RENDEZ-VOUS RATE AVEC LE RECTEUR
Etudiants et lycéens ont investi l'IUFM
De 500 à 600 étudiants et lycéens ont envahi hier après-midi les locaux de l'IUFM. Ils espéraient s'inviter à un conseil d'administration, présidé par le recteur d'académie, qui n'avait pas lieu.
Une action d'envahissement chasse l'autre. Mercredi, les étudiants anti-CPE avaient investi le MEDEF. Hier après-midi, ils ont envahi l'IUFM (institut universitaire de formation des maîtres), espérant bien s'inviter au conseil d'administration de l'établissement et ainsi se retrouver face à face avec le recteur. Si les quelques 500 à 600 manifestants dont une très forte proportion de lycéens, n'ont eu aucune difficulté à pénétrer dans les locaux situés Jules-Ferry à Poitiers, ils ont néanmoins déchanté en trouvant le lieu vide. Pas de CA à l'horizon et donc pas de recteur à la ronde. De quoi désappointer et décevoir une partie des lycéens en mal d'émotion fortes. "Il n'y a personne, ça sert à rien de venir ici" s'énerve une lycéenne approuvée par plusieurs de ses camarades. Gaétan, de la coordination essaye tant bien que mal de retenir les potaches: "On va vous organiser un autre truc. Ne vous cassez pas!" Pas vraiment entendu. Un groupe d'une quarantaine de lycéens emmené par une poignée d'étudiants décide même d'aller occuper la CCI (lire ci-dessous). Initiative immédiatement dénoncée par la coordination. "On ne soutient pas cette action qui est faite à titre personnelle mais pas au nom du mouvement", s'indigne Grégory Hamed. Pour tenter de reprendre la main, la coordination annonce qu'elle va adresser un courrier par fax au ministre Gilles de Robien. C'est chose faite à 16h20. Une heure plus tard, alors que les effectifs lycéens ont fondu, une autre lettre estfaxée: "Nous nous voyons dans l'obligation d'occuper jusqu'à nouvel ordre les locaux de l'IUFM." Un instant plane l'éventualité d'une évacuation policière. A19h30, les derniers étudiants lâchent de leur plein gré l'IUFM.
Jean-Jacques ALLEVI
La crainte de l'essoufflement
"On est en train de s'essouffler et c'est ce que attend le gouvernement. Je demande à tous de mobiliser l'ensemble de vos camarades pour venir aux AG. Si on s'essouffle maintenant on perdra tout!"
Au micro de l'AG réunie hier matin dans un stade Rebeilleau vide comme jamais, Julien Vialard, l'un des porte-parole de la coordination étudiante lance un appel au sursaut. Dans les travées, ils sont à peine un millier. Au moment de se prononcer sur le blocus, il y a 912 votants.
Le blocage est reconduit par 612 voix; 97 voix pour un blocus partiel; 194 voix contre et 9 abstentions. Julien Vialard ne cache pas une certaine crainte pour la suite du mouvement: "J'ai peur de la descente après le pic. Ce serait bien que les syndicats prennent le relais". Des syndicats désormais bienvenus.
Hier à 14 heures, les leaders départementaux étaient même au départ de la manifestation place d'Armes. Changement de stratégie de la coordination. "Non!" assure Tanguy Le Bolloc'h. "On a toujours travaillé avec les syndicats sans jamais l'officialiser. Maintenant, on a décodé de s'afficher avec eux."
La Nouvelle République, Vendredi 31 Mars 2006.
SOCIAL
POITIERS - 500 à 600 étudiants et lycéens ont envahi l'Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) hier après-midi
Un petit mot au ministre
Les étudiants et les lycéens ont décidé de poursuivre leurs actions sur le terrain. Hier, après une courte manifestation en présence des leaders syndicaux, ils ont envahi l'IUFM et en ont profité pour écrire à Gilles de Robien, ministre de l'Education.
QU'IL pleuve ou qu'il vente, les étudiants - et les lycéens- sont dans la rue. Hier, les trombes d'eau ont réduit la distance de la manif mais n'ont pas empêché le déroulement d'une nouvelle action coup de poing. Comme toute bonne action qui se respecte la commission action - la bien nommée - a longtemps gardé le secret de la destination finale.
A 14h, tout le monde se dirige vers le lieu de ralliement, la place Leclerc de Poitiers. Aux côtés de 800 étudiants et lycéens, les principaux leaders syndicaux sont là pour apporter leur soutien. Ils en profitent pour glisser un appel à la grève générale (lire ci-contre). Une demie-heure plus tard, le cortège de parapluies bat le pavé.
Lettre à de Robien
A 15h15, les "nez rouges" jouent les starters d'un sprint effreiné. Quelle direction? L'IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres). Le gardien a beau s'interposer, les étudiants pénètrent dans le bâtiment. "Nous avons choisi ce lieu public pour rappeler que nous nous battons aussi pour l'éducation. Contre la diminution des postes et la loi Fillon", explique Stéphane de la coordination étudiante. Les "envahisseurs" sont encore 500 environ.
Tranquillement installés, sans véritable actions à mener, les leaders étudiants décident de prendre la plume pour écrire un mot...à Gilles de Robien., le ministre de l'Education. Le fax part à 16h22. Morceaux choisis: "Entendu la surdité effective du gouvernement [...], nous occupons l'IUFM de Poitiers, gravement touché avec 50% de réductions de postes au professorat des écoles, jusqu'à l'obtention de nos revendications.[...] Notre mobilisation ne faiblira pas tant qu'un dialogue ne sera pas instauré et nos revendications entendues." Des étudiants ont exigé: "une entrevue, qu'elle sit privée ou médiatisée".
