France 2, Lundi 30 Mai 2005.
Contexte: voulu par le président Chirac, une consultation est lancée pour savoir si la France souhaite oui ou non ratifier le "Traité établissent une Constitution pour l'Europe", scrutin prévue pour le dimanche 29 mai 2005.
Très longtemps donné gagnant, le camp du OUI finit par décrocher à la mi-mars 2005 dans les études d'opinion et devient désormais "l'outsider" du référendum. C'est le moment que choisit le très impopulaire Premier ministre Jean-Pierre Raffarin pour rentrer dans la campagne et s'y investir pleinement.
Et le 12 Mai 2005, surgit l'accident politique, la tragédie du verbe, le plus grand bide de l'art de la communication. El Gringo, multirécidiviste de propos alambiqués, tant et si bien que ses petites phrases prendront le nom de "raffarinade" cherche à faire passer un message en traduisant...une lapalissade de compétition: "le oui a besoin du débat pour gagner". Un débat dans un référendum, une idée qu'elle est pas bête, aussi pertinente que de mettre de l'eau dans une casserole pour faire des pâtes!
Et puis l'instant de solitude, une rupture galactique, l'histoire d'un homme seul, incompris, face au reste de l'univers : "Win the yes, need the no to win, against the now".
Dans 200 ans, des chercheurs, historiens, archéologues, philosophes, religieux pourront encore s'interroger sans trouver de réponse à cette énigme lancée à l'humanité, et chacun se demandera: "Mais bon sang, qu'a-t-il voulu dire!?"
Fin de l'histoire: la France se gausse de rire, l'UMP est dépitée, le NON l'emporte le 29 mai divisant la France en deux camps étranges (une part du PS+UMP+UDF pour le OUI; d'autre part les souverainistes, l'extrême-droite, la gauche anti-libérale et l'extrême-gauche), Raffarin est débarqué de Matignon et le président Sarkozy en 2007 fera ratifier le traité de Lisbonne simplement par le Parlement, voulant éviter le risque d'un nouveau rejet.