Cette année France Télévisions a renoncé à concourir aux appels d'offre des fédérations ou plutôt des ligues européennes. Le groupe public n'a plus les moyens. Il était le dernier diffuseur en clair à considérer le sport comme une de ses missions de service public, toutes les autres chaînes s'étant déjà retirées !
Nos compatriotes sont donc soumis à un péage pour voir des événements sportifs à la télévision. Des chaînes payantes internationales ont mis la main sur toutes les disciplines. Rentabilité oblige, elles ne retransmettent que les sports les plus populaires, et donc pourvoyeurs de publicité, les autres sont voués a disparaître.
Au début, de nombreuses fédérations sportives se sont félicitées de ces contrats juteux. Mais, les ligues européennes se sont multipliées et elles ont créé des compétitions fermées laissant le sport amateur sans moyens. Et, les fédérations ont vite vu leur indépendance et leur visibilité dépendre de médias privés. J'arrête la fable avant la morale.
Rassurez-vous, vous verrez le Tour de France, Roland Garros, le Tournoi des VI Nations ou les équipes de France de foot, de hand... sur votre chaîne publique cette année encore et, je l'espère, les années suivantes, avec peut-être, je l'espère plus de sport féminin. Mais pour cela, il va falloir se mobiliser rapidement ! Car tout est en route pour que mon triste scénario voie le jour.
IL EST ENCORE TEMPS DE RÉAGIR
D'un côté du ring, France Télévision voit ses moyens diminuer, suppression de la publicité après 20 heures, baisse de la dotation publique. De l'autre côté, des chaînes payantes dont certaines comme beIN, n'ont pour l'instant aucune limite financière pour l'achat des droits sur les événements sportifs. Et, pour juge arbitre, le mouvement sportif qui peut, dans une vision à court terme, ou, dans la contrainte du recul des dotations publiques, se montrer plutôt partial.
On peut laisser faire. Mais, cela a quelques inconvénients : priver d'événements sportifs une partie de la population – la plus modeste –, laisser des sociétés privées décider des sports à qui elles donneront ou pas une visibilité et ainsi restreindre l'offre sportive.
On peut aussi agir. Les ministères des sports et de la culture peuvent par la loi modifier les conditions de retransmission des événements sportifs et ainsi préserver la diversité des pratiques. L'Etat peut donner à la télévision publique les moyens conforme à ses missions.
L'Union européenne a aussi des responsabilités, après avoir reconnu les spécificités du sport et avoir acté qu'il ne pouvait relever du tout marchand, elle a laissé faire.
Il est encore temps de réagir, tout va dépendre de la mobilisation des deux acteurs du sport, l'Etat et le mouvement sportif.