Les policiers s'y étaient préparés. Quelques minutes avant l'arrivée du cortège des manifestants, au moins quatre d'entre eux s'étaient postés devant la boulangerie de la rue Carnot, à Poitiers. Objectif: protéger la permanence UMP des projectiles. En vain. La présence des policiers n'a pas dissuadé les plus excités. Des oeufs, une petite dizaine, ont en effet été lancés, en queue de peloton, sur la permanence UMP, devenue au fil des manifestations et des années, la cible des étudiants et des travailleurs mécontents. Le volet métallique, le panneau "Union pour un mouvement populaire" ainsi que la fenêtre et les volets de l'appartement sité au-dessus ont été maculés de jaunes d'oeufs et de coquilles. Il n'y a pas eu de heurts. Quelques vérifications d'identité tout au plus.
"Manifestants disqualifiés"?
Dans un communiqué, le député UMP de la Vienne, Jean-Yves Chamard, réagit vivement contre "ces dégradations" survenues "malgré la mise en garde que j'avais faite lundi". "L'honneur de notre République, c'est de permettre à chacun d'exposer ses idées, de s'opposer aux mesures qu'il réprouve par la manifestation ou la grève, mais en aucun cas par la violence. En ne respectant pas ces règles qui fondent la démocratie, certains manifestants ont disqualifié hier la cause qu'ils prétendaient défendre".
D.F.
Centre Presse, Mercredi 8 Février 2006.
Rappel: ce qu'était le CPE, ceux qui étaient pour, ceux qui étaient contre (Janvier 2006).
La génération anti-Le Pen reprend le pavé contre le CPE
Plus de 3.000 personnes, parmi lesquelles de nombreux jeunes venus à la politique en 2002, ont pris part, hier, en fin d'après-midi, à la manifestation poitevin contre les contrats CNE et CPE.
Après les fonctionnaires qui ont battu le pavé du centre-ville de Poitiers, jeudi dernier, pour réclamer embauches et augmentations salariales, c'était, hier, au tour des opposants aux contrats CNE (contrats nouvelle embauche déjà en vigueur)(1) et CPE (contrats première embauche en discussion au parlement) de défiler. Un premier rassemblement à l'appel de l'association Esquisse a groupé en début d'après-midi 700 lycéens. Puis, à 17 heures, la manifestation convoquée par les syndicats lycéens (UNL), étudiants (UNEF) et salariés (CGT, CNT, FO, CFDT, CFTC, FSU, UNSA...) ainsi que par les partis politiques (LCR, PS, Verts) a mobilisé plus de 3.000 personnes pari lesquelles une très inahbituelle proportion de jeunes. Pour une large part appartenant à la génération venue à la politique après le choc ressenti le 21 avril 2002. A l'image de Marjorie, 19 ans, en seconde année d'arts plastiques qui a fait ses premiers pas sur les pavés en dénonçant la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, puis en 2003 lors de l'intervention américaine en Irak.
"Ce que l'on propose aux jeunes aujourd'hui, c'est d'être embauchés, puis virés sans raison, passer tous les deux ans d'entre prise et durant toute une vie de ne jamais évoluer et être toujours payés au rabais. En tant que jeune, cela m'inquiète réellement pour mon avenir. Je me devais d'être ici même si j'ai un peu peur que cela ne serve à rien. Car malgré toutes les manif', les lois finissent toujours par passer. Aujourd'hui, le jeunes n'ont aucun pouvoir" déplore amèrement l'étudiante.
Dans ce cortège qui s'ébranle chacun y va de son slogan hurlé ou chanté au mégaphone. "Un RMI pour Sarkozy, un CNE pour de Villepin et un CPE pour de Robien", scandent les adhérents de Solidaires. Alors que, du côté de la CNT, les quelques 60 militants rouge et noir tonnent: "A ceux qui veulent casser la sociale, le peuple répond résistance".
Sur la place de la préfecture, d'où la manifestation est partie et où elle est revenue se disperser, les drapeaux colorés syndicats claquent une dernière fois au petit vent de la nuit qui tombe. D'autres rangent les oriflammes de leurs partis politiques respectifs. Ceux du PCF, de la LCR, et des Verts, mais aussi ceux du PS. Des calicots plus nombreux que jamais à Poitiers. Car, hier, les socialistes ont fait à l'occasion de cette mobilisation leur grand retour. Ne craignant plus d'être éconduits plus ou moins fermement par l'extrême-gauche. Et acceptant même de défiler juste à côté de la LCR et de son mot d'ordre "100% à gauche". Commentaire d'un responsable PS: "Le contexte a changé". Présidentielle oblige.
Jean-Jacques Allevi
(1): Les CNE est réservé aux entre prise de moins de 20 salariés? Pendant deux ans, il peut être rompu sans justification. Actuellement en discussion à l'Assemblée Nationale, le projet de loi sur "l'égalité des chances" propose l'extension des CNE. Sous l'appelation CPE, ces contrats concernenraient les jeunes de moins de 26 ans embauchés dans des entreprises de plus de 20 salariés. Avec la même période d'essai de deux ans.
La Nouvelle République, Mercredi 8 Février 2006.
La suite des aventures:
-le 13 Février 2006: avis de blocus sur le campus.
-le 14 Février 2006: une Saint Valentin dans la rue, la gare de Poitiers prise d'assaut.
- le 15 Février 2006: la fac de droit tombe sous le charme du blocus.
- le
- le
- le