Les violences à Poitiers, crédit LCI.
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Le ministre de l'Intérieur a écrit au maire de Poitiers, théâtre le week-end dernier d'une manifestation violente, disant "regretter (son) attitude non coopérative".
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Selon lui, la mairie a opposé une "fin de non recevoir" à l'aide prévue par les services de renseignement, alors que "les renseignements faisaient état (...) d'individus susceptibles de troubler l'ordre public".
D.H. (avec agence) - le 16/10/2009 - 16h09
Mis à jour le 16/10/2009 - 16h12
Après la manifestation organisée par un collectif anti-carcéral qui a dégénéré en violences samedi à Poitiers pendant un festival culturel et les poursuites envers les fauteurs de trouble, vient le temps des recherches de responsabilités... Et pour le ministre de l'Intérieur, c'est la faute de Poitiers. Brice Hortefeux a même envoyé un courrier mercredi au maire PS de la ville, Alain Claeys, pour le lui dire et reprocher. "Les renseignements transmis faisaient état d'un rassemblement, le dimanche 11 octobre, d'une cinquantaine d'individus susceptibles de troubler l'ordre public".
Alors "qu'à ce titre, une force de renfort avait été prévue", poursuit Hortefeux, "le directeur régional du renseignement intérieur s'est adressé deux jours avant la manifestation au ‘délégué à la tranquillité' de votre municipalité pour disposer d'un ‘point haut' (pour) une observation de l'événement et la réalisation de prises de vue". Or, regrette le ministre, "son interlocuteur l'a rappelé pour lui opposer une fin de non recevoir, en lui indiquant qu'il agissait ainsi ‘sur instructions du directeur du cabinet du maire'". "Je ne puis que regretter cette attitude non coopérative, qui n'a pas permis à la police de disposer de l'appui qu'elle (avait) explicitement sollicité", ajoute Brice Hortefeux.
Néanmoins, "face à l'évolution de la situation (...) l'après-midi du samedi, les services de police ont fait preuve de réactivité, de professionnalisme et de courage", estime le ministre dans ce courrier. Il rappelle également qu'il y a eu "une centaine d'interpellations, dix-huit gardes à vue et près d'un millier d'objets saisis en cours d'exploitation par la police technique et scientifique". Enfin, il assure prendre "en considération le comportement de plus en plus violent d'une certaine frange de la mouvance d'ultra-gauche" et invite "à nouveau (M. Claeys) à (s')associer à la défense républicaine en (lui) apportant (son) entier soutien au Parlement, notamment lors du vote de la proposition de loi" contre les bandes.
"Instrumentalisation de la justice", selon les syndicats |
Le Syndicat de la Magistrature (SM) et le Syndicat des Avocats de France (SAF) ont dénoncé vendredi un "nouvel épisode d'instrumentalisation de la justice", en réaction au traitement judiciaire des violences de samedi dernier à Poitiers. Le ministre de l'Intérieur avait souhaité que la justice "sanctionne et durement" les casseurs. "Manifestement, le message a été parfaitement entendu par le parquet de Poitiers qui a immédiatement déféré en comparution immédiate les quelques manifestants interpellés", ont souligné le SM et le SAF dans un communiqué commun. "Le choix de cette option procédurale - singulièrement expéditive mais particulièrement adaptée pour surfer sur l'émotion - caractérise la soumission de plus en plus fréquente des autorités de poursuites aux injonctions de l'exécutif", ont-ils estimé. "Au-delà de ce nouvel épisode d'instrumentalisation de la justice, cette affaire pose également la question de la surenchère sécuritaire", ont ajouté les deux syndicats. Ils ont dénoncé une "exploitation idéologique des faits divers et son corollaire insupportable : la mise au pas de l'institution judiciaire". |