C'est une étrange affaire qui est tombée sur les épaules de Jacques, militant poitevin. Sur son blog "Ni Dieux Ni Maîtres en Poitou", il a relayé en 2011 une vidéo intitulée "Poitiers Street Duel", dans laquelle on y voyait des images des dégradations du funeste 10 Octobre 2009 à Poitiers. Dans ce clip, on y voit notamment, dans la cadre du montage fait par l'auteur (anonyme) des menaces de mort (que je condamne totalement) entre autres contre des policiers.
Parues dans la presse locale, ces images et informations avaient valeurs d'actualité. Mais cette même info, cette même image relayée sur un blog, deviendrait donc une image "militante"? C'est ce que la justice a considéré, et cela par deux fois. Jacques et condamné à une lourde amende.
Certes le blogueur est responsable de ses publications, et c'est totalement normal. Mais peut-on considérer, aux yeux de la justice, une publicaton sous un angle différent en fonction de la source qui la publie? Dans ce cas-là, et je vais faire un point Godwin, si je diffuse une vidéo sur le nazisme, devra-t-on dès lors me considérer comme un sympathisant de cette cause?
Peut-être au pire le blogueur Jacques a commis une "maladresse" en ne se démarquant pas assez du contenu de cette vidéo. Mais qu' bien pu vouloir sanctionner la justice? Quel message a-t-elle souhaité faire passer? J'avoue ma pleine incompréhension envers ce jugement.
Toujours est-il que si "moralement" il peut y avoir débat, c'est selon les convictions de chacun, il se trouve que "juridiquement", Jacques a tort, et qu'il a été condamné. En soutien, une soirée est organisée au Plan B de Poitiers le vendredi 26 juin à partir de 19h15 où l'entrée sera en "prix libre" (c'est encore plus libéral que le libéralisme économique!) avec concerts, projections, et surtout, la traditionnelle tambouille!
Le blogueur conteste sa condamnation
Poitiers
Les bornes de la liberté d'expression ont-elles été dépassées? La justice poitevine a considéré que oui à deux reprises en condamnant l'animateur du blog « Ni dieux ni maître en Poitou » pour menace de mort contre l'ancien patron de la police.
Il avait écopé d'une amende et de dommages et intérêts, confirmés par la cour d'appel en mars dernier, après la diffusion d'un montage vidéo dont il n'était pas l'auteur.
L'affaire ne s'arrête pas là. Le blogueur condamné poursuit le combat en saisissant la Cour de cassation.
Le clip contesté, « Poitiers Streeet duel », reprenait notamment des images de tags avec le nom du commissaire et l'inscription « on aura ta peau ». Le montage faisait suite aux violences du 10 octobre 2009, la manifestation anticarcérale qui avait dégénéré en vandalisme dans le centre-ville de Poitiers. De longs mois de tension avaient suivi entre policiers et militants locaux et des tags menaçants promettant une balle aux policiers noircissaient régulièrement les murs de Poitiers.
« Actuellement, le rendu de l'appel peut faire jurisprudence: si un cas similaire se présentait, on pourrait condamner la libre expression d'un blog militant en appliquant la loi dans le même esprit que pour ce cas », explique le site Soutien à la Kulture Alternative (SKA) qui lance une souscription « car nous nous opposons à ce que ce jugement soit laissé en l'état et puisse dorénavant faire jurisprudence. »
« Je voulais juste parler de l'actualité militante sur Poitiers sans prendre parti », assurait lors de son procès, Jacques Merlet, le militant d'une trentaine d'années. Il disait considérer cette vidéo comme « une oeuvre artisitique », n'ayant rien d'outrageant en soi. Son avocate considérait que le montage relevait de la « liberté d'expression ».
Une vision des choses fermement contestée par le défenseur des policiers. Pour lui le blogueur, même s'il n'est pas l'auteur de la vidéo, « est un facilitateur, le diffuseur, celui qui concourt à la publicité ». Il ne pouvait donc pas s'exonérer de toute responsabilité en diffusant tout et n'importe quoi.
Centre Presse, Vendredi 15 Mai 2015.