Des milliers de manifestants
attendus aujourd'hui à Poitiers
Les organisations syndicales et étudiantes attendent une très forte participation pour la manifestation contre le CPE, ce mardi, à Poitiers.
La journée de lundi était étrangement calme, à Poitiers. Ses habitants vivent depuis des semaines, au ryhtme des manifestations et actions surprises des étudiants. Or, lundi, pas une banderole à l'horizon. Toutes les organisations, étudiante comme syndicales mettaient la dernière main à la préparation de la manifestation de ce mardi après-midi. Les manifestants ont rendez-vous, à 14h, au stade Rebeilleau.
Le mot d'ordre n'a pas changé: le retrait du contrat première embauche, du contrat nouvelle embauche et, globalement, de la loi "égalité des chances".
"Le CPE vient s'ajouter aux nombreux dispositifs destinés aux jeunes. Il vient encore ajouter de la confusion et contribue à mettre à mal la prédominance du contrat à durée indéterminée. Il semble évident que c'est le CDI qui est en ligne de mire puisque certains ministres et le MEDEF prônent déjà le CPE pour tous quel que soit l'âge. Il ne faut pas s'y tromper: nous sommes bien devant une attaque en règle, planifiée, du CDI et du droit du travail dans son ensemble", argumentent des syndicalistes.
Dans un contexte d'appel à la grève, aux débrayages dans les administrations, établissement scolaires et entreprises privées, la mobilisation risque être plus forte que lors de la journée d'action du 7 mars dernier qui avait rassemblé près de 8.000 opposants. FO, la FSU, laCNT et Solidaires avaient appelé, ce jour-là à la grève. L'appel aux arrêts de travail a été cette fois repris par dix organisations (1).
Elles annonçaient dès hier, une participation très importante. Nombre d'écoles seront fermées; les transports urbains circuleront au ralenti; la SNCF prévoyait, hier, d'importantes perturbations.
Salariés et étudiants veulent éviter tout débordement
La manifestation prendra une envergure départementale. La CGT de la Vienne a loué dix bus pour transporter des militants de Loudun, Châtellerault, Civray, Montmorillon jusqu'à la capitale régionale.
Les étudiants seront de nouveau en tête du cortège qui se veut pacifique. "On ne veut pas de débordement. On veut éviter le moindre incident. On ne souhaite pas qu'on ne parle que de ça dans la presse", remarque un cégétiste. Les étudiants ont le même souci. La réaction de policiers qui ont utilisé leurs matraques après une bousculade jeudi dernier, devant le rectorat, à Poitiers, a laissé des traces dans leurs esprits. "On ne se bat pas contre la police mais contre les mesures gouvernementales. Nous n'admettons pas les comportements violents qu'ils viennent du côté des casseurs ou des forces de l'ordre", insiste Julien Vialard. Les services d'ordre étudiant seront donc vigilants comme ceux des syndicats qui assureront la protection de leurs troupes.
A l'issue de la manifestation, une assemblée générale sera organisée à la salle Timbaud, rue Saint-Paul, à Poitiers. Salariés, chômeurs, étudiants, lycéens débattront "des moyens de renforcer le mouvement pour obtenir gain de cause". Si la manifestation d'aujourd'hui n'a pas eu les effets escomptés.
Marie-Catherine BERNARD
(1) Ont appelé à la grève interprofessionnelle: l'UNSA, la CFDT, la CFE/CGC, la CFTC, la CGT, la CNT, FO, la FSU, Solidaires, l'UNEF.
FO reçu par le préfet: le secrétaire générale de l'union départementale FO, Alain Barreau sera reçu, ce mardi, à 12h, à sa demande, par le préfet de région "pour le retrait du CPE et CNE; de la loi Fillon et pour la suppression de la réduction des postes au CAPES".
