De g. à d., Joseph Kermarec, Berton, Antoine de Rochequairie, Pierre Richard et Henri Durand. - (Photo Pierre Décosse, correspondant NR de l'époque, collection J. Sergent) Source: La Nouvelle République, 1er Septembre 2014.
Avec quelle allégresse et quel bonheur, vendredi, vers 20 heures les Loudunais virent rentrer dans leur ville les Forces Françaises de l'Intérieur. A peine la nouvelle était-elle propagée que tous les habitants se rendirent à l'Hôtel de Ville où toutes les fenêtres furent immédiatement pavoisées aux couleurs nationales, tandis que les cloches de l'église Saint-Pierre, sonnaient joyeusement la libération.
La façade de l'Hôtel de Ville qui fût si longtemps souillée par le drapeau à croix gammée est maintenant ornée par le drapeau de la République Française. La Tour Carrée et tout les monuments publics furent aussitôt pavoisée aux couleurs nationales et alliées, ainsi que le clocher de l'église Saint-Pierre et le toît du marché Sainte-Croix, où flotte le drapeau tricolore.
Les voitures arrivent devant l'Hôtel de Ville. Les F.F.I. se rassemblent place de l'Hôtel-de-Ville, puis défilement sous les acclamations de la foule. Les officiers prennent possession de la mairie, tandis que M. Jean Mannet, maire de Loudun, est longuement acclamé par tous les Loudunais, et qu'une charmante jeune fille lui remet une gerbe de fleurs.
M. le Maire reçoit alors des officiers des F.F.I. et M. le Commandant César lui remet le brassard officiel. M. Mannet qui a droit à la reconnaissance des Loudunais, et qui a dont nous connaissons les sentiments bien français, a bien mérité ce brassard, symbole de la Résistance française devant les exigences sans cesse renouvelées des Boches maudits.
Et la foule entonne "La Marseillaise". Oui, en ce vendredi 1er septembre 1944, "le jour de gloire est arrivé", grâce à la resistance opposée par ceux qui n'ont pas craint de rejoindre le "maquis" et par ceux qui, par tous leurs moyens, sabotèrent ou aidèrent au sabotage des forces allemandes.
Les musiciens de l'Harmonie Municipales se réunirent après dîner, vers 21h15, et jouèrent les hymnes nationaux des puissances alliées, sans oublier "La Marche Lorraine".
Le samedi matin, toutes les façades des maisons disparaissent sous les drapeaux, chaque maison a son emblème national - à par celles habitées par les "collaborateurs" où les drapeaux furent enlevés - Ah! ce beau et réconfortant spectacle que celui de nos rues pavoisées! On se sent revivre, on se sent respirer un air vraiment français. Tous les vestons, corsages s'ornent de rubans tricolores. Partout c'est l'allégresse, c'est la joie, c'est l'espoir, c'est le bonheur.
Dimanche matin, après que les Forces Françaises de l'Intérieur, les personnalités loudunaises, les membres des associations d'anciens combattants eurent déposées des gerbes au monument aux morts, un "Te Deum" fut célébré à l'église Saint-Pierre, délicatement décorée aux couleurs nationales en présence d'une foule innombrable.
A l'issue de cette cérémonie, M. Jean Mannet, maire de Loudun, accompagné de quatre soldats sénégalais et d'un sous-officier, notre ami Jean Kermareeck, se rendit au cimetière où il déposa une gerbe sur la tombe de notre regretté maire, M. Marcel Aymard qui, lui aussi, a bien mérité de la ville de Loudun.
Et l'après-midi se déroula dans la joie. Sur la place Sainte-Croix, l'Harmonie Municipale, que nous n'avions pas entendu depuis quatre ans, donna un excellent concert en présence de la grande foule.
La Nouvelle République du Centre Ouest, Jeudi 7 Septembre 1944.
A lire aussi la Libération de Poitiers, racontée dans le premier numéro du département de la Vienne de la Nouvelle République du 7 Septembre 1944.