Pas d'agitation sur le blocus
mais blocus revoté sur le campus
La présidence n'a pas eu recours à la police pour rouvrir les facs hier matin. Le blocus en l'état, a été revoté à l'issue de l'AG qui a rassemblé plus de 3.500 étudiants au stade Rébeilleau.
Beaucoup de bruit pour rien. Cela pourrait être le résumé du début de matinée mercredi au campus. La présidence de l'université avait annoncé la réouverture effective des locaux et la reprise des cours le 8 au matin. Les étudiants et une partie du personnel universitaire s'attendaient à l'arrivée de la police pour les inciter à vider les lieux. En fait d'altercations, ce sont seulement quelques haussements de voix qui ont eu lieu entre des étudiants non grévistes souvent résignés et les jeunes qui tenaient la porte de la faculté de droit. Quelques étudiants chinois qui faisaient le pied de grue, se retrouvaient, eux, complètement perdus dans le feuilleton estudiantin.
Pas d'évacuation musclée donc. Le président de l'Université, Jean-Pierre Gesson, assure: "Je ne veux pas de retombées négatives sur les étudiants et n'appellerai pas la police. Sauf si des élèves s'en prennent à d'autres, je serais alors obligé de faire appel aux forces de l'ordre." Le blocus était jsutement l'objet de l'assemblée générale de 10 heures. Normalement prévue dans un amphithéâtre, elle s'est finalement déplacée au stade Rebeilleau pour accueillir les 3.500 étudiants (au moins) présents. Ceux-ci s'étaient déplacés en masse, fac de médecine et droit compris, pour participer au vote de maintien ou non de "l'embargo". Et faire valoir leur opinion. Certains étudiants profitent de la tribune pour revendiquer l'accès au cours. "Le droit de grève est individuel. Vous ne pouvez pas choisir pour les autres"., s'insurge Nolwenn, en droit. Contredite par un étudiant: "C'est maintenant qu'il faut se battre." L'échange se prolonge, une partie des étudiants (beaucoup de la fac de médecine) quitte les bancs du stade l'air désabusé. C'est le maintien total du blocus qui l'emporte, même si les tenants du blocus total ne sont plus que 47% de votants avec 1.296 voix pour, 641 pour le blocus partiel et 809 contre le blocus.
Les étudiants ne comptent pas s'arrêter aux assemblées. Trois appels au rassemblement ont été lancés, les 9, 14 et 16 mars. Le premier est donc pour demain. Collectif étudiants et syndicats se sont donné rendez-vous à 14 heures.
Agnès NOEL
Le Collectif 86, pour sa part, appelle à poursuivre le mouvement et invite tous les citoyens à une réunion ce jeudi à 21h, salle Timbaud, rue Saint-Paul à Poitiers.
La Nouvelle République, Jeudi 9 Mars 2006.
CAMPUS - Le président de l'université craignait des incidents
J-P Gesson, président parlant
Jean-Pierre Gesson a passé sa matinée d'hier a débattre avec des petts groupes d'étudiants.
PRESIDENT d'université, c'est pas une synécure. Celui de Poitiers, Jean-Pierre Gesson en sait quelques chose. Hier matin "à l'heure ou blanchit la campagne", le patron des 25000 étudiants poitevins arpentait déjà le bitume. Sa craine exprimée depuis plusieurs jours: des affrontements entre étudiants favorables et opposés au blocus des facultés.
Dans ces conditions, la fac de tous les dangers, c'est droit-sciences éco. Les opposants au blocus y sont traditionnellement nombreux.
Alors Jean-Pierre Gesson est là, avec une partie de son équipe dans une fac quasi déserte. Par-ci, Par-là des groupes d'étudiants discutent. Certains l'interpellent. A-t-il réellement l'intention de faire évacuer les lieux par la police comme la rumeur le laisse entendre? "Je ne suis pas venu là pour mettre le feu. Je n'ai pas l'intention de faire venir la police s'il n'y a pas d'incidents", explique-t-il. A ces groupes d'étudiants qui, durant près de deux heures vont se former près de lui, Jean-Pierre Gesson, inlassablement explique sa position: hostile au blocus, pas au mouvement. On l'interpelle sur certains profs qui donneraient des "cours sauvages"? "Je vais rappeler tout le monde à la modération", assure-t-il. Aucun sujet ne l'arrête: l'état de la Recherche, la concurrence entre les universités, il répond à tout, convaint souvent, argumente toujours. De la belle ouvrage.
M.A.
Centre Presse, Jeudi 9 Mars 2006.