PPP, le blog intégral: tout sur tout et un peu plus que tout, d'avant-hier, d'hier, d'aujourd'hui et peut-être de demain!
Le sang d'un président
Le président Reagan a la baraka. Après deux semaines d'hôpital et "quelques mois" de convalescence, il devrait être complètement rétabli.
Son courage tranquille, sa crânerie, son humour autant que sa résistance physique - qui ne pouvait être mieux prouvée - devraient finir de réconcilier le peuple américain avec la fonction présidentielle si décriée depuis Watergate. M. Reagan n'était qu'un cow-boy de cinéma, mais il a su montrer qu'il était un homme de caractère en qui les Américains se retrouvent sublimés.
M. Giscard d'Estaing venait de regretter que les journalistes qui suivent ses pas l'empêchent de se mêler à la foule. C'est pourtant grâce aux journalistes qui entouraient M. Reagan - aussitôt relayés par les télévisions et radios du globe - que le monde a pu suivre le drame à mesure de son déroulement aussi bien que s'il était outre-Atlantique.
Non par curiosité morbide. Mais comme citoyen d'un monde où les Etats-Unis sont une superpuissance et leur président le deux ex machina du monde libre.
Instant après instant, se révèlèrent les rouages du mécanisme prévu pour qu'à aucun moment le géant américain ne soit privé de ses organes de direction. Le président était à l'hôpital mais s'y présentait debout, conscient, ayant à proximité la mallette contenant la "clé" de l'arme atomique. Le vice-président Bush était au loin dans le Sud. Il rentrait par le premier avion. Durant ce temps, le secrétaire d'Etat Haig veillait à la Maison-Blanche. On devinait dans l'ombre d'autres personnalités hierarchiquement prêtes si nécessaire à prendre le relais.
Aucune panique, aucune parenthèse qui puisse autoriser une attaque surprise ou une aventure intérieure contre la démocratie américaine.
Avant l'attentat, le monde s'inquiétait pour la Pologne fourbissait des menaces, des ripostes et se posait de sérieuses questions sur la réalité de la détente et de la paix.
Quelques coups de feu tirés par un détraqué faisaient l'effet d'un électro-choc. De toutes les capitales, notamment du Kremlin, partaient des flots d'indignation contre un acte criminel et des messages de voeux au président Reagan.
C'était comme si tout à coup chefs d'Etat, diplomates, militaires et peuples de tous pays se rendaient compte que leurs politiques, leurs calculs, leurs rêves d'expansionnisme, de nationalisme, de militarisme, n'étaient pas que des concepts abstraits, des statistiques des budgets, des dossiers froids. La politique, c'est aussi et même avant tout les hommes.
Puisse le sang versé par le président américain pour rappelé les horreurs de la violence et de l'intolérance, avoir la vertu d'éviter que beaucoup d'autre coule.
Michel GUERIN
Un garçon insignifiant, dont ses relations ne gardent que peu de souvenirs mais atteint de problèmes psychologiques certains: tel est John Warnock Hinckley l'auteur de l'attentat contre le président Reagan. Ce fils de bonne famille, ancien membre d'un mouvement néo-nazi s'est glissé dans un groupe de journalistes pour attendre la sortie du président américain. Il a eu le temps de tirer six fois, de toucher quatre personnes avant de recevoir la meute des agents secrets sur lui en formant ainsi cette tragique mêlée au milieu de hurlements et d'une confusion extraordinaire. Mais déjà la limousine du président fonçait ver l'hôpital Georges-Washington. (Photo U.P.I. et A.P.)
"On ne peut pas réagir plus vite qu'une balle"
La Nouvelle République, Mercredi 1 er Avril 1981.