« Le nombre de nids que je détruis double chaque année », relève un professionnel dans les Landes.
Hervé Larrouy vient de procéder au décrochage d'un nid de frelons asiatiques. PHOTO DAVID LE DÉODIC
Ils sont peu nombreux dans les Landes à oser se frotter aux frelons asiatiques. La peur d'un insecte qui a bien mauvaise presse ? Pas seulement. L'explication est bien plus rationnelle. Seules les entreprises agréées par la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draf) sont habilitées à chasser ce nuisible en pleine expansion dans la région. La dangerosité des produits explique ce strict règlement. Tout le monde ne peut s'improviser désinsectisateur, une formation est nécessaire. « Je l'ai suivie au début de l'année 2007 », se souvient Hervé Larrouy, professionnel installé sur la commune de Mimbaste. Aujourd'hui, il est régulièrement appelé pour intervenir sur des nids de toutes tailles.
Pas plus agressif
« Je suis venu voir mes juments dans le box et je me suis dit : "c'est quoi ce ballon ?" » raconte Clément Dufau, maréchal-ferrant installé à Mouscardès. Une boule de 30 centimètres de diamètre qui s'était installée dans un angle de l'écurie. Au fur et à mesure que l'on s'approche du nid, les frelons s'agitent et entament une danse autour de vous. Bientôt, le nid qui a la couleur du bois est recouvert d'insectes jaunes et noirs. « Le frelon asiatique n'est pas plus agressif que notre frelon commun. Ce n'est que lorsqu'il se sent en danger qu'il attaque. En revanche, ils sont plus nombreux à attaquer par rapport au frelon commun. Les piqûres sont donc plus importantes », explique Hervé Larrouy. Calmement, il enfile une combinaison bleue, munie d'une grille au niveau du visage, qui le recouvre de la tête aux pieds. Parfois, pour les nids plus imposants, il porte, en plus, une épaisse tenue de combat militaire. La sécurité passe avant tout, même s'il confesse qu'elle le gêne parfois. « Je suis moins à l'aise dans mes mouvements », reconnaît-il.
Des gestes qu'il connaît par cœur. La destruction du nid se fait en plusieurs étapes : traitement en périphérie puis directement dans le trou. Le Mimbastais perce ensuite l'enveloppe extérieure afin d'atteindre les différentes strates d'alvéole avec une poudre ou un liquide insecticide. L'effet est immédiat. Les frelons sont paralysés instantanément et meurent. Les autres s'intoxiqueront dès leur retour de mission. Il ne reste plus qu'à décrocher le nid et à le détruire définitivement… en le réduisant en bouillie.
Produits bio ?
Certains clients réclament des produits écolos pour venir à bout du frelon asiatique. « À l'heure actuelle, il n'en existe pas », prévient Hervé Larrouy avant d'ajouter : « Il n'y a qu'un seul produit qui soit véritablement bio, c'est l'acceptation ! ». Le chasseur de frelon utilise avec parcimonie ces produits qui sont tous conformes aux normes françaises et européennes. Une autre différence de taille avec des entreprises non agréées, prêtes à utiliser tout et surtout n'importe quoi.
Pour une intervention, il faut compter entre 100 et 150 euros. « Un professionnel, ça coûte cher mais c'est garanti », assume-t-il. Bien sûr, les particuliers peuvent s'essayer à détruire eux-mêmes ces insectes mais « uniquement si le nid est gros comme une balle de tennis », prévient-il. Au delà, le risque existe. « Il faut s'assurer que tous les frelons sont morts avant d'avoir terminé la bombe insecticide. » Et pas la peine de courir dans ces moments-là, le frelon volera plus vite que vous.
EN BREF
« Le nombre de nids que je détruis double chaque année. » L'affirmation fait froid dans le dos. Quand il a commencé son activité, en 2008, Hervé Larrouy n'en avait détruit que trois.
L'an dernier, il comptait près de 60 nids à son palmarès. Cette année, ce sont déjà plus de 40 nids qui ont été détruits et ce n'est pas fini. Hervé Larrouy le constate au quotidien. Les frelons s'adaptent très vite. « S'il y a quelques années, ils s'installaient assez loin des habitations, il n'est plus rare, aujourd'hui, de les voir dans les haies ou même dans des vérandas ! », s'inquiète-t-il.
Les conditions athmosphériques et la hausse sensible des températures risquent d'apporter bien d'autres désagréments dans les années à venir. « Depuis quelques années, nous devons également combattre les punaises de lit. La présence de petites araignées originaires de la côte d'Azur a aussi été constatée dans les dunes landaises. » Le frelon asiatique va profiter de ces phénomènes climatiques. Il serait déjà arrivé en Espagne.
Cet article que je vous propose et en provenance du très bon quotidien Sud-Ouest est à mettre en lien avec ce billet concernant le frelons de Poitiers, que j'ai notamment, en bonne compagnie, pu voir dans le secteur de la Place du Marché.