Lundi 01 Mars 2010
LA QUESTION DU JOUR.
Dans la nuit de samedi à dimanche, la tempête Xynthia a dévasté une grande partie du littoral Atlantique. Mais pourquoi donner des noms aux tempêtes et cyclones ?
Le 24 janvier 2009, la tempête Klaus emportait dans son sillage une grande partie de la forêt des Landes. Une catastrophe naturelle dont certains ne s'étaient pas encore remis lorsque, dans la nuit de samedi à dimanche, Xynthia a ravagé la façade Atlantique.
Le nom de ces tempêtes, les victimes ne sont pas près de les oublier. Mais d'où viennent-ils et pourquoi donner des noms aux tempêtes et cyclones ?
Pourquoi donner un nom aux tempêtes ?
A chaque instant sur Terre, plusieurs tempêtes simultanées se forment et se déplacent. On ne peut donc pas les désigner par une date, ni par un emplacement. Il reste alors deux choix aux météorologues pour identifier ces phénomènes : leur donner une série de numéros particulièrement difficiles à retenir, ou leur donner un nom.
Le fait de donner un nom aux cyclones tropicaux (et aux tempêtes) remonte au 18ème siècle. Cela répond à un besoin de différencier chaque événement des précédents. Les Espagnols donnaient au cyclone le nom du saint-patron du jour, ce qui pouvait créer des doublons.
La première utilisation de noms de personnes remonte au 20ème siècle, lorsqu'un météorologue australien, Clement Lindley Wragge, a commencé à associer aux cyclones des prénoms de femmes, des noms de politiciens qu'il n'aimait pas, des noms historiques et de la mythologie.
Jusqu'en 1979, les tempêtes du bassin atlantique étaient baptisées exclusivement avec des noms féminins, une situation qui a changé après les critiques des mouvements féminins. Depuis, les ouragans sont baptisés alternativement avec des prénoms masculins et féminins.
Les différentes nomenclatures
Dans l'Atlantique nord, un système de listes à été établi avec des prénoms français, anglais et espagnols. Ce système se base sur un cycle de 6 ans et comprend donc six listes. Les années paires débutent par un nom masculin et les années impaires par un nom féminin. Ces listes prévoient 21 noms courants de A à W, sans le Q ni le U. Pour les années "riches" en cyclones, comme 2005 (27 cyclones), il est prévu d'utiliser l'alphabet grec une fois la liste épuisée.
L'ile Maurice fonctionne globalement sur le même principe, mais en raison de la saison australe des cyclones tropicaux, l'année de validité d'une liste va de juillet d'une année à juin de l'année suivante.
Le Pacifique Nord-est utilise un schéma identique mais avec ses propres noms. Les noms peuvent être retirés de la liste en cas de dommages exceptionnels, comme l'ouragan Kenna de 2002, mais c'est assez rare.
Les Philippines fonctionnent avec 4 listes annuelles principales et quatre listes auxiliaires si besoin.
Les listes du centre-nord du Pacifique ne sont pas annuelles et se basent sur l'alphabet hawaiien. Dès qu'une liste est épuisée, le Central Hurricane Pacific Center passe à la suivante. Le dernier cyclone retiré de cette liste est Loke (2006).
Les 14 nations du Pacifique Nord-ouest utilisent des noms soumis par leurs soins qui ne sont pas nécessairement des prénoms et ne sont pas classés par ordre alphabétique. Dans cette liste Tenbin est suivi de Bolaven car Japon est suivi de Laos.
L'Australie fonctionne avec une liste de 104 noms et peut sauter un nom pour éviter de voir deux cyclones avec des noms trop proches, comme Jane et June. Si les tempêtes arrivent du secteur des Fidji, les Australiens ne changent pas son nom. Les Fidji fonctionnent avec quatre listes et une cinquième qui leur sert à remplacer les noms retirés.
Enfin, la Papouasie-Nouvelle-Guinée utilise la même liste tous les ans et possède simplement une liste de secours en cas d'année mouvementée.
Noms retirés et noms marquants
Dans le bassin de l'Atlantique Nord, on retire en moyenne un nom par saison. Certaines années, aucun n'est retiré, mais en 2006, cinq noms l'ont été. Il peut cependant arriver que des noms soient réutilisés car remis en liste après réévalutation, comme Carol et Edna. D'autres ont été remis en liste mais pas réutilisés, comme Hilda et Janet.
On ne peut nier l'efficacité de ce système de noms car la plupart du temps, lorsque l'on parle de Katrina, l'un des ouragans les plus puissants qui a plongé la Louisiane et la Nouvelle-Orléans dans la désolation en 2005, les gens savent de quoi il retourne. Katrina a d'ailleurs été retirée des listes, ce qui ne peut se faire qu'à la demande d'un pays.
Dans le Sud-Ouest, la tempête Klaus est certes récente, mais elle est gravée dans les esprits, ce qui sera probablement le cas de Xynthia, pourtant, Klaus avait été retiré des listes dans les années 1990...
Pourquoi Xynthia ? Ce sont les météorologues allemands qui ont baptisés cette tempête ainsi. Elle n'est donc pas référencée dans les listes habituelles. Selon les conventions de l'université libre de Berlin, les dépression météorologiques (tempêtes), sont nommées avec un nom féminin les années paires et un nom masculin les années impaires. Bien que cette pratique soit exclusivement allemande, certains noms "célèbres" sont passés dans le langage courant, comme Vivian... et Xynthia.
Pour ce qui est de la tempête de 1999, bien plus connue sous cette dénomination, il s'agissait en réalité de deux tempêtes, Lothar qui avait été suivi de Martin.
Auteur : Alexandra Tauziac