En France comme en Australie: VIVE LA REPUBLIQUE!
Photo : Julia Gillard écoute une question pendant la campagne, à Sydney, le 11 août 2010 (Daniel Munoz/Reuters)
Cette déclaration frise le crime de lèse-majesté : à la fin d'une campagne très serrée pour les élections législatives de samedi, la Première ministre australienne Julia Gillard a dit mardi qu'une fois qu'Elizabeth II sera morte et enterrée, le pays pourrait très bien se passer de monarque. Celui du Royaume-Uni étant, comme chacun sait, le chef de l'Etat australien. Controverse aux antipodes.
Voici ce qu'a déclaré selon l'AFP la travailliste Julia Gillard, née il y a 48 ans au pays de Galles et première femme Premier ministre d'Australie, bien que 27e personne à occuper cette fonction, depuis le 24 juin :
« J'espère que la reine Elizabeth va vivre encore longtemps. […] Mais je pense que [sa mort] sera probablement le moment approprié pour une transition vers la république. »
Des déclarations « de mauvais goût »
Julia Gillard a tout de même ajouté que « ce pays a beaucoup d'affection pour la reine Elizabeth ». Mais dans cette grande île où circulent une monnaie et des lettres frappées de l'auguste profil de la monarque britannique, le sujet est sensible : en 1999, les Australiens avaient rejeté à 55% le passage à la république lors d'un référendum.
Depuis, les travaillistes, revenus au pouvoir en 2007 après onze ans de règne du libéral John Howard, ont toujours affirmé qu'ils organiseraient un nouveau référendum.
Les déclarations de Gillard s'expliquent aussi par la personnalité de son adversaire, le chef du parti libéral et 32e leader de l'opposition, Tony Abbott : né lui aussi au Royaume-Uni, ancien séminariste puis journaliste, ce conservateur classé « social » fut patron du… mouvement monarchiste Australians For Constitutional Monarchy (ACM).
Sur le blog de l'ACM, un certain professeur David Flint trouve les déclarations de Julia Gillard « pour le moins extrêmement de mauvais goût », mais aussi « illogiques », puisque si une abolition de la monarchie devait être décidée, ce devrait être « pour améliorer la gouvernance, pas pour étendre le rôle de la classe politique ».
Soutenir la monarchie comme on respecte ses parents
Un journaliste du quotidien de Melbourne The Age rappelle une déclaration de Tony Abbott en 2008, devant l'aile jeunesse du mouvement monarchiste. On mesure à quel point les deux adversaires sont irréconciliables :
« Pour moi, soutenir la monarchie est aussi naturel que respecter ses parents. C'est aussi évident qu'on ne modifie pas à la légère son équipe de foot. »
Le scrutin de samedi s'annonce très serré : proches dans les sondages ces dernières semaines, Gillard et Abbott sont désormais séparés de 4 points, selon une étude publiée lundi. En faveur de la républicaine.
Comme quinze autres Etats indépendants dont le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, l'Australie a comme chef d'Etat officiel Elizabeth II, chef du Commonwealth.
Complément d'informations: l'Australie est une nation indépendante depuis le 1er Janvier 1901, mais reste cependant membre du Commonwealth.
Son régime constitutionnel est celui d'une monarchie parlementaire: le chef de l'Etat reste la Reine d'Angleterre, et le pays est dirigé par un Premier Ministre (en l'occurence une femme, travailliste, Julia Gillard).
L'Australie compte en 2010 22,3 millions d'habitants (sur un territoire de 7,6 millions de KM², soit environ 14 fois la France).
Sportivement parlant, l'Australie a organisé avec succès les J.O. de Sydney 2000, la Coupe du Monde de Rugby 2003, et a été championne du monde dans cette compétiton en 1991 et en 1999.