Du côté des étudiants
Assemblée générale au stade Rebeilleau
ce mardi matin à 10 heures
Les étudiants opposés au CPE ont consacré la journée d'hier à organiser la manifestation de ce mardi et à mobiliser leurs camarades et les salariés. Les piquets de grève ont été maintenus dans les facultés de sciences humaines, de droit, d'économie, de lettres et langues, à l'IUT et à la faculté des sciences du sport.
Des groupes ont distribué des tracts dans lequel étaient rappelés les raisons du mouvement (contestation des lois sur l'égalité des chances, de la loi Fillon, suppression de postes d'enseignanats). Les auteurs (1) constestent que de telles mesures soient prises au nom de la "mauvaise santé économique du pays car, pour les patrons, les actionnaires, l'économie se portent très bien au détriment des salariés".
Des représentants de la coordination étudiante ont également tenté d'entraîner d'autres sites universitaires dans le blocus. Une assemblée générale s'est déroulée en sciences physiques, mathématiques, mécanique et informatique, basée près du Futuroscope. Les grévistes n'ont pas rallié les étudiants à leurs arguments. 181 se sont prononcés contre le blocus, 85 pour un blocus partiel, 11 pour un blocus total.
Par contre, les étudiants de l'IUT de Châtellerault ont voté, lundi matin, pour la première fois, le blocage de l'établissement aujourd'hui, mardi.
La coordination étudiante attend une mobilisation très importante aujourd'hui. Elle est persuadée que de nouveaux incidents n'auront pas lieu avec la police. Des étudiants ont porté plainte le week-end dernier "après avoir reçu des coups de matraque ou été l'objet de menaces physiques et morales" lors de la manifestation de jeudi. "C'est un rappel à l'ordre pour que la police n'outrepasse pas ses droits", déclarait Julien Vialard, de la coordination.
Une assemblée générale se déroulera à 10h, ce mardi, au stade Rebeilleau pour préparer la journée et envisager la suite du mouvement.
M-C B.
(1): les auteurs du tract sont la coordination étudiante-lycéenne de Poitiers et l'intersyndicale de l'université.
POINT CHAUD
Portes ouvertes pendant le blocus
Il y aura portes ouvertes ce samedi 1er avril dans les facs. Les lycéens et leurs parents seront accueillis par l'administration, les enseignants et les étudiants. C'est ce qu'a annoncé hier la présidence de l'Université.
A la question de savoir si la journée sera maintenue dans le cas où les étudiants continueraient le blocus, Christian Genre, vice-président, et Christian Cormier, directeur du service communication, disent ne pas craindre une éventuelle prolongation du mouvement anti-CPE.
Christian Genre: "On a déjà connu des occupations il y a deux ans. La fac de sciences humaines et celle de lettres étaient bloquées le jour même des portes ouvertes. Cela n'a pas empêché les parents et les lycéens de s'informer."
Christian Cormier ajoute: "Après avoir été réel au début du mouvement anti-CPE, le blocage des facs est aujourd'hui en grande partie symbolique. La situation peut évoluer dans le sens du durcissement. mais aujourd'hui, les bibliothèques et les salles d'informatique fonctionnent. les étudiants poursuivent leur travail sur dossier. En droit, c'est vrai, les locaux ont connu des dégradations. Aujourd'hui, ils sont propres. Et s'il faut nettoyer pour les portes ouvertes, cela ne posera pas de problème."
La présidence de l'Université se montre donc tout à fait sereine. "Sans ne rien dévoiler de la stratégie des étudiants s'ils devaient poursuivre leur mouvement, les portes ouvertes de samedi seront pour eux une excellente tribune. Ils en profiteront."
Samedi donc, de 9h30 à 16 heures (voire 17 heures à l'IUT de Châtellerault), l'ensemble des sites de l'université de Poitiers (1) informeront donc sur les études, les diplômes, les métiers...
A ne manquer sous aucun prétexte quand il n'est question que de précarité.
Jean-Jacques BOISSONNEAU
(1) Poitiers centre-ville, campus et Futuroscope, Châtellerault, Niort et Angoulême.
La Nouvelle République, Mardi 28 Mars 2006.
