Drôle de science
L'épidémie de barbus s'explique mathématiquement
Lunettes à bords épais,et, surtout, pour les hommes, pilosité faciale exubérante...Voici quelques-uns des attributs des "hipsters", ces individus ultra-branchés qui semblent tout faire pour se difféerencier, mais finissent tous par se ressembler. Un phénomène auquel le mathématicien Jonathan Touboul vient de trouver l'expliction suivante:*
Tout le problème est que mi(t) (la tendance perçue par l'individu i au temps t) est dépendante de T (le temps qu'il faut pour s'informer de la mode). Un délai qui peut, grâce à Facebook et Twitter, tendre vers 0, mais sans jamais l'atteindre. Résultat: quand le hispter achète des bretelles, il pense le reste du monde encore adepte de la ceinture, alors que d'autres sont probablement arrivés à la même conclusion dans le magasin d'à côté. Le temps de s'en rendre compte, les bretelles seront devenus tendances...jusqu'à ce que la ceinture fasse, pour les mêmes raisons, son come-back. Les hipsters alimentent ainsi un phénomène de mode oscillatoire auto-entretenu, et ce, même quand les choix sont plus variés (bretelles et ceinture, pourquoi pas!) Seule solution: "choisir sa tenue aléatoirement", propose Jonathan Touboul. Pas sûr, cependant, que la science soit très bonne conseillère en matière de mode...
E.A.
Science et Vie, Janvier 2015, N°1168, page 15.
*:Cette formule exprime le fait que dans un groupe de n individus, la tendance observée par l’individu numéro i à l’instant t dépend du poids de l’influence de chacun des autres membres du groupe sur lui (ce sont les Jij), mais également du type de hipsters présents (ils peuvent être plus ou moins modérés, ce qu’expriment les vecteurs sj) et du temps mis par le hipster i avant de réaliser que chacun des hipsters qui l’entoure est en train de commencer à lui ressembler sur tel ou tel point.
Pris sur slate.fr