Les perles du diplomate
Le représentant de Riyad à Washington n'a pas hésité à réclamer le droit de bombarder les civils au Yémen, tout comme celui de battre sa femme.
-Middle East Eye
Londres
Interrogé sur l'utilisation par son pays de bombes à fragmentation au Yémen, l'ambassadeur d'Arabie Saoudite aux Etats-Unis a balayé la question en déclarant: "C'est comme si on me demandait: 'Quand est-ce que tu arrêtes de battre ta femme?'" C'est en effet ce qu'a répondu le prince Abdullah Al-Saud à la question que lui posait un journaliste à l'occasion de la conférence annuelle entre les Etats-Unis et les pays arabes, à Washington, au début de novembre. "Mon pays, a poursuivi le prince, continuera à bombarder les rebelles houthistes au Yémen par tous les moyens. Si des individus veulent s'en prendre à des vies humaines et troubler nos frontières, où que ce soit, nous les poursuivrons", a-t-il déclaré.
Un rapport relève que plusieurs fermes ont été frappées par des bombes à fragmentation dans le nord du Yémen. Ce commentaire de l'ambassadeur suit de quelques jours l'intervention d'un général saoudien, Ahmed Al-Asiri, qui exprimait ses regrets concernant la participation de l'Arabie Saoudite à la guerre dans ce pays. Mais si l'ambassadeur reconnaît qu'il a pu y avoir des "dommages collatéraux", il rappelle que la guerre passe par des horreurs que nous devons tous accepter.
Le gouvernement britannique a vendu pour plus de 4 milliards de dollars d'armes à l'Arabie Saoudite depuis le début de ses opérations au Yémen. Les députés britanniques ont voté au début de novembre pour la suspension de tout soutien à la monarchie wahhabite tant qu'une enquête indépendante n'aurait pas été ouverte pour violation des droits de l'homme. Plus de 10000 personnes auraient déjà trouvé la mort dans ce conflit.
Publié le 4 novembre.
Courrier International, N°1359, 17 Novembre 2016.
Le Monde, Juin 2015.