LE MONDE | 23.06.08 | 11h11 • Misà jour le 24.06.08 | 11h17
Par Bruno Lesprit
C'est l'hymne officiel de l'Euro 2008, celui que l'on entend dans la sono des stades avant l'entrée des joueurs. Et Seven Nation Army, tube du groupe américain The White Stripes, a été unanimement adopté par les supporteurs de toutes les équipes. Son gimmick simple à retenir (mi-mi- sol-mi-ré-do-si) étant repris spontanément par les tribunes pour acclamer un but.
Comment un air rock aussi branché a-t-il réussi à s'imposer à l'UEFA ? Comme souvent, les instances du football ont pris le train en marche. Car cela faisait quatre ans, pratiquement dès la parution de leur album Elephant, que la chanson des White Stripes avait débuté sa carrière dans les stades. Le DJ israélien Tomer G vient d'ailleurs de réaliser un opportuniste "Stadium Mix".
Le premier club à s'emparer de Seven Nation Army est le FC Bruges, sans doute aidé par la culture rock des Flamands. Sa participation à la Ligue des champions permet de le transmettre viralement à l'AS Rome. De la capitale, il gagne l'ensemble de la Péninsule, devenant l'hymne de la sélection italienne pendant le Mondial victorieux de 2006. Les Azzurri sont les premiers à remarquer que, pour être champions du monde, il faut battre successivement… sept nations.
Les paroles et la musique sont idéalement martiales, bien que le leader du duo de Detroit (Michigan), Jack White, ait expliqué que le titre de la chanson venait d'une confusion qu'il faisait enfant avec " Salvation Army " (l'Armée du salut). "Je vais les repousser/Une armée de sept nations ne pourra pas m'arrêter", chante-t-il sur des tambours de guerre.
Avant Seven Nation Army, les supporteurs de football, pourtant rarement à l'abri de dérapages homophobes, ont souvent privilégié des chansons de musiciens gays. Le disco, notamment, a eu leur préférence, que l'on songe à Go West des Pet Shop Boys (reprise d'un titre de Village People) ou, bien sûr, à I Will Survive, de Gloria Gaynor, pendant le Mondial français de 1998. Ou encore au groupe britannique Queen, le seul à avoir offert deux rengaines aux supporters, toutes deux en 1977 : le percussif We Will Rock You et We Are the Champions, que le fantasque chanteur Freddie Mercury écrivit, contrairement à Jack White, avec le ballon rond à l'esprit.