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Monuments, expositions et musées à la gloire du “Petit Père des peuples” se multiplient en Russie. Dernière initiative en date, un buste édifié dans la région de Pskov avec l’argent de la Société russe de l’histoire militaire, dont le président n’est autre que le ministre de la Culture de Russie.
Le 23 février dernier, à l’occasion du jour du Défenseur de la patrie [fête nationale en Russie], un buste de Joseph Staline, portant l’uniforme de chef suprême des armées, a été installé dans la région de Pskov (nord-ouest), à l’initiative d’un musée historique local. Or, ce projet a été financé par la très puissante Société russe de l’histoire militaire, fondée en 2012 et présidée par l’actuel ministre de la Culture Vladimir Medinski, écrit le quotidien Novyé Izvestia.
Chef de file du parti Iabloko [opposition libérale, non représentée à la Douma] à Pskov, Lev Chlosberg voit dans cette initiative une réhabilitation du stalinisme en Russie. Il a donc saisi le parquet de la région, demandant le démontage du buste. Pour lui, ce monument est “une offense à la mémoire des millions de morts, militaires et civils, victimes de la violence d’Etat organisée par Staline”, selon ses propos rapportés le journal.
En 2015, plusieurs musées et monuments dédiés à Staline ont vu le jour dans plusieurs villes russes, détaille le journal : une statue dans la République des Maris (au nord de la Volga), un centre consacré à Staline dans la ville de Penza (située à 600 km au sud-est de Moscou) ; une rétrospective du peintre officiel de Staline, Alexandre Guerassimov, se tient actuellement au Musée historique d’Etat.
Comme le révélait dans une enquête publiée en juillet 2015 RBC Daily, la Société russe d’histoire militaire est le projet phare du ministre de la Culture Vladimir Medinski, un passionné de l’histoire militaire de son pays. Les activités de cette “société d’histoire” vont de l’organisation d’événements militaro-patriotiques pour les jeunes à l’édification de monuments et de fouilles archéologiques en passant par le financement de films et de manuels d’histoire.
Son organisation est soutenue par de très influents hommes politiques et hommes d’affaires, tels que Dmitri Rogozine, vice-président du gouvernement russe, qui préside le Conseil de surveillance. Partiellement financée par le budget fédéral, elle compte 58 antennes un peu partout dans le pays et vit surtout grâce aux généreuses donations des hommes d’affaires, parmi lesquels Nikolaï Tokarev, le PDG du géant pétrolier Transneft, et David Yakobashvili, président du directoire de la compagnie Wimm-Bill-Dann.