Alix en cours, Lundi 9 Novembre 2009, vers 15H.
Ce papier a été réalisé au début de l'année 2009. Il est constitué en 3 parties. Aujourd'hui, la 1ere d'entre elles. Son auteur, Alix René, est un camarade collègue d'IPAG et trentenaire.
Bientôt 8 mois que la crise financière a débuté, on peut sans doute faire un premier bilan. Les mêmes experts qui nous prédisaient à la fin de l’année passée une sortie de crise fin 2009, s’entendent aujourd’hui pour une reprise économique dans le courant 2010 pour les plus optimistes et à compter de 2012 pour les autres. Les plans de relance se sont succédés et plus 3000 milliards de dollars (compteur arrêté en février 2009) ont été réinjectés sous une forme ou une autre dans l’économie par les Etats.
Mais qu’en est il vraiment, la croissance est elle pour demain ? Pouvons nous continuer à consommer, produire, à détruire et à polluer comme si cette crise n’avait pas existé ? Doit-on continuer à agrandir les fractures sociales entre Nord et Sud et dans nos propres pays sans se poser de question ?
Je vous propose, au cours de trois articles complémentaires de vous emmener dans les coulisses de cette crise au cours du premier nous ferons un rappel des origines cette crise.
Le deuxième aura pour but d’expliquer ce qu’est cette crise
Et enfin le dernier essayera d’apporter quelques solutions pour en sortir rapidement.
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Faisons ensemble un bref rappel historique :
La crise débute à l'été 2007 à cause des "subprimes", des prêts hypothécaires consentis à la classe moyenne américaine. Grâce à ces subprimes les Américains des classes populaires empruntent (même si leur salaire n'est pas suffisamment élevé) mais c'est la maison qui est en garantie. Dans un contexte de baisse des prix de l'immobilier, les banques paniquent. Certaines banques qui avaient eu trop recours à ce type de prêt se sont retrouvées dans une situation financière critique. Et plus de 2 millions de personnes se retrouvent ruinées aux Etats-Unis, faute de pouvoir rembourser les emprunts.
Pour comprendre comment les banques ont fait faillite dès 2007, il faut expliquer comment fonctionne le système bancaire. Quand vous empruntez 100 000 euros à une banque, celle-ci augmente la masse monétaire de 100 000 euros. Elle crée donc 100 000 euros. Mais pour éviter que la machine à billet ne s'emballe (créer de la monnaie sans contrôle), la banque doit déposer une partie de la somme créée sur un compte de la Banque Centrale (BCE pour l’UE, FED pour les Etats-Unis). C'est ce qu'on appelle les "réserves obligatoires", ce taux est actuellement de 8%. Ce système permet à la banque centrale de contrôler la création de monnaie.
Souvent les banques n'ont pas les liquidités nécessaires pour accorder des crédits elles empruntent donc de l'argent à une autre banque pour pouvoir verser la "réserve obligatoire" afin de pouvoir accorder le crédit au client. Malgré cela, certaines banques se sont retrouvées asphyxiées très rapidement : elles ont perdu des sommes colossales avec les subprimes, et elles n'ont pas réussi à poursuivre leur activité de crédit car les autres banques, méfiantes, ont refusé de leur prêter des liquidités pour faire face. De nombreuses banques se sont donc retrouvées dans des situations difficiles : en Grande Bretagne, la Northern Rock a dû être nationalisée, sous peine de disparaître. La plupart des économistes pensaient que le gros de la crise était passé début 2008. Une fois que la crise des subprimes est bien identifiée, que les banques ont revendu ces titres à risques, la crise financière était sur le point de se terminer après un dernier soubresaut fin 2007. Mais la crise est repartie de plus belle en février 2008 quand les banques ont arrêté leurs comptes annuels. Les pertes se sont avérées plus importantes que prévues : entre la chute de l'immobilier, la crise des subprimes, les soubresauts de la bourse qui ont fait chuter les cours, les pertes d'actifs se sont montées à plusieurs dizaines de milliards de dollars pour certaines banques. C'est le cas de Citibank, qui était la première banque mondiale jusqu'à cette crise.
Dès lors, la crise financière qui était d'abord une crise bancaire va se transformer en krach boursier. Lehman Brothers, la quatrième banque d'affaires de Wall Street, a perdu 45% de sa valeur en une seule journée et 94% sur un an. Jamais des chutes aussi vertigineuses n'avaient été constatées depuis la crise de 1929.
Mais pourquoi y a-t-il eu des subprimes? Pour soutenir l’économie et la croissance dans les pays à basse pression salariale, il a fallu devant la baisse du pouvoir d’achat alimenter la consommation par le crédit. Mais qu’est ce qu’un pays à basse pression salariale?
Le capitalisme à basse pression salariale est un capitalisme qui fonctionne grâce aux crédits : dans ce capitalisme le salaire est pris entre la contrainte concurrentielle de la compétitivité par les prix donc par les coûts donc les coûts salariaux et de l’autre par la contrainte de rentabilité de l’actionnariat où il faut toujours plus de marge pour générer les dividendes et plus values. Le salaire devient alors une variable d’ajustement qui baisse et dont la part baisse dans la VA. Mais si pas de progression salariale, cela n’implique pas de progression de la consommation et donc pas de débouchés à intérieur, reste évidement les débouchés à l’étranger. Mais il y a une limite car la consommation fait 70% de la demande intérieure. Donc la grande idée c’est le crédit. Le crédit soutient à lui seul 25% de la conso et aux Usa il a été jusqu’à 35%. Mais le crédit dépend du nombre et de la surface des banques. D’où la titrisation. Transforme un crédit bancaire immobile dans un titre de créance négociable. Ainsi la banque de départ peut réémettre de nouveaux crédits.
Problème si on encadre les sociétés financières, on bloque la possibilité de créer de nouveaux crédits et du coup de porter la consommation par le crédit. C’est pour cela qu’il a fallu sauver le système financier.
Les subprimes n’ont été que le catalyseur de cette crise, liés à une énorme bulle financière. La réalité de cette crise est liée à une société de consommation qui est obligée de fonctionner à crédit pour pouvoir générer de la croissance d’une part et d’autre part les rendements attendus du capital trop important et qui conduisent à une destruction des agents générateurs de biens et de services. S’arrêter aux subprimes serait donc faire une énorme erreur car ils ne sont que le révélateur de la vraie problématique qui est le fonctionnement d’une économie qui se tertiarise et qui vit à crédit ce qui est le cas de l’ensemble des pays de l’OCDE.