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Va-t-on avoir une file interminable de camions sur la voie de droite?
POIDS LOURDS: PROHIBIDO SOBREPASAR; NO OVERTAKING!
06h00 | Mis à jour 14h21
Par DIDIER FAUCARD
RN 10 : interdit de doubler pour les poids lourds
Depuis ce matin (vendredi, NdPPP), les poids lourds ont l'interdiction de dépasser et doivent limiter leur vitesse à 80 km/h en Charente.
Un bouchon sur la RN10 vers Angoulême, Jeudi 31 Juillet 2008, vers 17H.
Cette fois nous y sommes. Les nouvelles mesures de réglementation de la circulation des poids lourds sur la RN 10, sur les quatre départements du Poitou-Charentes, évoquées par l'ancien préfet de Région, Bernard Tomasini, au début de l'été, sont entrées en vigueur ce matin, dès 6 heures.
Entre Poitiers et le sud de la Charente-Maritime, il est désormais interdit aux routiers de dépasser et la vitesse maximale des « bahuts » est limitée à 80 km/h.
Affirmer que ces décisions laissent les professionnels dubitatifs est un doux euphémisme. « 80km/h ? Cela fait deux mois que je me tue à expliquer à tout le monde, mes chauffeurs en premier, que ce n'est pas une nouveauté, mais que l'on fait qu'appliquer la loi. Tout le monde me bassine avec ça. Mais c'est écrit dans le code de la route : un poids lourd sur une nationale doit rouler à 80 km/h », lance Francis Fleurant, gérant de la société STIC Transports, installée à Roullet-Saint-Estèphe.
Davantage remonté contre l'impossibilité de doubler imposée aux routiers. « Je comprends que l'on sanctionne ceux qui mettent 10 km à dépasser. Chez nous, comme ailleurs, des gens font n'importe quoi. Mais là, c'est une catastrophe. On va se retrouver avec des files de véhicules qui vont être accidentogènes », poursuit-il.
« Une perte de temps »
Rejoint sur ce thème par Jean-Paul Parcelier, patron de la société du même non à Montbron. « Pour moi, c'est clair. Il serait hors de question de rester derrière un véhicule plus lent, qui roulerait à 60 ou 70 km/h, comme un pétrolier par exemple, sur un trajet entre Poitiers et Bordeaux », lance-t-il. Une question de patience ? Plutôt celle pratique de perte de temps. « Nous avons plusieurs points de livraison. Nous avons des délais à tenir par rapport aux clients. Et si nous commençons à prendre du retard sur le premier, cela se répercutera forcément sur les suivants », ajoute Jean-Paul Parcelier.
Et de s'interroger : « Autant je comprends que ces dispositions soient appliquées sur certains secteurs dangereux où il y a des carrefours. Autant sur d'autres où c'est de la quatre voies et où les sorties sont sur le côté, je ne vois vraiment pas l'intérêt. »
« Puisque l'on justifie ces décisions en mettant en avant le désir d'améliorer la sécurité de circulation, pourquoi est-ce que l'on se trouve encore par endroits avec une route à deux ou trois voies, comme entre Reignac et Chevanceaux. C'est aberrant », complète Patrick Petit, patron à Barbezieux.
Tous les trois mettent en avant deux choses. D'une part cela n'incitera pas plus les routiers à prendre l'A 10. Et d'insister sur ces « trains » de camions qui vont se constituer, « les chauffeurs vont être moins vigilants, les distances de sécurité risquent de ne pas être respectées ».
Enfin, fatalistes, ils constatent que les dispositions vont surtout pénaliser les routiers français, soucieux de conserver les points sur leur permis. « Les étrangers, ils paient les amendes et continuent leur route. On sait très bien qu'ils ont des enveloppes pour cela. Pour eux, ça ne changera pas grand-chose », note Françis Fleurant.