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Jacques Santrot avait vu brûler Oradour
Centre Presse, Mercredi 4 Septembre 2013.
Jacques Santrot, La Nouvelle République, vers novembre-décembre 1989.
Cet après-midi, tous les projecteurs et les objectifs des caméras seront braqués sur une visite exceptionnelle, celle de deux chefs d'État, le français François Hollande et l'allemand Joachim Gauck, au village martyr d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) où le 10 juin 1944, 642 personnes ont été massacrés. A l'époque, un certain Jacques Santrot, qui fut durant plus de trente ans (1977- 2008) le maire socialiste de Poitiers n'a que 6 ans. Il habite avec sa famille à Javerdat, une bourgade située à 3 km d'Oradour.
"Mon père a été l'un des premiers sur les lieux du drame"
« Le 10 en fin d'après-midi, on a su qu'il se passait des choses graves à Oradour, se souvient l'ancien élu, un maquisard qui allait chercher une batterie de voiture a vu que le village était cerné. Plus tard dans la soirée, on voyait le ciel rougeoyer. Le village est parti coucher dans les bois. Tout le monde avait peur. Le lendemain matin, mon père accompagné d'un voisin a été un des premiers à aller dans Oradour... Plus tard, il m'a expliqué ce qu'il avait vu... »
Dans la tragédie qui a marqué à jamais cette terre limousine, l'enfant Jacques Santrot a perdu un oncle, Jules, et un cousin germain, Paul. Il a grandi et s'est forgé son identité d'homme en partie avec ce drame. « Vous savez, Oradour, on y allait les soirs d'été après la classe chez l'oncle Jules. Je me suis toujours senti concerné par cette histoire, au-delà de la famille. »
« Tout cela a été très dur car il y avait aussi ces Alsaciens qu'on appelait les " Malgré-nous ". Il y a eu un contentieux franco-français très douloureux à ce sujet. Cela a jeté un trouble énorme dans les familles. On voulait juger des Français alors que les officiers allemands responsables du massacre avaient pu s'en tirer tranquillement... »
Soixante-dix ans plus tard, le souvenir de la tragédie est bien évidemment toujours présent. « La visite des deux présidents est une bonne chose, je crois qu'il fallait le faire, ajoute Jacques Santrot, le président français est un élu du Limousin, c'est un geste assez fort qu'il va accomplir aujourd'hui. »
Bio express
Maire, député, conseiller général...Jacques Santrot est né le 8 juillet 1938 à Limoges. Il est le père de quatre enfants.
Maître assistant à l'École nationale supérieure de mécanique et d'aérotechnique (Ensma) à Poitiers. Retraité.
Ancien Premier secrétaire de la fédération départementale du Parti socialiste de la Vienne (1971-1977) ; conseiller général du 2 canton de Poitiers (1973-1988). Maire de Poitiers (1977-2008) et président du District puis de la Communauté d'agglomération.
Député de la 1 circonscription de la Vienne (1978-1993) ; conseiller régional du Poitou-Charentes (1978-1983 et 2004-2010).