier « underground » de Berlin Est, ou vivaient des artistes, situé près du célèbre mur. Alors que j'avais à peine pris contact avec certains d'entre eux, une immense manifestation se déroula le 4 novembre réclamant la démocratie. Le 9 novembre au soir les médias est allemands annoncèrent la chute du mur. Rendu très vite sur place, je ne vis d'abord âme qui vive...Les habitants de Berlin Est craignant un piège, ils attendirent que cette information fut relayée par les médias de l'ouest pour se précipiter en nombre. Les célèbres vopos et autres militaires n'avaient pas encore été prévenus par leur hiérarchie et mirent un certain temps à comprendre la situation... que la fin du rideau de fer était bien réalité.
Fin décembre 1989, après avoir raté le dernier vol pour Bucarest, un groupe de photographes et journalistes dont je faisais partie s'envolèrent pour Budapest et rejoignirent la capitale roumaine en voiture, Nous traversâmes ensuite une grande partie du pays dans une ambiance extrêmement tendue, la population et l'armée étant à la recherche de Ceaucescu, alors en fuite. A nôtre arrivée, des escarmouches se déroulaient encore dans la capitale mais l'intensité des combats avaient diminué. Un enseignant roumain me proposa d'être mon guide et me fit découvrir cette ville remplie de désolation par les nombreuses victimes mais ou la foule exprimait aussi sa joie de la fin de la dictature.
Manuel Vimenet
La folle année 1989! Bien que la France fêtait alors le bicentenaire de la prise de la Bastille, ce n'était pas elle qui allait être la star de cette année. C'était à l'Est. Quel extraordinaire parcours pour ce photographe d'avoir pu se trouver sur les lieux où l'Histoire s'écrivait en cette année charnière du XXème siècle.
Le Printemps de Pékin, la Chute du Mur et les premiers jours de la Roumanie post-Ceaucescu. La transition entre le monde d'avant et le monde moderne, ou les acteurs véritables étaient des amoureux de la liberté. En Chine, hélas, la répression a rétabli le calme, tant et si bien que le régime cherche par tous les moyens à faire oublier les évènements du printemps 89. En Allemagne, c'est la mise au pas d'un régime honni et à bout de souffle qui a amorcé l'effondrement du bloc communiste grâce à la mobilisation populaire. Alors qu'en Roumanie, la révolution du peuple tient plus du mythe en ce sens qu'elle a été initiée par des agents soviétiques. Mais là aussi, la liberté s'est acquise au prix du sang après d'intenses combats au coeur de Bucarest.
Du 3 au 26 février, cette expo est visible au Conseil Général de la Vienne. Et c'est gratuit.
Enfin, l'auteur m'a confirmé que le 9 novembre 1989, il n'a pas vu Nicolas Sarkozy à Berlin.
Drapeau pendant l'occupation de la place Tian An Men à Pékin par les étudiants 30 mai 1989
Berlin-Est 10 novembre 1989 Soldats démontant des grillages du Mur de Berlin