Une chose est sûre à Poitiers: chaque chantier se doit de prévoir un temps de fouilles archéologiques tellement le sous-sol est riche d'Histoire et de ruines!
RUE ARTHUR RANC
Les vestiges gallo-romains sont-ils les restes de thermes publics?
Rue Arthur Ranc à Poitiers, sommes nous en présence des vestiges de thermes publics gallo-romains? Ces questions sont actuellement posées...
Il faut savoir que le projet de construction des futurs bureaux de la direction départementale de l'Equipement rue Arthur Ranc à Poitiers a amené la direction régionale des Antiquités Historiques (le directeur est M. Papinot) à effectuer des fouilles préalables, ce site étant connu comme un site archéologique. Les premiers sondages se sont révélés positifs en juin. Une fouille systématique du terrain a été décidée en accord avec la DDE du 5 juillet au 30 octobre.
RECONSTRUIT QUATRE FOIS
Cette fouille a amené la mise au jour d'un ensemble gallo-romain allant du 1er siècle au milieu du 3e siècle. Il s'agit d'un édifice public qui a été reconstruit successivement quatre fois sur le même emplacement. Le premier édifice se manifeste par des murs conservés à un mètre de hauteur dans leur largeur normale de deux mètres.A une époque, cet édifice a été arasé et un deuxième a été construit dont les murs mis au jour s'étendent sur trois mètres de hauteur, 1,60m de largeur et dans leur plus grande longueur sur 25m. Ces murs sont encore mieux conservés que les précédents.
A la troisième épqoue, tout en conservant la plupart des murs, on a refait les sols et certainement les charpentes, comme en témoigne de grosses pierres qui ont servi de soutien des piliers. La quatrième époque qu'on peut situer au 3e siècle a vu l'arasement d'un certain nombre de murs et la conservation d'autres. Un sol a été recréé sur l'ensemble du bâtiment. Bâtiment qui a complètement brûlé comme en témoigne une couche d'incendie très épaisse. On y retrouve de la cendre de bois, des tuiles, des clous de charpente. De cette dernière époque datent les salles mises au jour au nord-ouest du chantier et dont une au moins était une piscine chaude.
VENUE D'UNE COMMISSION
La découverte de cette piscine et un certain nombre d'autres éléments comme une grande canalisation pourrait faire penser que nous sommes en présence d'une partie de thermes publics. Il ne s'agit là que d'une hypothèse de travail qui sera vérifiée par la progression ultérieure des fouilles (une deuxième phase dans la construction de bureaux pour la DDE sera précédée par une deuxième campagne de fouilles).
L'importance et la qualité des vestiges découverts ont nécessité la venue d'une commission de l'Inspection Générale de la sous-direction de l'archéologie et du conseil supérieur de la recherche archéologique vendredi 5 novembre prochain. Elle examinera la question de l'éventuelle conservation de ces vestiges; la décision sur l'avenir du site sera prise à l'échelon ministériel.
En attendant, le début de la construction a été remis éventuellement au 15 novembre. Ce délai est mis à profit pour continuer les fouilles, "délai laissé très aimablement par la DDE qui a apporté son concours au déroulement de ce chantier" note M. Papinot.
La responsabilité scientifique du chantier incombe à Mlle Martine Fabioux, ingénieur technique à la Direction des Antiquités et les fouilles sont réalisées par le personnel de la direction et par des bénévoles (lycéens, étudiants...). A noter que la datation est gênée par le très petit nombre d'objets trouvés sur le site: il s'agirait d'un édifice public (donc comportant peu d'objets) et une récupération systématique a vraisemblablement été faite pendant une partie du Moyen-Age.
UNE MOTION DES ANTIQUAIRES DE L'OUEST
Dans une "motion pour la conservation des vestiges archéologiques rue Arthur Ranc à Poitiers", la société des antiquaires de l'Ouest indique notamment: "Cet ensemble constitue en effet, un des derniers témoins importants de la période romaine à Poitiers, après les destructions successives des arènes, du rempart du bas-empire et plus récemment du forum situé place Charles de Gaulle. En conséquence, la Société des Antiquaires de l'Ouest appelle l'attention de l'autorité publique et des élus sur l'impérieuse nécessité de conserver intégralement les vestiges de ce monument qui se trouvent situés qui se trouvent situés sur un terrain appartenant à l'Etat".
Centre Presse, Jeudi 4 Novembre 1982.