Les uns ont récité des prières à genoux. Les autres ont chanté, crié et les ont moqué debout.
À l'appel de l'association catholique « SOS Tout-Petits », qui lutte contre l'avortement, une soixantaine de personnes avaient rendez-vous samedi en début d'après-midi devant Notre-Dame à Poitiers. Des jeunes, des vieux, des enfants. L'un d'entre eux tient une icône de la Vierge Marie, un autre brandit une pancarte avec une photo de foetus en gros plan sur laquelle on peut lire : « Papa Maman ne me tuez pas ». À 14 h 30, ils se sont resserrés et ont entamé leur chapelet. On s'agenouille, on ferme les yeux, on joint les mains.
« Mon corps m'appartient »
Dès le début de la prière, une voix casse le murmure des prières : « Plus fort, on n'entend rien ! ». C'est un des soixante-dix « contre-manifestants » présents à quelques mètres de la petite cérémonie. Eux aussi sont venus avec des banderoles : « Contraception et avortement libres et gratuits pour tout-e-s », « Mon corps m'appartient », « La capote, pas la calotte », à l'appel de « Self 86 » (Solidarité des Etudiants de Lycées et de Facultés de la Vienne). Les moqueries fusent. On gonfle des préservatifs en guise de ballons...
« Une honte... »
Pour eux, pas de doute, les gens qui prient devant eux sont des intégristes religieux. Une jeune fille lance : « Cathos ! Vous nous cassez le clito ! ». Pendant une heure, ils ont scandé des slogans en faveur de l'avortement, tout en rappelant que des milliers de femmes dans le monde meurent d'avortements illégaux.
Une heure et trois chapelets plus tard, le groupe de prière se disperse sans bruit. Un homme rappelle que l'association « SOS Tout-Petits » vise à « aider les femmes à garder leurs enfants ». Plus loin, une contre-manifestante est toujours en colère : « C'est une honte pour nos mères et nos grands-mères qui ont jeté leur soutien-gorge et qui se sont battues pour leurs droits de femme ».
DELION Bruno

Avortement : prières contre chants anticléricaux Une étrange confrontation a eu lieu samedi sur le parvis de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers entre catholiques en prières et militants pro-avortement.
Décidément, il se passe toujours quelque chose le samedi après-midi devant Notre-Dame. Il y a un mois, c'était une bande de casseurs ultra-violents qui se déchaînait contre les vitrines des boutiques environnantes. Et samedi dernier, on a eu droit au face à face de deux groupes d'une cinquantaine de personnes chacun qui se divisent autour de la question de l'avortement.
Pris de court par les violences urbaines, les policiers poitevins avaient cette fois eu tout le temps de se préparer à s'interposer entre les deux factions : ils constituaient donc ce samedi un troisième groupe, moins compact mais tout aussi important, occupé à surveiller les deux autres.
Surveillance efficace au demeurant, puisqu'on n'a eu à déplorer aucune violence physique. Pendant une heure et demie, les anti-avortement de l'association « SOS Tout-Petits », qui célébrait ainsi son 23e anniversaire dans plusieurs villes de France, certains agenouillés, ont prié, entonné des cantiques et lu des passages de l'Évangile. Des « prières de réparation pour toutes les victimes innocentes tuées ».
En face, la contre-manifestation, très jeune et bruyante, s'appuyait sur une assez forte délégation du Mouvement des jeunes socialistes, plus quelques anarchistes au drapeau noir. Le but était de couvrir prières et cantiques sous les chants anticléricaux et les slogans choisis du style : « La capote, pas la calotte ! » ou « Intégristes, hors de nos vies ! »
Des banderoles proclamant : « Mon corps m'appartient » et quelques préservatifs gonflés comme des ballons répondaient aux images pieuses des anti-avortement et à leurs affiches « Papa, maman… Ne me tuez pas ! »
A noter que, si « SOS Tout-Petits » (qui a renoncé depuis dix ans aux actions directes contre le planning familial ou les centres IVG) est couramment associé à la mouvance catholique intégriste, l'annonce de cette prière publique contre l'avortement légal avait été relayée en bonne place par le site internet du secteur catholique de Poitiers-Centre.