Pas de réponse
Une heure plus tard, Gilles de Robien ne répond toujours pas. "On occupe l'IUFM", hurlent les membres de la coordination qui sortent tables et chaises sous le préau. Une occupation bon enfant. Mais comme toujours, il fallait une fin à cette hsitoire...A 20h, les étudiants décident de quitter les lieux de leur plein gré avant d'être évacués par les forces de l'ordre. Sage décision.
Aujourd'hui, les étudiants n'ont pas prévu d'action particulière à moins que la décision du conseil constitutionnel de valider sans réserve la loi sur le CPE ne les décident à agir...
Samy Magnant
Nouvelles du front étudiant
Nouvelle AG:avant la manifestation, les étudiants ont procédé à une nouvelle assemblée générale, hier matin au Stade Rébeilleau. La participation a été assez faible avec un millier d'étudiants présents. A l'issue du vote, le blocus total a été reconduit (914 votant, 612 pour, 97 partiels, 194 contre, 9 absentions). Une assemblée qui a été l'occasion d'un appel à la mobilisation.
Manif samedi: les étudiants ont décidé de mener une nouvelle action symbolique samedi à 11h. Devant le palais de justice, ils afficheront des slogans pro-CPE et pro-Fillon. Samedi, nous serons le 1er avril...
Soutiens: présents à l'Institut, les enseignants du SNESUP, les étudiants et professeurs stagiaires de l'IUFM ont apporté leur soutien eux étudiants et lycéens de Poitiers en lutte.
Monsieur Echo...
...a pris connaissance du trajet de la manifestation anti-CPE. Pas moins de 5 kilomètres! Départ du stade Rébeilleau, comme toujours, puis arrivée vers le centre-ville par la Pénétrante avec possibilité de marcher dans les couloirs de bus...Petit tour par la Porte de Paris, puis remontée vers la préfecture en passant par la gare. Peut-on suggérer aux différentes organisations de penser à des ravitaillements, des petits goûters pour les plus jeunes et des coups à boire pour les marcheurs comme dans toute randonnée qui se respecte?
POITIERS - Après la déclaration faite mercredi par Gilles de Robien pour "débloquer les lycées"
Face au blocus, les proviseurs parlent
Après l'annonce de Gilles de Robien, ministre de l'Education, les proviseurs des lycées ont décidé de jouer le dialogue pour éviter le blocus de leur établissement. Et il semble que cela a porté ses fruits...
LA déclaration a fait du bruit. Lorsque Gilles de Robien,ministre de l'Education, annonce que "Demain (ndlr: hier jeudi), il faut que les lycéens rentrent vraiment dans leur lycée...", beaucoup se sont inquiétés. Quand ce même ministre donne "consigne orale" aux recteurs que le recours aux forces de l'ordre est possible, beaucoup ont craint que la situation dégénère.
Dans l'académie de Poitiers, Frédéric Cadet, le recteur, a décidé de jouer la carte du dialogue. Une réunion a été organisée à son initiative, mercredi soir, entre les différents proviseurs de la Vienne (principalement ceux concernés par les dégradations), la préfecture et la Direction départementale de la sécurité publique de la Vienne. Plus qu'une réaction aux déclarations ministérielles, une bonne occasion de se rencontrer et de croiser les doléances de chacun. Aucune consigne de "déblocage" n'a été donnée.
Paroles de proviseurs
Du côté des proviseurs, confontés depuis un mois par le mouvement de contestation, on s'est également appliqué à ouvrir le dialogue. "Les élèves ont mis en place un blocus partiel en laissant passer les prépas et les BTS. Hier (mercredi), nous avons décidé d'ouvrir le dialogue qui reste la bonne solution. Les élèves sont responsables dans le lycée et ils ont compris comment réagir. Tout est rentré dans l'ordre", expliquait Michel Barricault, le proviseur du lycée Louis-Armand à Poitiers. Dans cet établissement, les parents aussi ont fait savoir leur position sur le blocus...De toute façon plus ou moins virulente malheureusement. Une conseillère d'éducation a d'ailleurs été agressée verbalement par une mère d'élève anti-blocus mercredi matin.
Autre lycée, autre situation. Pour Gilles Adam, proviseur à Aliénor-d'Aquitaine à Poitiers, les mouvements de protestation se sont surtout exprimés par des envahissements de foule. "Nous n'avons pas été confrontés à un véritable blocus. Les seuls problèmes, auxquels nous avons été confrontés, ont été des entrées de manifestants. De toute façon, on privilégie toujours le dialogue", précisait le proviseur. L'établissement a tout de même porté plainte à la suite de dégradations.
Résultat hier matin, pas de blocus dans la Vienne. A une exeption près...
Blocus au Bois d'Amour
Les lycéens du Bois-d'Amour à Poiiters ont été les seuls à mettre en place un blocus hier matin devant les portes de leur établissement. "Nous voulons répondre à la provocation gratuite de Gilles de Robien, qui a annoncé que les lycées devaient reprendre le travail", prévenait Antoine Morisse. "A Poitiers, nous avons toujours été pacifistes. Nous avons donc bloqué ce matin pour demander le retrait de la loi Fillon, du CNE et de la loi sur légalité des chances, sans oublier les postes au Capes." Le mouvement s'est déroulé sans l'intervention des forces de l'ordre et sans violence.
Souhaitons maintenant que le dialogue reste l'arme première pour sortir de la crise.
Valérie Bridard et Samy Magnant
Centre Presse, Vendredi 31 Mars 2006.
Article en cours de réalisation.