SOCIAL
ANTI-CPE -Syndicats, étudiants et lycéens se préparent pour une manifestation qui s'annonce largement suivie
Aujourd'hui, Poitiers gronde
Après la réussite de la mobilisation du 18 mars, les syndicats et les étudiants veulent de nouveau frapper un grand coup contre le CPE. Visite dans les coulisses des préparatifs d'une manifestation qu'on annonce comme monstre.
BOITES de conserves, draps, pots de peintures....depuis le début du mouvement étudiant, les couloirs de la faculté de lettres et langues se sont un peu transformés en centre de loisirs. Les étudiants "blocusards" sont obligés de se rappeller aux bons souvenirs de leurs cours d'art palqtique et de technologie. En presque deux mois et demi, les progrès se ressentent...
Lundi, 14h, J-1 avec la grande mobilisation, la logistique est en marche. Après avoir récupéré tous les vieux draps chez leurs parents, les stocks des étudiants sont épuisés. Direction un magasin de tissus dans le faubourf du Pont-Neuf. "La dernière fois avec environ 40€ de tissus on avait pu faire neuf banderoles", explique Marina, membre de la coordination. les bombes aérosols viennent à manquer également. 40 en cinq semaines à raison de 3€ pièces. Faites le compte. Les sommes récoltés grâce aux quêtes et à la vente du "CD CPE" sont les bienvenues.
La nouveauté par rapport aux derniers préparatifs, c'est l'atelier d'expression libre. Maracasses, personnages en boîtes de conserves, poupées à l'effigie de Villepin vont venir égayer les rangs. Sur le fond, les slogans évoluent aussi. "Avant on se tournait vers des formules recherchées, analyse Marinae, maintenant, on va à l'essentiel avec l'expression claire de nos revendications comme le retrait de la loi sur l'égalité des chances, de la loi Fillon et l'augmentation des postes au concours."
Nouvelles chansons
Du côté des vieux briscards syndicalistes, déjà rôdés à l'exercice des manifestations, les préparatifs se limitent à la finition. Les banderoles étant rangées dans les cartons depuis la manif du 18 mars, hier, l'heure est donc à la chansonnette. "Nous sommes actuellement en train d'écrire des chanson. Nous avons beaucoup de créativité donc nous en auront des nouvelles demain (aujourd'hui)", répond Christophe Massé, de la CGT, qui se prépare à une forte mobilisation de la rue. Son homologue de la CFDT, Laurent Caron, confirme l'habitude: "On est rôdé, tout est prêt longtemps à l'avance. Pour cette nouvelle manifestation, nous avons simplement commandé 1500 autocllants "Retrait du CPE". Nous sommes également en relation avec Châtellerault pour préparer la manifestation".
Les banderoles et les slogans prêts pour la manif, les tracts et les autocollants prêts à être distribués, il ne reste plus que la sonorisation et la décolration des camions. Une tâche qui est réalisée quelques heures avant la départ. "Nous sommes dix dès 8h pour ça. Toujours les mêmes pour ne pas perdre de temps", confie Alain Barrault, de FO, qui promet que la mobilisation sera très importante.
Service d'ordre renforcé
Au-delà des petits détails matériels, les leaders syndicaux ont autre chose en tête. "Avec les incidents parisiens lors des manifestations, nous avons peur des débordements. Nous allons donc renforcer notre propre service d'ordre. Nous avons nous mettre en relation avec les "Nez rouges" étudiants. Si la manifestation tourne mal nous donnderons le signal de la dispersion", confirme Christophe Massé. "Nous serons une dizaine dans le service d'ordre avec des consignes précises", rebondit Laurent Caron. Souhaitons que ce dispositif reste uniquement préventif.
Une chose est sûre en tout cas, tout sera prêt à 14h, pour le départ de la grande manifestation.
Antoine Victot et Samy Magnant
UNIVERSITE
FUTUROSCOPE
400 étudiants du SP2MI réunis en assemblée générale
Centre Presse, Mardi 28 Mars 2006.